Selon un microbiologiste et spécialiste canadien de la première heure du combat contre l’Ebola, si la recherche avait été financée plus tôt, si le processus d’approbation du vaccin avait été plus rapide et que les gouvernements et les sociétés pharmaceutiques s’étaient engagés à accroître leur financement et leur soutien des années auparavant, le nouveau vaccin aurait pu sauver beaucoup plus de vies en Afrique.

Le microbiologiste Steven Jones – CBC
En 2005, le microbiologiste Steven Jones a fait partie d’une équipe médicale en Angola, au beau milieu d’une épidémie de Marburg, le virus frère d’Ebola.
Or, cette équipe avait fait analyser des échantillons d’un vaccin expérimental mis au point par Jones et des chercheurs de Winnipeg pour traiter l’Ebola et le Marburg.
Comme les essais cliniques n’étaient pas encore terminés, ils ne pouvaient cependant pas l’utiliser sur des patients infectés, même si des recherches préliminaires avaient démontré son efficacité dès 2003, révèle Steven Jones.
Le processus d’approbation des vaccins est aussi appelé « la vallée de la mort, où les idées brillantes vont mourir », explique-t-il dans une entrevue accordée à CBC Radio.
Cette restriction a déclenché une confrontation tendue avec un médecin militaire local. « Il nous a suppliés de l’utiliser et nous avons dû lui dire non. Et cela a été une conversation extrêmement difficile, parce que rien d’autre n’avait fonctionné », déclare M. Jones, qui est aujourd’hui vice-recteur de l’École de santé publique de l’Université de la Saskatchewan.
Une infirmière administre un vaccin contre le virus Ebola dans un hôpital du Liberia en Afrique © AP/Abbas Dulleh
La moitié des malades qui étaient condamnés auraient pu survivre
L’épidémie de Marburg en Angola, en 2005, a tué 329 personnes, avec un taux de mortalité de près de 90 % des personnes infectées. M. Jones croit que s’il avait pu utiliser les fioles du vaccin qu’ils avaient sous la main, ils auraient pu sauver au moins la moitié des vies perdues.
M. Jones et son équipe ont demandé 6 millions de dollars à l’Initiative de recherche et de technologie CBRNE (IRIC) du Canada pour développer des vaccins pour le Marburg et l’Ebola, mais n’ont reçu que 2 millions en 2006, spécifiquement pour le vaccin Ebola.
Il n’y a plus assez de vaccin canadien contre l’Ebola en Afrique pour stopper l’épidémie
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) rapportait le mois dernier que près de 147 000 personnes avaient reçu le vaccin contre l’Ebola de conception canadienne depuis que le ministère de la Santé du Congo a déclaré la découverte d’un vaste foyer d’infection il y a 11 mois.
Le microbiologiste et chercheur Gary Kobinger, un des Canadiens qui a participé à la conception de ce vaccin, affirmait cependant qu’il n’y en avait pas assez pour stopper l’épidémie actuelle. La demande est forte et croissante, car les agents de santé essaient de traiter ceux qui sont entrés en contact avec des personnes qui ont été infectées.
Le virus Ebola est très contagieux. Pour l’endiguer, les agents de santé utilisent une méthode de vaccination en anneau. Tout d’abord, ils vaccinent le cercle immédiat, soit ceux qui ont eu un contact direct avec une personne infectée. Puis, ils partent, offrant le vaccin à tous ceux qui ont été en contact avec ceux du premier anneau.
Plus de 2400 personnes ont été infectées et plus de 1900 sont mortes de la fièvre hémorragique au Congo. Il y a de nouvelles inquiétudes que l’épidémie pourrait se propager dans les pays voisins.
RCI avec les informations de CBC News, La Presse canadienne et la contribution de Radio-Canada
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