La population des abeilles décline sous la menace des pesticides au Canada et ailleurs dans le monde. Crédit : Istock

Pesticides : les abeilles suffoquent et meurent, les mesures d’action piétinent

Les apiculteurs du Québec profitent de la Commission sur les pesticides pour faire entendre leur cri du cœur.

Ils sont venus porter leurs doléances à Québec, à la demande du lanceur d’alerte Louis Robert, l’Agronome qui a été sanctionné avant d’être réhabilité, pour avoir récemment dénoncé sur l’implication des lobbies des pesticides dans les recherches financées par le secteur public.

Les apiculteurs sont démunis devant la crise que traverse leur secteur d’activité à cause de l’impact des pesticides sur la production de miel.

Plusieurs de ces pesticides sont considérés comme des tueurs d’abeilles. Ces dernières années, une multitude d’espèces pollinisatrices ont connu une véritable hécatombe dans des pays utilisant les néonicotinoïdes en agriculture.

Cette situation a conduit à la prise de mesures restrictives dans certains pays, dont la France et bien des pays de l’Union européenne.

Les paliers de gouvernements au Canada prisonniers des fabricants de pesticides ?

Le gouvernement fédéral a annoncé une panoplie de mesures visant à interdire progressivement, dès 2021, et à bannir l’usage des néonicotinoïdes sur le sol canadien dans un horizon rapproché.

Les apiculteurs dénoncent la lenteur des démarches, alors que les fabricants soutiennent toujours que les néonicotinoïdes et autres pesticides sont des outils efficaces contre certains insectes et herbes nuisibles, ce qui permet de limiter les pertes pour les agriculteurs. C’est pourquoi ils continuent d’être répandus, malgré les risques environnementaux maintes fois décriés par les chercheurs.

Les abeilles paient le prix fort de cette utilisation effrénée qui a pratiquement décimé une bonne partie de leur population. Le délai de 5 ans avant leur interdiction totale du Canada n’améliore en rien leur situation, tout comme le fait d’attendre 15 ans pour voir Santé Canada réévaluer un produit quand il est homologué au Canada.

C’est ainsi que les apiculteurs québécois déplorent des pertes importantes. Le bilan en perte de ruches dépasse les 600, uniquement pour le printemps dernier. Cela se traduit par la baisse de la production de miel de 35 à 70 kg par ruche, depuis plusieurs mois. (Source : Radio-Canada)

Les poussières qui se dégagent de certains néonicotinoïdes sont particulièrement meurtrières pour les abeilles. Photo : Getty Images/Patphil

Pris entre les agriculteurs qui souhaitent un meilleur soutien dans le processus de remplacement des pesticides nuisibles et les apiculteurs qui veulent que les actions soient plus accélérées pour les bannir, le gouvernement provincial se veut conciliant.

On se souvient qu’au mois de juin, alors que les restrictions au code de gestion sur la vente et l’usage des pesticides venaient d’entrer en vigueur, le ministère de l’Environnement avait décidé de faire marche arrière et d’accorder une dérogation spéciale aux agronomes, en ce qui a trait à l’usage de semences de maïs enrobées de néonicotinoïdes.

Le ministère avait motivé sa décision par le fait que les pluies abondantes du printemps avaient « retardé les semis, obligeant les agriculteurs qui avaient commandé des semences tardives à se rabattre sur des cultivars à croissance plus rapide ».

Bien que certains apiculteurs comprennent l’urgence de la situation difficile pour les agriculteurs, plusieurs d’entre eux avaient fortement décrié la décision de contourner les règles, accusant les fournisseurs de semences d’avoir volontairement omis de produire des semences sans pesticides en quantité importante à titre préventif.

C’est ainsi qu’ils avaient appelé le gouvernement provincial à agir afin que pareille situation ne se reproduise, au risque de se voir traité de marionnette à la solde des firmes de pesticides américaines.

Avec Radio-Canada

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Catégories : Économie, Environnement et vie animale
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