Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un (AFP)REUTERS/Jonathan Ernst

Pourparlers secrets du Canada avec la Corée du Nord de Kim Jong-un pour qu’il abandonne sa quête d’armes nucléaires

CBC News affirme que le gouvernement de Justin Trudeau a utilisé une visite diplomatique à Pyongyang en décembre 2016 pour presser la Corée du Nord de mettre fin à sa course à l’armement nucléaire.

L’initiative canadienne a eu lieu alors que le Canada était engagé dans des pourparlers également secrets pour libérer le pasteur torontois Hyeon Soo Lim pris dans les mailles de la justice nord-coréenne et qui a fini par être libéré huit mois plus tard, à l’été 2017.

Les pressions canadiennes ont également eu lieu à un moment où l’administration Obama affirmait officiellement qu’il n’y avait plus aucune chance d’établir un véritable dialogue avec l’État nucléaire voyou. À l’époque, il n’y avait pas eu de dialogue officiel entre le gouvernement américain du président Obama et la Corée du Nord depuis que Kim Jong-un avait pris le pouvoir après la mort de son père, cinq ans auparavant.

Rappelons qu’en décembre 2016, l’Agence centrale de presse coréenne, gérée par l’État, avait publié un article dans lequel elle notait qu’une délégation d’Ottawa se trouvait dans la capitale nord-coréenne, mais ni Pyongyang ni Ottawa n’avaient dévoilé en détail les motifs de cette initiative.

Aide-mémoire : un bon pasteur au mauvais endroit
Le Canadien que la délégation tentait de faire libérer, Hyeon Soo Lim, était un pasteur sexagénaire de la Light Korean Presbyterian Church de Mississauga, en Ontario. Il avait été condamné en décembre 2015 à une peine de prison à vie pour ce que Pyongyang avait qualifié de crime contre l’État.
Il avait entre autres été accusé d’avoir porté atteinte à la dignité du chef suprême de la Corée du Nord, d’avoir tenté de se servir de la religion pour détruire le système politique du pays et d’avoir propagé de la propagande négative sur Pyongyang à des Coréens vivant à l’étranger.
Certains des projets alimentaires dans lesquels était engagé le pasteur disparu étaient liés à des associés de Jang Song-thaek, l’oncle du dirigeant nord-coréen exécuté en décembre 2013 pour trahison et corruption.


Hyeon Soo Lim, un pasteur sexagénaire de la région de Toronto, avait été condamné à la prison à perpétuité en raison de ce que Pyongyang avait qualifié d’activités subversives. AP/JON CHOL JIN

Une occasion pour le Canada

Les documents obtenus par CBC News dans le cadre d’une demande d’accès à l’information révèlent que les pourparlers menés pendant cette mission diplomatique pour faire libérer le pasteur Hyeon Soo Lim ont largement dépassé le cadre de l’affaire consulaire à l’ordre du jour et donnent un aperçu de la délicate danse diplomatique du Canada avec le régime du dictateur nord-coréen.

Le simple fait d’être autorisé à entrer à Pyongyang a ouvert pour le Canada une fenêtre qui n’était pas ouverte aux États-Unis à l’époque, ce qui a permis aux diplomates canadiens d’exprimer en personne de « vives préoccupations » concernant la menace que représentent les essais nucléaires et balistiques de la Corée du Nord.

La délégation de quatre personnes était dirigée par Sarah Taylor, directrice générale pour l’Asie du Nord et l’Océanie à Affaires mondiales Canada. Pendant trois jours, les Canadiens ont rencontré discrètement Han Song-ryol, alors vice-ministre des Affaires étrangères du pays, et Choe Son-hui, directeur général du ministère des Affaires étrangères qui négocie avec l’administration de Donald Trump sur le programme nucléaire nord-coréen.

Donald Trump est au Vietnam cette semaine pour sa deuxième rencontre au sommet avec son « ami » Kim. Trump a affirmé que son lien très spécial  avec le dictateur mènera à une percée dans les négociations. Photo : AFP

Le Canada était très inquiet

En 2017, CBC News avait rapporté que les préoccupations suscitées par la menace nucléaire nord-coréenne avaient incité les fonctionnaires fédéraux à réviser une série de plans d’urgence essentiels, dont un qui prévoyait l’évacuation du cabinet fédéral canadien vers un bunker dans une zone militaire protégée.

Les nouveaux documents obtenus par CBC News révèle qu’Ottawa était, dès 2016, suffisamment alarmé par le « rythme accéléré » des essais nucléaires et des essais de missiles de la Corée du Nord pour activer son centre d’intervention d’urgence, qui avait alerté la GRC, le Service canadien du renseignement de sécurité, le Centre de la sécurité des télécommunications, les Forces armées canadiennes, le Bureau du Conseil privé, Sécurité publique Canada et Affaires mondiales Canada de suivre de plus près l’évolution des essais de missiles effectués par la Corée du Nord.

Les documents montrent aussi que Sarah Taylor a profité de ces rencontres pour exhorter la Corée du Nord à reprendre les pourparlers dits « à six » entre la Chine, le Japon, la Corée du Nord, la Russie, la Corée du Sud et les États-Unis en vue de démanteler le programme nucléaire de Pyongyang.

DANS NOS ARCHIVES : Le Canada veut dénucléariser la menace posée par la Corée du Nord

Cette photo non datée a été publiée par l’agence officielle nord-coréenne KCNA le 24 avril 2017. Elle montrerait « un tir de missile balistique sous-marin » effectué à partir d’un endroit non précisé. Photo : EPA

RCI avec CBC News

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