Métro : payer en montrant son visage

Plus besoin d’un billet ou d’une carte mensuelle pour payer son passage de métro. Le visage du voyageur les remplace.

Métro Shenzhen, un opérateur de métro dans la province de Shenzhen, dans le sud de la Chine, a commencé à tester un système de paiement basé sur la reconnaissance faciale du passage : le visage du passager servira en fait de carte mensuelle ou de billet de métro. Le journal chinois The South China Morning, qui a rapporté la nouvelle, a mentionné que cette application de reconnaissance faciale sera possible grâce à la technologie 5G.

Les voyageurs passent devant un écran au point de passage habituel de vérification des titres de transport. Le système qui scanne leur visage et l’associe à un compte d’utilisateur – créé au préalable – est doté d’un moyen de paiement électronique (débit ou crédit). Le voyageur ne peut pas franchir la barrière d’entrée si le système ne reconnaît pas son visage et s’il ne dispose pas d’assez de fonds pour acquitter ses frais de transport.

Qu’est-ce qui se passe si des jumeaux ou des personnes qui se ressemblent voyagent ensemble ou à la même période de validité du billet de métro? Ni le géant des télécommunications chinois Huawei, qui a mis au point ce système, ni Métro Shenzhen n’ont donné de réponse à cette question.

Plus de souci, donc, d’oublier sa carte de métro ou de craindre la perte d’un abonnement mensuel ou annuel de plus en cher. Cette méthode de paiement peut s’avérer un moyen efficace de lutter contre la fraude liée aux titres de transport. La vérificatrice générale de la Ville de Toronto, par exemple, estime que la Commission de transport de Toronto (CTT) a perdu en 2018 au moins 61 millions à cause de ces fraudes.

Est-ce que les voyageurs dans les pays démocratiques accepteront cette forme de « flicage » où leurs déplacements seront repérés? C’est une forme de violation de la vie privée des voyageurs qui a indigné les défenseurs des droits des citoyens lorsque la reconnaissance faciale a été instaurée à la douane de plusieurs aéroports, dans le cadre d’une foule de mesures de sécurité prises à la suite d’attentats terroristes.

En Chine, où la surveillance des citoyens est institutionnalisée, la reconnaissance faciale ne risque pas d’être rejetée par les voyageurs. Métro Shenzhen l’a présentée comme un moyen de paiement mobile. Ce mode de paiement est en essor depuis quelques années. L’application de paiement mobile AliPay (filiale du géant du commerce électronique Alibaba) est utilisée par plus de 120 millions de mobinautes, qui effectuent leurs transactions en exposant leur visage à un système de reconnaissance faciale. Ainsi, les clients de la chaîne de restauration rapide PFK en Chine payent leur poulet frit en scannant leur visage.

Zoubeir Jazi