L'ex-ambassadeur du Canada en Chine, John McCallum, écoute une question après sa participation à la réunion du Cabinet fédéral à Sherbrooke, le mercredi 16 janvier 2019. (LA PRESSE CANADIENNE/Paul Chiasson)

L’ambassadeur canadien en Chine efface ses propos minant le bien-fondé de l’arrestation de Meng Wanzhou par le Canada

« Je regrette que mes commentaires concernant les procédures judiciaires de Mme Meng aient créé de la confusion. Je me suis mal exprimé. Ces commentaires ne représentent pas fidèlement ma position sur cette question », a déclaré l’ambassadeur du Canada en Chine John McCallum jeudi.

Cet ancien politicien d’expérience regrette donc d’avoir laissé entendre, plus tôt cette semaine, que Meng Wanzhou, la directrice financière de Huawei détenue au Canada à la suite d’une demande d’extradition des États-Unis, avait de bons arguments pour dire que son arrestation était motivée par des considérations politiques.

« Comme le gouvernement l’a toujours dit clairement, il n’y a eu aucune implication politique dans ce processus », a-t-il ajouté jeudi.

Aide-mémoire...
La directrice financière du géant des télécommunications, 46 ans, a été arrêtée en Colombie-Britannique le 1er décembre à la demande de responsables américains, qui l’accusent de violer les sanctions contre l’Iran par l’intermédiaire d’une filiale de Huawei.

Les autorités américaines ont jusqu’à la fin du mois de janvier pour déposer leur demande d’extradition de Meng Wanzhou. Photo : La Presse canadienne / Darryl Dyck

À la défense de Meng Wanzhou

Mardi, M. McCallum avait déclaré devant des représentants de la presse chinoise au Canada : « Je pense qu’elle a de très bons arguments de son côté. »

Il avait alors souligné trois aspects où la demande d’extradition des États-Unis pourrait être contestée par Mme Wanzhou.

Le premier aspect reposait selon lui sur les commentaires de Donald Trump le mois dernier. Celui-ci avait suggéré qu’il pourrait facilement intervenir dans cette affaire si cela pouvait aider les États-Unis sur le front de la sécurité nationale ou dans leurs efforts pour négocier un accord commercial avec la Chine.

Deuxièmement, l’ambassadeur a soutenu qu’il y avait « un aspect extraterritorial à ce cas », sans expliquer en quoi le cas de Meng diffère de toutes les autres demandes d’extradition qu’un gouvernement étranger présente au Canada.

Enfin, M. McCallum a fait remarquer que le Canada n’a pas adhéré aux sanctions américaines que Mme Meng est accusée d’avoir essayé de contourner. « Je pense donc qu’elle a des arguments solides qu’elle peut présenter devant un juge », avait dit l’ambassadeur.

Quoi penser de cette sortie de John McCallum?

David Mulroney Photo : Reuters

David Mulroney, ancien ambassadeur du Canada en Chine, ne pense pas que M. McCallum a essayé d’envoyer un message au gouvernement chinois, mais qu’il était simplement maladroit et qu’il a commis le péché de permettre aux gens de penser que le système judiciaire canadien est susceptible de subir une ingérence politique.

« Je pense que nous commençons à considérer ce mandat d’ambassadeur de John McCallum comme une expérience qui n’a pas fonctionné aussi bien que l’espéraient ses auteurs. »

Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hua Chunying, a déclaré mardi que les deux pays avaient abusé de l’accord d’extradition dans le cas de Meng.

S’adressant aux journalistes, le premier ministre canadien Justin Trudeau a déclaré jeudi que la dirigeante de  Huawei aura une chance équitable devant les tribunaux de la Colombie-Britannique de se battre « avec enthousiasme » contre une demande d’extradition américaine.

Mais il a réitéré l’engagement du Canada à l’égard de la primauté du droit et des poursuites judiciaires, sans ingérence politique. Il a aussi rejeté l’hypothèse dans l’immédiat de démettre l’ambassadeur de ses fonctions en raison de l’état de crise dans les relations entre le Canada et la Chine.

Lisez la suite : Dans son bras de fer avec le Canada, la Chine surjoue-t-elle sa main?

RCI avec CBC News et Radio-Canada

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