L'ex-ministre de la Justice et procureure générale du Québec, Kathleen Weil. (Jacques Boissinot/Canadian Press)

Financements du Parti libéral avec prête-nom : la députée de Notre-Dame-de-Grâce Kathleen Weil clame son innocence

Le nom de l’ex-ministre et députée de Notre-Dame-de-Grâce, Kathleen Weil, est mentionné parmi bien d’autres dans un document du commissaire aux élections du Canada. Celui-ci estime que les personnes en cause ont servi de prête-nom pour permettre à la compagnie SNC-Lavalin de verser des fonds aux partis politiques.

Financement illégal de partis politiques?

Dans le document obtenu par Radio-Canada figurent surtout des noms de cadres de SNC-Lavalin et de leurs conjointes.

Ils sont soupçonnés d’avoir orchestré des machinations pour remettre des contributions financières aux partis politiques, notamment le Parti libéral du Canada (110 000 $) et le Parti conservateur du Canada (8188 $).

Le géant québécois de l’ingénierie aurait fait appel au système de prête-nom pour permettre à ces personnes de financer ces partis. Ces dernières leur donnaient de l’argent puis étaient remboursées par la compagnie.

Le commissaire aux élections, qui est chargé de veiller à l’observation de la loi électorale, a mené une enquête de 2004 à 2009.

S’il s’avérait que les 18 anciens employés de SNC-Lavalin et leurs conjointes ont réellement participé à ce stratagème, il se pourrait qu’ils soient poursuivis pour leur geste, car la loi électorale au Canada interdit le remboursement de tous les dons aux partis politiques depuis près de 20 ans.

Le siège social de SNC-Lavalin à Montréal en février 2019 Crédit photo : La Presse canadienne/Paul Chiasson

L’ex-ministre se dit choquée 

Kathleen Weil a répondu aux questions des journalistes sur ce sujet qui cristallise déjà les attentions.

« Je suis une personne qui a toujours fait ses contributions de bonne foi et à titre personnel, sans compensation ni contrepartie, et sans remboursement ou promesse de remboursement de qui que ce soit », a-t-elle affirmé.

Elle a dit trouver totalement choquant que son nom soit mentionné dans le document du commissaire aux élections, avec un remboursement de 5000 $ sous forme de bonis.

« Jamais le commissaire ne m’a appelée pour valider les faits. J’ai une réputation d’être éthique », a ajouté l’ex-ministre de la Justice et procureure générale du Québec.

Son conjoint, ancien cadre à SNC-Lavalin, Michael Novak, a abondé dans le même sens, soutenant que leurs contributions ont été faites de bonne foi et que ni lui ni son épouse n’ont reçu de remboursements en bonis.

Le premier ministre Justin Trudeau (La Presse canadienne/Justin Tang)

À Ottawa, le premier ministre a reconnu l’existence de cette pratique qui est aujourd’hui révolue, avec les réformes introduites par son gouvernement.

« C’est un enjeu qui date de plus de 10 ans. C’est bien avant que nous arrivions pour faire des changements importants à la façon dont la collecte des fonds se fait pour les partis fédéraux. On reconnaît qu’il y a eu des arrangements dans le temps pour faire des contributions, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui », a dit Justin Trudeau.

À la suite de cette découverte, SNC-Lavalin avait conclu en 2016 une entente de transaction sans pénalité avec le commissaire, en stipulant qu’il mettait un terme à la pratique et qu’il prendrait des dispositions pour que cela ne se reproduise plus.

Contexte préélectoral au fédéral 

Cette nouvelle affaire intervient alors qu’une entente de réparation avec le ministre fédéral de la Justice est attendue avec SNC-Lavalin dans le cadre d’une autre affaire. Cette fois, c’est une affaire de corruption en Afrique qui a suscité une crise politique au sein du PLC et entraîné le départ de plusieurs de ses membres et le congédiement de deux ex-ministres.

À l’approche du déclenchement des élections générales, les analystes redoutent les implications possibles de cette autre affaire SNC-Lavalin, notamment pour les libéraux qui ont reçu la plus grosse contribution financière des cadres de la compagnie.

RCI avec CBC et Radio-Canada

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