Cette recommandation de l’Association médicale canadienne (AMC) à Santé Canada intervient dans un contexte où les jeunes en Amérique du Nord ont une tendance de plus en plus importante à vapoter, y compris à l’école, avec des risques de dépendance à la nicotine.
Une situation préoccupante pour la santé des jeunes
Santé Canada a un rôle à jouer en face de la trop grande exposition des jeunes à la cigarette électronique, surtout celle dite de nouvelle génération.
Celle-ci est présentée de manière attrayante dans des emballages susceptibles de susciter l’intérêt des plus jeunes. Mise en marché à grand renfort de publicité, cette cigarette a vite fait de séduire différentes cibles, surtout parmi les adolescents qui s’en servent à cœur joie, selon différentes études au Canada et aux États-Unis.
Selon un rapport publié par l’Organisation mondiale de la santé et l’Institut national du cancer des États-Unis, les sites web voués à la vente au détail de cigarettes électroniques « présentent des thèmes qui peuvent être attrayants pour les jeunes, y compris des images ou des affirmations relatives à la modernité, à la situation ou à l’activité sociale améliorée, aux aspects romantiques et à l’utilisation des cigarettes électroniques par des célébrités ».
La situation serait préoccupante dans certains établissements scolaires à Montréal et à Vancouver, où la direction a été obligée de restreindre l’accès aux toilettes à certains moments, pour éviter que des jeunes les utilisent à des fins de vapotage, rapportent Vincent Maisonneuve et Charles Ménard dans un reportage de Radio-Canada.
L’utilisation excessive de cette cigarette n’est pas sans risques pour les jeunes qui courent vers la dépendance à la nicotine, avec des effets importants sur leur santé.
Les responsables fédéraux en alerte
La ministre canadienne de la Santé a récemment émis le souhait de limiter les saveurs pour éviter cette dépendance, car les fabricants font preuve d’ingéniosité, en allant puiser dans le répertoire de confiseries et autres desserts pour rendre les cigarettes toujours plus attrayantes pour les jeunes.
« Avec des agents aromatiques attrayants et des présentoirs bien visibles, l’utilisation des cigarettes électroniques chez les jeunes est à la hausse et suscite des craintes de plus en plus vives quant à leur effet sur la santé à long terme. De nombreux adolescents voient le vapotage comme une habitude inoffensive, mais des versions haute technologie de ces cigarettes électroniques contiennent des sels de nicotine qui recèlent de plus fortes concentrations du produit tout en diminuant l’amertume », a relevé l’AMC.
La ministre Ginette Petipas Taylor a lancé une consultation pour recueillir les avis sur la meilleure manière d’encadrer le vapotage initialement recommandé aux adultes pour les encourager à abandonner la cigarette.
Les recommandations de l’Association médicale canadienne pourraient être perçues comme une réponse à cet appel du ministère de la Santé.
C’est aussi et surtout une proposition de solution, à la suite de la consultation de Santé Canada sur l’impact de la publicité des produits de vapotage sur les jeunes et les non-utilisateurs des produits du tabac.
L’AMC recommande ainsi à Santé Canada :
- que les règles soient resserrées;
- que les restrictions imposées à la promotion des produits et dispositifs de vapotage soient les mêmes que celles qui s’appliquent aux produits du tabac;
- que la publicité de produits de vapotage dans tous les lieux publics et dans les médias audiovisuels soit bannie.
Des chercheurs aux États-Unis ont constaté que le paysage est « dominé par des messages de promotion du vapotage diffusés par l’industrie du vapotage et ses promoteurs, tandis que l’incertitude qui entoure la réglementation des cigarettes électroniques exprimée dans le domaine de la santé publique ne semble pas se refléter dans les dialogues en cours sur les médias sociaux », souligne l’AMC.
Les auteurs ont recommandé qu’une « surveillance et un contrôle en temps réel de la discussion relative à ces dispositifs, de leur promotion et de leur utilisation dans les médias sociaux s’imposent de concert avec les éléments de preuve publiés dans les journaux universitaires ».
Source : Réponse de l’AMC à la consultation de Santé Canada au sujet de l'impact de la publicité des produits de vapotage sur les jeunes et les non-utilisateurs de produits de tabac et Radio-Canada.
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