Lorsque l’on pense au pôle Nord, on l’imagine froid toute l’année avec l’obligation de porter une bonne veste pour s’aventurer dehors. Cependant, c’était loin d’être le cas dimanche dernier lorsque les chercheurs de la station météo d’Alert, l’endroit habité le plus septentrional de la planète, étaient à l’extérieur en sandales, culottes courtes et t-shirts à 21 degrés Celsius.
Il s’agit là de la plus haute température jamais enregistrée dans cette base militaire permanente établie au 82e parallèle, à moins de 900 km du pôle Nord. Il y faisait même plus chaud dans la région que dans la ville de Victoria en Colombie-Britannique, qui est connue pour son climat tempéré.
La moyenne de la haute température pour juillet à Alert, NU est 6°C, la météo clémente est inhabituelle. Dimanche 14 juillet, Alert atteint 21, cela éclipse le record de 20 établi le 8 juillet 1956. Il s’agit de la température la plus élevée jamais enregistrée au nord de 80°N! pic.twitter.com/RO3m1tyjFh
— ECCC Meteo Alberta (@ECCCMeteoAB) July 17, 2019
Cette base de l’armée canadienne sert notamment à intercepter les communications russes. La station météo est en fonction depuis 1950 et le record précédent datait du 8 juillet 1956 avec 20 degrés Celsius. Depuis 2012, Alert a connu plusieurs fois des températures de 19 à 20 degrés, mais jamais 21 degrés.
Armel Castellan, météorologue au ministère canadien de l’Environnement, a été l’un des premiers a observé ces températures records, il nous a expliqué comment cela s’est passé et surtout la réaction du personnel sur place.
Des raisons météorologiques, mais pas seulement
Selon M. Castellan, cette vague de chaleur arctique est due à un phénomène météorologique distinct :
Les températures sont maintenant redescendues à environ 5 degrés avec le retour des vents du nord et du nord-est.
Toutefois, ces mesures restent supérieures aux normes saisonnières qui sont d’environ 3,4 degrés au mois de juillet.
Ces hautes températures peuvent être qualifiées de « hors du commun », affirme le météorologue.
Le plus impressionnant est que cette chaleur a persisté sur trois jours consécutifs.
Outre ce phénomène météorologique de « flux du sud », Armel Castellan évoque aussi la possibilité que le réchauffement climatique ait un rôle à jouer ici.
Il explique notamment que ce changement climatique a été déclenché par notre civilisation et qu’il ne pourra s’inverser tout seul. Il faut que l’on intervienne.
Des conséquences pour la population et l’environnement
Ce phénomène de réchauffement climatique se fait ressentir depuis quelque temps déjà. Plusieurs études ont notamment mis en avant la fonte des glaces accélérée au Groenland et les risques de montée des eaux au niveau mondial.
Une photo de chiens de traîneaux paraissant marcher sur l’eau au Groenland a d’ailleurs fait le tour du monde en juin dernier, illustrant bien cette fonte accélérée.
- Sur cette photo, les chiens et les équipages de traîneaux semblent marcher sur la surface de l’eau. La présence de l’eau de fonte sur un plancher de glace de mer de plus d’un mètre d’épaisseur contribue à l’illusion. (PHOTO : RADIO-CANADA / STEFFEN M. OLSEN / TWITTER)
Ces températures plus élevées que la normale se font aussi ressentir dans le reste dans la région. À Iqaluit, la capitale du territoire du Nunavut, le mercure a affiché la température record de 23,5 degrés le 9 juillet, jour de la fête du Nunavut. C’est le plus haut niveau jamais atteint pour cette journée. L’Alaska a quant à elle connu son deuxième mois de juin le plus chaud jamais enregistré cette année.
Pour Armel Castellan, ces changements peuvent avoir des conséquences sur la population vivant dans ces zones reculées.
Le météorologue conclut en disant qu’il s’attend à voir la même tendance pour juillet, août et septembre d’après ses prévisions.
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