Des chercheurs du Centre allemand des maladies neurodégénératives viennent d’effectuer une découverte importante en ce qui a trait à la détection précoce de l’alzheimer.
RCI avec CNN, Santé Montréal, La Fondation Alzheimer, Revue Nature Medecine
Un pas important dans la prévention?
Les chercheurs, qui ont publié leurs résultats dans la revue Nature Medecine, et qui ont été interrogés par CNN, apportent une touche supplémentaire aux efforts pour prévenir l’alzheimer.
Il s’agit d’une maladie neurodégénérative, dont le diagnostic est fiable, mais qui se fait encore tardivement. Il y a un espoir cependant. Selon les chercheurs, un cas sur trois pourrait être mieux pris en charge grâce à une prévention précoce.
564 000 personnes affectées par la maladie au Canada;
46 millions de personnes affectées par la maladie dans le monde, soit davantage que l’ensemble de la population au Canada;
le nombre total de cas dans le monde est appelé à doubler entre 2030 et 2050;
la plus grande augmentation des cas se fera dans les pays faiblement ou moyennement industrialisés. Cela est dû en partie à une augmentation de l’espérance de vie, ainsi qu’à un manque d’accessibilité au diagnostic et de politique de prévention.
La découverte des chercheurs allemands montre qu’il est désormais possible de détecter, avec un test sanguin, les signes de la maladie 16 ans avant l’apparition des premiers symptômes. Cela signifie clairement que les personnes détectées peuvent être soumises rapidement aux traitements préventifs.
En mesurant les changements dans les niveaux d’une protéine dans le sang, appelée neurofilament à chaîne légère (NFL), les chercheurs pensent que toute augmentation de ces niveaux pourrait constituer un signe précoce de la maladie.
Le NFL est un « marqueur dans le sang qui donne une indication de la perte de cellules nerveuses dans le cerveau », a expliqué à CNN le chercheur principal Mathias Jucker, professeur de biologie cellulaire des maladies neurologiques au Centre allemand des maladies neurodégénératives.
« Plus vous avez de neurofilaments dans le sang, plus vous avez de lésions au cerveau », a-t-il déclaré.
M. Jucker espère que le test permettra aux chercheurs de contrôler l’efficacité des nouveaux traitements avant que les symptômes commencent à se manifester, en mesurant la manière dont les niveaux de protéine sont affectés.
Plusieurs mystères restent à percer quant aux causes exactes de cette maladie qui tient son nom du psychiatre et neurologue allemand Aloïs Alzheimer (1864-1915) qui, en 1906, « a associé les symptômes (déclin progressif des fonctions cognitives) à des lésions cérébrales spécifiques, les plaques amyloïdes et les dégénérescences neurofibrillaires, grâce à l’étude d’une patiente du nom d’Augusta Deter ».
Au stade actuel, les tests sanguins ne permettent pas de se prononcer avec exactitude sur les possibilités pour une personne de développer la maladie qui peut se manifester une à deux décennies après l’apparition des premiers symptômes.
Parmi les nombreux changements dans le cerveau qui précèdent les symptômes de la maladie, l’un concerne également l’accumulation de NFL dans le sang avant le début des symptômes, a déclaré M. Jucker, qui est par ailleurs directeur du conseil d’administration de l’Institut Hertie de recherche clinique sur le cerveau de l’Université de Tübingen.
Le neurofilament à chaîne légère est un biomarqueur liquide dans le sang qui donne une indication de la perte de cellules nerveuses dans le cerveau. Crédit : Istock
L’équipe de Jucker a effectué un test sanguin sur 405 personnes du monde entier inscrites au réseau Alzheimer dominant.
L’équipe a mesuré les niveaux de la protéine chez les participants au moyen d’échantillons de sang, d’imageries cérébrales et de tests cognitifs en moyenne tous les deux ans et demi au cours des sept dernières années.
Un groupe de 243 patients porteurs des mutations du gène les prédisposant à la maladie d’Alzheimer ont présenté des taux croissants de NFL par rapport au groupe témoin, composé de 162 membres de la famille sans mutation.
Jusqu’à présent, 13 participants ont développé la maladie d’Alzheimer.
Les chercheurs ont tiré parti des caractéristiques uniques du réseau Alzheimer dominé par l’hérédité et de la technologie immunoas-say pour démontrer que les taux de NFL dans le liquide céphalorachidien (n = 187) et le sérum (n = 405) sont corrélés les uns aux autres et sont élevés au stade présymptomatique de la maladie d’Alzheimer dans une famille.
Grâce aux tests cognitifs et à l’imagerie cérébrale, il a été montré que les niveaux de NFL étaient corrélés au déclin cognitif et au rétrécissement du cerveau.
A simple blood test could predict if a patient will develop Alzheimer's disease up to 16 years before symptoms begin, a new study finds https://t.co/52UlxFh3FB pic.twitter.com/9UcdIZeEKH
— CNN International (@cnni) January 23, 2019
Les chercheurs ont également découvert un lien entre l’évolution des taux de NFL chez 39 participants, la perte de cerveau et le déclin cognitif après deux ans. Les résultats démontrent que les changements dans les niveaux de NFL prédisent avec précision le développement des dommages au cerveau.
Le test détecte les NFL dans le liquide céphalorachidien pour mesurer différentes affections neurologiques. Des niveaux plus élevés de neurofilaments indiquent une lésion cérébrale, mais cela peut également être dû à une lésion cérébrale résultant d’un accident ou de tout autre traumatisme.
Ce n’est pas le premier test sanguin mis au point dans l’espoir de diagnostiquer la maladie à un stade précoce. D’autres recherches antérieures ont défini des options pour détecter la maladie d’Alzheimer à ses débuts.
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