Les températures étaient tellement élevées que les personnes sur place ont troqué leur veste pour des shorts et des t-shirts. (Photo : Brett Reib/ Canada.ca/Meteo)

Record de chaleur dans la station météo la plus au nord du monde

Lorsque l’on pense au pôle Nord, on l’imagine froid toute l’année avec l’obligation de porter une bonne veste pour s’aventurer dehors. Cependant, c’était loin d’être le cas dimanche dernier lorsque les chercheurs de la station météo d’Alert, l’endroit habité le plus septentrional de la planète, étaient à l’extérieur en sandales, culottes courtes et t-shirts à 21 degrés Celsius.

Il s’agit là de la plus haute température jamais enregistrée dans cette base militaire permanente établie au 82e parallèle, à moins de 900 km du pôle Nord. Il y faisait même plus chaud dans la région que dans la ville de Victoria en Colombie-Britannique, qui est connue pour son climat tempéré.

Cette base de l’armée canadienne sert notamment à intercepter les communications russes. La station météo est en fonction depuis 1950 et le record précédent datait du 8 juillet 1956 avec 20 degrés Celsius. Depuis 2012, Alert a connu plusieurs fois des températures de 19 à 20 degrés, mais jamais 21 degrés.

Armel Castellan, météorologue au ministère canadien de l’Environnement, a été l’un des premiers a observé ces températures records, il nous a expliqué comment cela s’est passé et surtout la réaction du personnel sur place.

Armel Castellan décrit le moment où lui et ses collègues ont vu la température de 21 °C. (Photo : Un ranger canadien au mois de mars 2008 dans la région d'Alert (Photo : Bob Weber/THE CANADIAN PRESS)

Des raisons météorologiques, mais pas seulement

Selon M. Castellan, cette vague de chaleur arctique est due à un phénomène météorologique distinct :

Armel Castellan explique les raisons de ces températures records. (Photo : Mario De Ciccio/Radio-Canada)

Les températures sont maintenant redescendues à environ 5 degrés avec le retour des vents du nord et du nord-est.

Toutefois, ces mesures restent supérieures aux normes saisonnières qui sont d’environ 3,4 degrés au mois de juillet.

Ces hautes températures peuvent être qualifiées de « hors du commun », affirme le météorologue.

On a commencé en 1950 et je peux compter sur deux mains le nombre de fois où le mercure a atteint les 19 degrés. Armel Castellan, météorologue au ministère canadien de l’Environnement

Le plus impressionnant est que cette chaleur a persisté sur trois jours consécutifs.

Outre ce phénomène météorologique de « flux du sud », Armel Castellan évoque aussi la possibilité que le réchauffement climatique ait un rôle à jouer ici.

Photo : La station météorologique d'Environnement Canada à Alert en 2006 (Paul Chiasson/The Canadian Press)

Il explique notamment que ce changement climatique a été déclenché par notre civilisation et qu’il ne pourra s’inverser tout seul. Il faut que l’on intervienne.

Des conséquences pour la population et l’environnement

Ce phénomène de réchauffement climatique se fait ressentir depuis quelque temps déjà. Plusieurs études ont notamment mis en avant la fonte des glaces accélérée au Groenland et les risques de montée des eaux au niveau mondial.

Une photo de chiens de traîneaux paraissant marcher sur l’eau au Groenland a d’ailleurs fait le tour du monde en juin dernier, illustrant bien cette fonte accélérée.

Sur cette photo, les chiens et les équipages de traîneaux semblent marcher sur la surface de l’eau. La présence de l’eau de fonte sur un plancher de glace de mer de plus d’un mètre d’épaisseur contribue à l’illusion. (PHOTO : RADIO-CANADA / STEFFEN M. OLSEN / TWITTER)

Ces températures plus élevées que la normale se font aussi ressentir dans le reste dans la région. À Iqaluit, la capitale du territoire du Nunavut, le mercure a affiché la température record de 23,5 degrés le 9 juillet, jour de la fête du Nunavut. C’est le plus haut niveau jamais atteint pour cette journée. L’Alaska a quant à elle connu son deuxième mois de juin le plus chaud jamais enregistré cette année.

Pour Armel Castellan, ces changements peuvent avoir des conséquences sur la population vivant dans ces zones reculées.

Armel Castellan parle des conséquences de ce réchauffement. (Photo : Armel Castellan)

Le météorologue conclut en disant qu’il s’attend à voir la même tendance pour juillet, août et septembre d’après ses prévisions.

Catégories : Environnement et vie animale, International
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