Isabelle Charest, ministre de la Condition féminine du Québec. Crédit: Radio-Canada

« Le hijab est un symbole d’oppression » : une goutte de trop dans le vase débordant de la Coalition avenir Québec?

La déclaration de la ministre québécoise de la Condition féminine, Isabelle Charest, crée un tollé au sein de la classe politique.

Une prise de position personnelle que soutient Legault

À peine 24 h après son entrée en fonction, la nouvelle ministre se trouve sous le feu de la critique de l’opposition à cause d’une déclaration personnelle au sujet du port du hijab par les femmes musulmanes.

Après avoir affirmé la veille que le hijab ne « faisait pas partie de ses valeurs personnelles », Mme Charest a ajouté mardi que « le hijab est un signe d’oppression si les femmes sont obligées de le porter ».

En plus, la ministre a soutenu que « tous les signes dictés par la religion sont des symboles d’oppression ».

« Pour les femmes qui doivent le porter, qui se font dicter par la religion si elles doivent porter le voile, pour moi, c’est un signe d’oppression […] Maintenant, je sais qu’il y a des femmes qui choisissent de le porter. C’est leur choix et je le respecte pleinement », a affirmé Isabelle Charest.

Cette déclaration est venue ajouter au malaise ambiant au sein de la Coalition avenir Québec (CAQ). Un malaise créé d’une part par la décision du ministre de l’Agriculture de congédier un lanceur d’alerte qui a dénoncé l’interférence des firmes privées de pesticides dans les recherches financées par le secteur public, en transmettant notamment des documents confidentiels aux journalistes. D’autre part, par la demande récente du ministère de l’Éducation aux commissions scolaires de « fournir » ou de « vérifier l’existence » de données chiffrées sur leur personnel portant des signes religieux.

Pris entre plusieurs feux, le premier ministre François Legault se trouve dans l’obligation de s’expliquer chaque fois, comme il l’a fait aujourd’hui en soutien à sa nouvelle ministre de la Condition féminine.

« Je ne commencerai pas à empêcher qu’un ministre puisse donner son opinion personnelle sur un sujet », a déclaré François Legault.

Une femme portant un hijab dans un laboratoire, à Kuala Lumpur, en Malaisie. Crédit : Istock

De quoi alimenter les attaques et les critiques de l’opposition

La déclaration de la ministre Charest, appuyée par celle de son chef, a entraîné de nombreuses réactions au sein de l’opposition.

À l’unanimité, les représentants des partis ont relevé qu’une ministre devrait éviter de donner son opinion personnelle lorsqu’elle parle au nom d’un gouvernement qui représente la population québécoise.

Gabriel Nadeau-Dubois, de Québec solidaire, a dénoncé une « déclaration maladroite sur un sujet qui divise la population », de la part d’une personnalité qui devrait plutôt chercher à rassembler.

Le libéral Gaétan Barrette a perçu dans cette déclaration « une atteinte à la laïcité de l’État », étant donné qu’elle se fonde sur les valeurs religieuses catholiques de la ministre.

Dans le même sens, la présidente de la fondation Parole de femmes, Amel Zaazaa, a soutenu qu’il est « irresponsable » que la ministre de la Condition féminine mette de l’avant les valeurs de sa propre religion pour dénoncer le port du hijab par les femmes musulmanes.

La mairesse de Montréal Valérie Plante a soutenu pour sa part que « l’émancipation de la femme passe par sa capacité à avoir un travail et un salaire équitable, avant l’enjeu vestimentaire ».

Cette polarisation des opinions en dit long sur la tournure qu’est susceptible de prendre le débat actuel sur la question de l’interdiction du port de signes religieux par les employés de l’État en position d’autorité, dont les enseignants, et qui est soutenue par le gouvernement caquiste qui va déposer bientôt un projet de loi à ce sujet.

RCI avec Radio-Canada

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Catégories : Politique, Société
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