Ce fleuve majestueux et à l’estuaire magistral, qui traverse de bord en bord le Québec, est le héros de bien des récits historiques d’autrefois et des romans-fleuves d’aujourd’hui.
S’il accapare une bonne partie de notre géographie, probablement peu de Québécois en vérité sauraient vous dire avec exactitude s’il est en santé ou en grave danger.
Plusieurs vous diront qu’il s’y cache un peu de polluant chimique certes, en passant des produits du plastique aux gouttelettes de pétrole déversées accidentellement, et qu’il s’y trouve certainement un peu moins de poisson, du tout petit, aux bélugas géants.
Ce qui se passe au fond des eaux de ce grand fleuve
Dans les faits, l’oxygène disparaît du fleuve à un rythme alarmant. Dans les zones les plus profondes du golfe du Saint-Laurent, le taux d’oxygène a chuté de 55 % depuis les années 1930.
La biomasse de phytoplanctons et de zooplanctons a aussi diminué de 30 % dans le golfe depuis 20 ans, selon Pêches et Océans Canada. La baisse du plancton a été particulièrement marquée entre 2015 et 2017.
Un réchauffement des eaux, qui s’est amorcé véritablement en 2010, serait responsable. Mais cela reste à prouver.
Est-ce vraiment la température de l’eau ou est-ce à cause d’une saison de glaces plus courte? Il faudrait enquêter.
En 2014, des chercheurs de l’Université McGill ont par ailleurs prouvé la présence dans le fleuve Saint-Laurent de microbilles de plastique, qui proviennent entre autres de produits cosmétiques.
Les effets directs sur la pêche ou sur des espèces menacées ne sont pas encore documentés, mais Pêche et Océans entend étudier la question avec son programme de recherches écosystémiques.
Voyez à quoi ressemblent aujourd’hui les fonds marins du grand fleuve Saint-Laurent
Tous les déchets, les nôtres et ceux des autres
Bien que la situation ne se compare pas aux fleuves très pollués d’Asie, le Saint-Laurent transporte tout de même une quantité impressionnante de déchets.
Tout comme les grands courants océaniques qui créent des gyres et forment ce qu’on appelle les « continents de plastique », dans le golfe du Saint-Laurent, les Îles-de-la-Madeleine sont au coeur d’une catastrophe écologique. Il y a des quantités assez phénoménales de plastique sur leurs plages.
Tout ce qui circule par le Saint-Laurent, qui part des Grands Lacs, qui passent par Montréal et par Québec, finit par aller tourner en rond autour des îles.
Un joyau qui brille malgré la pollution
Si le fleuve Saint-Laurent est abondamment pollué et que ses fonds marins pullulent d’ordures et de plastique, il s’y trouve pourtant également de véritables trésors.
Dans ses profondeurs, on trouve des étoiles de mer jaunes, de magnifiques anémones rouges et des crevettes qui brillent comme des bijoux.
Le documentariste Patrick R. Bourgeois et la comédienne Geneviève Bilodeau en ont fait un documentaire saisissant, intitulé Québec profond.
RCI avec La Presse canadienne et la contribution de Guillaume Hubertmont, Jean-Louis Bordeleau, Catherine François, Isabelle Levesque, Le Bigot et Catherine Perrin de Radio-Canada
En complément
Plonger dans le fleuve Saint-Laurent – Radio-Canada
Une carte manuscrite du fleuve Saint-Laurent refait surface – Radio-Canada
Une étude pour déterminer si le déclin des bélugas est lié à la pollution chimique – Radio-Canada
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