Le triclosan a d’abord été employé dans le domaine hospitalier pour stériliser les mains des chirurgiens avant une opération.

Le triclosan dans nos produits de beauté : un antibactérien ou un anti-antibiotique?

Une nouvelle étude américaine vient de confirmer qu’un produit antibactérien d’usage courant, et que l’on trouve de plus en plus dans une vaste gamme de produits ménagers au Canada, semble plutôt renforcer la résistance des bactéries aux antibiotiques.

Le dentifrice, la crème à raser, 75 % des savons liquides et 29 % des savons en barre contiennent du triclosan.

Le triclosan s’est répandu depuis les années 1970 comme une traînée de poudre. Il se retrouve au Canada dans des produits comme les lotions, les parfums, les désodorisants, les produits de santé naturels, les dentifrices, les rince-bouche, les désinfectants et nettoyants pour les mains, les savons pour la peau, les shampoings et les produits de maquillage pour les yeux et le visage.

On en retrouve même maintenant sur certains vêtements, jouets et cartes de crédit.

Or, cet agent de conservation, qui prévient les odeurs en empêchant la croissance des bactéries, des champignons et des moisissures, rendrait notre combat encore plus difficile contre les bactéries qui résistent aux antibiotiques.

Une expérience sur des souris

Des études ont donné des résultats contradictoires sur la question de savoir si le triclosan est mauvais pour notre santé. Toutefois, une étude exhaustive, l’an dernier, de l’Université de Massachusetts Amherst révélait que le triclosan est un produit qui devrait probablement être évité.

C’est au tour cette semaine de chercheurs de l’Université Washington, à Saint Louis, aux États-Unis, de constater lors d’expériences chez des souris infectées qu’une exposition au triclosan a permis à différentes souches de bactéries de résister à des doses d’antibiotiques qui autrement leur aurait été mortelles.

La bactérie Escherichia coli, responsable d’infections urinaires, devient plus résistante au contact du triclosan. Photo : Fotolia

Les chercheurs ont traité aux antibiotiques deux groupes de souris souffrant d’une infection urinaire. L’un des deux groupes a aussi reçu de l’eau à laquelle on avait ajouté du triclosan. L’urine de ce groupe contenait cent fois plus de bactéries que l’urine de l’autre, ce qui témoigne d’une efficacité réduite des antibiotiques.

Selon les conclusions de cette étude qui sont publiées par le journal scientifique Antimicrobial Agents & Chemotherapy, il semble que le triclosan a provoqué chez les bactéries dans l’urine des souris un état d’alarme initiale qui leur confère ensuite une résistance à plusieurs molécules chimiques, et notamment aux antibiotiques.

Faut-il interdire le triclosan de tous nos produits?

Un produit réglementé au Canada, mais jugé non toxique

Dans un rapport préliminaire publié en 2012, le gouvernement canadien affirmait que le triclosan ne pose pas de danger pour la santé humaine dans les concentrations actuelles. « Aux niveaux d’exposition actuels, le triclosan n’est pas nocif pour la santé humaine », a réitéré Santé Canada l’automne dernier.

Le triclosan fait cependant partie de ces ingrédients, dont l’utilisation peut-être restreinte ou interdite dans les cosmétiques.

Environnement Canada juge le triclosan très toxique pour divers organismes aquatiques, comme les algues et les poissons, ainsi que pour certains organismes du sol.

Selon l’Association canadienne du droit de l’environnement, lorsque le triclosan aboutit dans les eaux usées et par la suite dans l’environnement, il finit par générer des dioxines et contribuerait à la création d’autres substances dangereuses pour les poissons.

LISEZ AUSSI : Percée canadienne dans la lutte contre les bactéries résistantes aux antibiotiques

Une découverte majeure de scientifiques de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) offre de réels espoirs dans la lutte contre les bactéries responsables des infections pulmonaires chroniques chez les personnes atteintes par la fibrose kystique. Photo: Radio-Canada

RCI avec La Presse canadienne et la contribution de Geneviève Murchison, Martine Bordeleau, David Savoie et Yanick Villedieu de Radio-Canada

En complément

Dépotoir nucléaire à Chalk River et le triclosan : les batailles de l’organisme Garde-rivière des Outaouais – Radio-Canada 

Microbes that live at the gym are pumped up on antibiotic resistance – CBC 

This common household additive could lead to bowel irritation – CBC 

Catégories : Économie, Santé
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