Vanessa Rodel, âgée de 42 ans, qui avait aidé le dénonciateur Edward Snowden lors de sa cavale à Hong Kong après ses révélations sur l’agence de surveillance américaine NSA est arrivée lundi au Canada, où elle vient d’obtenir l’asile avec sa fille de 7 ans.
Mardi, mère et fille se déplacent à Montréal, où elles s’installeront en tant que réfugiées parrainées par un organisme à but non lucratif.
Les deux réfugiées sont arrivées lundi soir à l’aéroport Pearson de Toronto où elles se sont exprimées, tout sourire, devant les médias.
Vanessa Rodel vivait à Hong Kong depuis 2002 après avoir fui son foyer aux Philippines. Elle y a demandé l’asile en 2010, mais sa demande a été rejetée. Elle subissait depuis des pressions des autorités hongkongaises et risquait l’expulsion vers son pays d’origine.
Vanessa Rodel a dit à Radio-Canada que les autorités de Hong Kong l’avaient interrogée au sujet de Snowden, mais quand elle a refusé de coopérer, son aide sociale a été interrompue.
Mme Rodel avait caché Edward Snowden dans son appartement de Hong Kong en 2013 après ses révélations-chocs et alors qu’il était en fuite.
En sécurité au Canada
«Nous sommes maintenant résidentes permanentes au Canada. Maintenant, nous sommes en sécurité et libres. Je suis si reconnaissante», a déclaré Mme Rodel à sa sortie du bureau aéroportuaire des services d’immigration canadiens.
Edward Snowden dans un entretien accordé à Radio-Canada a affirmé pour sa part : «Je ne peux pas décrire les émotions que je ressens, de voir qu’elles auront un avenir, qu’elles pourront vivre en sécurité au Canada. Je suis si reconnaissant».
De préciser Edward Snowden qui réside maintenant en exil en Russie : «Ils m’ont ouvert leurs portes. Ils n’ont pas posé de questions, peu leur importait ce qui m’était arrivé. Ils ont ouvert leur maison. Je veux dire, c’était très petit. Ils vivaient dans des conditions très difficiles, dans une pauvreté incroyable, et ils partageaient tout ce qu’ils avaient. »
Entrevue avec Edward Snowden – Radio-Canada
Un pied de nez à la Chine ou un coup de pieds aux États-Unis?
Interrogée par les journalistes, la ministre canadienne des Affaires étrangères Chrystia Freeland a déclaré qu’elle n’était «pas intervenue» dans le processus pour accorder à Vanessa Rodel un statut de réfugier.
Elle a souligné que les décisions sur les demandes d’asile dans le cadre d’un parrainage privé «ne sont pas» motivées par des considérations politiques dans la foulée notamment des tensions politiques entre le Canada et la Chine dans l’Affaire Huawei.
«Ce n’est pas une question de relations géopolitiques», a précisé la ministre en réponse à une question sur l’éventuelle influence négative de cette décision spécifiquement sur les relations canado-américaines.
«Ce sont des décisions qui sont prises pour des gens» et qui sont «fondées sur les faits concernant les gens», a-t-elle conclu lors d’un point de presse à Washington, à l’issue d’une rencontre avec le représentant au Commerce Robert Lighthizer.
Le ministère canadien de l’Immigration affirme pour sa part que «dans des circonstances exceptionnelles», les dossiers de demande d’asile pouvaient «être accélérés» par rapport aux procédures habituelles.
Rappelons qu’un avocat montréalais basé à Hong Kong depuis 30 ans affirme être victime de représailles à cause de ses liens avec Edward Snowden. Visé par une série de plaintes anonymes au Barreau de Hong Kong et une descente de police à son ancien domicile, Robert Tibbo s’est réfugié en France.
RCI avec l’Agence France-Presse et la contribution de Radio-Canada et de CBC News
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