À elle seule l'immigration ne pourra pas annuler totalement l'impact du vieillissement de la population sur l'économie. Elle pourra toutefois en atténuer les effets démographiques et économiques, notamment en assurant un ratio plus élevé de travailleurs par retraité(PC/Sheila Boardman)

Immigration gagnante : le Québec doit revoir en profondeur ses procédures et politiques d’intégration

Au lendemain de la victoire de la Coalition avenir Québec (CAQ) en octobre dernier, le quotidien Le Parisien titrait : « Le Québec élit un gouvernement nationaliste et anti-immigration. »

En février dernier, Le Devoir s’interrogeait : « Comment en sommes-nous arrivés là? »

« Qui aurait pensé, il y a à peine quelques mois, que le Québec, qu’on citait partout dans le monde comme modèle d’accueil et d’ouverture à l’égard des immigrants, recevrait des félicitations de la part de Marine Le Pen? »

Marco Micone, Le Devoir, Montréal, 19 février 2019

Une tendance lourde s’installe en Occident depuis un peu plus de 20 ans, où le discours que l’on entend sur maintes tribunes et plateformes fait état d’une menace culturelle et économique accompagnée d’une dégradation du tissu social dont la cause serait l’immigration.

Simon Jolin-Barrette, ministre québécois de l’Immigration (Radio-Canada)

Réduction à Québec

La CAQ n’a jamais caché son désir de revoir à la baisse le nombre d’immigrants que le Québec accepterait si le parti prenait le pouvoir.

Ce qui est fait. Donc, le gouvernement actuel réduit le seuil d’un peu plus de 50 000 personnes à 40 000 dès cette année.

Et l’effet sera immédiat au Canada. Ainsi, le poids démographique du Québec passera de 22,6 % à 20,2 % si le rythme proposé par le gouvernement est maintenu jusqu’en 2040.

Nombre d’immigrants ou pratiques d’intégration, quelle est la priorité?

https://www.institutduquebec.ca/docs/default-source/default-document-library/201905-immigration_vf.pdf?sfvrsn=0

L’Institut du Québec dévoile les conclusions d’une étude comparative de quatre scénarios d’immigration avec le même horizon, celui de 2040.

L’étude intitulée « Seuils d’immigration au Québec : analyse des incidences démographiques et économiques » s’inscrit comme prémisses d’une consultation citoyenne que tiendra le gouvernement sur les seuils d’immigration.

On y lit qu’au lieu de se préoccuper du nombre d’immigrants qu’il accueillera, le Québec doit absolument améliorer leur intégration.

« En raison des difficultés d’intégration des immigrants en emploi au Québec, il n’existe pas de seuil optimal qui viendrait, telle une solution magique, régler tous nos enjeux démographiques et économiques à plus long terme. Le nombre annuel de nouveaux arrivants devrait surtout être établi en fonction de notre capacité à les intégrer sur le marché du travail. »

Mia Homsy, directrice générale de l’Institut du Québec et coauteure de l’étude

Un système lourd et truffé de défauts

Dans la conclusion de l’étude, les auteurs insistent sur le fait que le système québécois d’accueil et d’intégration des immigrants est inadéquat, qu’il est faible et souvent inefficace.

« Le gouvernement doit mettre les bouchées doubles pour pallier les faiblesses du système actuel comme les délais et la lourdeur du processus de sélection des immigrants, les difficultés de la reconnaissance des qualifications et de l’expérience étrangères et les succès nuancés de la francisation. »
Seuils d’immigration au Québec : analyse des incidences démographiques et économiques (Extrait)

Bien qu’il y ait eu des améliorations récentes – les taux de chômage des immigrants s’harmonisent de plus en plus à ceux des Québécois d’origine – on souligne que ce sont les besoins du marché de l’emploi qui dictent cette tendance et non une politique musclée et vraiment fonctionnelle.

D’ailleurs, le Québec est toujours à la traîne quand on le compare au reste du Canada en matière d’intégration à l’emploi des immigrants. Et c’est encore plus criant quand on observe les données chez ceux qui sont ici depuis cinq ans ou moins.

40 000 immigrants = 12 % de l’immigration totale au Canada

De ces 12 % par année, soit 40 000 en 2019 ou 54 000 en 2040, à 0 %, l’étude de l’Institut du Québec propose quatre scénarios.

Aucune immigration

Avec le faible taux de natalité au Québec et le vieillissement rapide de la population, le poids démographique de la province au sein du Canada passerait à 17,5 %.

Et, pire encore, il ne resterait que 1,8 personne apte au travail et en emploi par retraité de 65 ans et plus. Elles sont 3,1 aujourd’hui.

Imaginez la pression sur les caisses de retraite, les régimes de pension et le réseau de la santé.

Statu quo, proportion de 16 % des immigrants

Ce scénario sous-entend que le Québec continuerait à recevoir 16 % de l’immigration au Canada, soit 53 000 en 2019, suivi d’une croissance progressive vers 71 000 en 2040.

Maintien du poids démographique du Québec dans le Canada

Si les décideurs politiques choisissent cette option et si la population l’accepte – défi de taille – afin que le Québec représente toujours 23% de la population canadienne, il faudrait accueillir 63 000 nouveaux arrivants au Québec dès cette année – je vous rappelle la décision de la CAQ de réduire de 51 000 à 40 000 – et atteindre 103 000 en 2040.

« À elle seule l’immigration ne pourra pas annuler totalement l’impact du vieillissement de la population sur l’économie. Elle pourra toutefois en atténuer les effets démographiques et économiques, notamment en assurant un ratio plus élevé de travailleurs par retraité. De plus, le choix du niveau d’immigration ne sera pas sans conséquence sur l’économie globale de la province: si le Québec opte pour un seuil d’immigration qui correspond à 12% de la cible canadienne, l’apport économique des nouveaux arrivants assurerait un tiers de sa croissance économique en 2040. Dans le scénario où il augmenterait cette part à 23% du solde canadien, l’immigration aurait davantage d’incidence sur la croissance économique, contribuant à la moitié de la croissance en 2040. »
Seuils d’immigration au Québec: analyse des incidences démographiques et économiques (Extrait)

L’Institut du Québec est un organisme de recherche et de consultation indépendant mis sur pied par HEC Montréal et par le Conference Board du Canada.

http://www.immigrer-qc.com/

PC, Institut du Québec, R.-C., RCI,

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Catégories : Immigration et Réfugiés, Politique
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