Participer à des ateliers artistiques pourrait avoir une influence certaine sur la manière de percevoir une œuvre d’art chez les personnes vivant avec un trouble du spectre de l’autisme (TSA).
Tel est le constat d’une étude récente menée par le neurobiologiste Bruno Wicker au Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM).
La perception comparée d’une œuvre
Comment perçoit-on une œuvre d’art? Comment la peinture est-elle perçue par une personne vivant avec un autisme de haut niveau ou un syndrome d’Asperger? Quelles sont les différences de perception avec ce que l’on appelle les personnes neurotypiques, vous et moi par exemple?
Pour mener à bien son étude, le professeur Wicker a observé des participants à des visites d’observation et d’échanges autour d’œuvres de la collection du MBAM, conjuguées à des ateliers de création artistique.
Les premières révélations

Maxwell Bitton, sous la supervision de John Mingolla et Lucie Chicoine
Autoportraits, 2016, acrylique et photographie sur carton mousse
Les personnes vivant avec un trouble de l’autisme perçoivent fort différemment les œuvres observées.
Alors que nous, les personnes neurotypiques, portons notre intérêt premier sur des éléments sociaux – visage, sourire, etc. – eux ont des centres d’intérêts variables et très variés.
Le Dr Wicker a démontré que les personnes ayant un TSA ont une manière différente de percevoir les informations dans un contexte artistique.
Bruno Wicker
« Cette étude révèle que ces séances au Musée ont eu un impact sur la façon dont les participants perçoivent les peintures. Ces résultats nous encouragent à populariser la mise en place d’ateliers créatifs et nous motivent à effectuer une nouvelle étude sur l’exploration d’autres supports artistiques tels que la sculpture. »
Bruno Wicker, chercheur au Laboratoire de neurosciences cognitives du CNRS (France) et chercheur invité au Département de psychologie de l’Université de Montréal
Vingt-quatre personnes18 à 49 ans, réparties en deux groupes d’adultes neurotypiques et de personnes ayant un TSA, ont participé à 10 visites et ateliers artistiques au MBAM animés par un médiateur muséal.
Les sensations primaires provoquées par l’observation d’une œuvre d’art – avant et après ces ateliers – ont été mesurées par le chercheur grâce au système Eyetribe, qui enregistre les mouvements oculaires et la dilatation pupillaire des participants.
Les réponses émotionnelles (rythme cardiaque et résistance électrodermale) ont également été comparées.
Les résultats prometteurs de cette étude réalisée entre septembre 2017 et novembre 2018 feront l’objet d’une publication prochaine.
(Source MBAM)
Bruno Wicker est chercheur au Laboratoire de neurosciences cognitives du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) en France et professeur invité auprès du département de psychologie de l’Université de Montréal.
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