S’inquiétant des « dangers du populisme », le premier ministre canadien Justin Trudeau prévient les électeurs de faire attention aux propos alarmistes concernant l’immigration, qui pourrait gagner l’espace public avant les élections fédérales l’automne prochain.
Il a clairement laissé entendre que le sujet soulèvera les passions au cours de la campagne électorale fédérale. Il a lancé cet avertissement jeudi lors d’une assemblée publique dans le nord de la province du Nouveau-Brunswick, où une jeune ex-réfugiée syrienne venait de le remercier d’avoir permis à sa famille de venir s’établir au Canada.
Devant la foule d’environ 250 personnes, Justin Trudeau a rappelé que c’était son gouvernement libéral qui avait accordé l’asile à 40 000 réfugiés syriens en 2015-2016. Mais il a insisté sur le fait que ce sont des Canadiens − membres d’églises et de groupes communautaires, des familles et des quartiers − qui ont fait de cette intégration des réfugiés syriens un succès.

Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, accueille des réfugiés syriens à l’aéroport de Toronto le 10 décembre 2015. ( REUTERS/Mark Blinch)
L’immigration : un thème électoral à double tranchant
Lors d’une entrevue de fin d’année, il y a un mois, Justin Trudeau suggérait qu’il allait miser et utiliser ce thème de l’immigration dans sa propre campagne électorale en 2019, car il croit qu’il existe un large consensus au Canada selon lequel l’immigration est positive pour le pays, contrairement aux opinions d’autres nations dans le monde.
M. Trudeau avait alors accusé le Parti conservateur de « délibérément et sciemment propager des faussetés », notamment dans le dossier du Pacte mondial pour les migrations, « pour des gains politiques à court terme et attiser une anxiété sur l’immigration ».
Andrew Scheer précisait que ce Pacte permettrait aux intérêts étrangers d’agir sur le coeur même du système d’immigration du Canada en plus d’influer sur la couverture médiatique à propos des questions d’immigration.
Les libéraux avaient rétorqué que le chef conservateur se plaisait à nourrir les électeurs des théories du complot en ligne par le controversé site Rebel Media, lié à la droite alternative américaine, l’« alt-right ».

Le chef du Parti conservateur du Canada, Andrew Scheer
PHOTO ADRIAN WYLD, LA PRESSE CANADIENNE
Il est facile d’avoir peur
Jeudi, alors qu’il poursuit sa tournée canadienne préélectorale qui vise à dynamiser les candidatures pour le Parti libéral, M. Trudeau a laissé entendre que le monde était devenu de plus en plus craintif et anxieux au sujet de l’immigration.
« Lorsque nous ressentons de l’anxiété, il est facile de voir ces peurs augmenter et s’exacerber, menant les gens à montrer du doigt et à blâmer. »
Selon le premier ministre, il y a des gens qui tentent de provoquer de la peur, de l’intolérance et de la désinformation sur l’immigration au Canada. Il n’a toutefois pas nommé cette fois-ci d’individu ou de groupe en particulier.
Il a indiqué qu’il avait hâte de parler de l’immigration aux Canadiens pendant la prochaine campagne.
RCI avec La Presse canadienne et la contribution de Radio-Canada
En complément
Le Pacte mondial des Nations unies sur les migrations effacera nos frontières – RCI
Pacte mondial sur les migrations, le Canada l’approuve – RCI
Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.