Un nombre croissant de Canadiens en âge de travailler envisage de rester au travail ou de travailler à leur compte après l’âge normal de la retraite de 65 ans, soit parce qu’ils ne peuvent pas se permettre de prendre leur retraite où ils veulent juste continuer à travailler.. Crédit : iStock

Virage à la vitesse grand V au pays vers des aînés entrepreneurs

Les « aînés entrepreneurs » constituent un groupe démographique en pleine croissance en ce moment au pays.

Travaillant au-delà de l’âge traditionnel de la retraite de 65 ans, par nécessité ou par goût, ils ont bien souvent passé toute une vie active comme simples employés d’une entreprise ou d’une organisation.

Selon Statistique Canada, près de 15 % des Canadiens de 65 ans et plus font aujourd’hui partie de la population active, comparativement à environ 6 % il y a 20 ans, et leur esprit d’entreprise est fort.

Or, certains gouvernements au pays commencent à tirer profit du désir de ces aînés de rester au travail tout en devenant leurs propres patrons.

PHOTO : GETTY IMAGES / ALVAREZ

Où en est le Québec?

Le ministre québécois du Travail, Jean Boulet Photo : Radio-Canada

Le ministre québécois du Travail, Jean Boulet, annonçait le printemps dernier une offensive de séduction auprès des travailleurs aînés pour qu’ils contribuent eux aussi à résoudre les problèmes de rareté de main-d’oeuvre dans bien des secteurs au Québec.

Il disait vouloir « effacer » le retard dans le taux d’emploi des personnes de 60 ans et plus au Québec par rapport à l’Ontario.

Ce taux est de seulement 10 % chez les Québécois de 65 ans et plus et de 14 % en Ontario.

Aux prises avec une importante pénurie de main-d’œuvre, le gouvernement du Québec investira 533 millions de dollars sur cinq ans pour inciter les travailleurs de 60 ans et plus à demeurer sur le marché de l’emploi.

Selon les documents budgétaires, les travailleurs de 60 à 64 ans pourront ainsi déclarer des gains de travail de 28 226 $ avant de devoir payer de l’impôt.

Le gouvernement réduit aussi les charges sur la masse salariale des PME de 50 % pour les travailleurs de 60 à 64 ans (jusqu’à 1250 $ par employé) et de 75 % pour les travailleurs de 65 ans et plus (jusqu’à 1875 $ par employé).

Nouvelles affiches du gouvernement du Québec pour contrer l’âgisme au travail et dans les entreprises. Photo : Radio-Canada

Et si on regardait ce qui se fait ailleurs?

Bien que l’argent soit souvent le nerf de la guerre, certains estiment que des conventions collectives sur le modèle européen pourraient également être adoptées pour permettre aux travailleurs expérimentés de réduire graduellement le nombre de jours de travail de leur poste à temps complet, en passant de cinq à quatre, puis à trois jours, afin de permettre à un autre employé de travailler les autres jours.

La Fédération des chambres de commerce a réalisé récemment une étude sur le « potentiel sous-exploité » que représentent ces travailleurs aînés. Cette étude fait notamment référence à des mesures adoptées au Japon qui connaît la plus sévère crise du vieillissement de sa population. Les organisations japonaises qui recrutent des travailleurs de 60 à 64 ans touchent ainsi une subvention équivalant à une somme de 6250 $ à 11 250 $ par aîné recruté.

On y offre aussi une subvention de 500 $ par mois à toute entreprise qui prend à l’essai pendant trois mois un travailleur de 45 ans et plus. Et cela fonctionne, puisque les taux de maintien après trois mois dépassent 75 %.

Les gouvernements du Québec et du Canada ont déjà adopté des crédits d’impôt en ce sens, qui sont particulièrement intéressants pour les plus bas salariés.

Une initiative inspirante

Un programme pilote conçu spécialement pour aider techniquement les entrepreneurs âgés d’Oshawa, une petite ville connue pour ses usines d’automobiles près de Toronto, en Ontario, connaît un succès retentissant.

Ce Seniorpreneur Program 4 Innovation, Creativity, and Entrepreneurship, ou SPICE, a reçu 75 candidatures pour les 60 postes offerts dans une première offre de services récemment.

L’âgisme est un facteur important dans la création de ce type de programme spécifique aux aînés, car les entreprises et les institutions financières ne comprennent pas toujours l’intérêt d’être associé aux projets de travailleurs qui ont dépassé l’âge traditionnel de la retraite.

Au nom de la croissance, le Canada doit-il tourner le dos aux retraites à 65 ans?

Hausser l’âge d’admissibilité réduirait l’écart entre le Canada et les pays industrialisés ayant le plus haut taux de participation à la main-d’oeuvre chez les 55 ans et plus et pourrait ajouter 56 milliards au PIB du Canada en plus de soutirer des milliards des poches des Canadiens. Crédit photo : GI / Christopher Furlong

RCI avec les informations de Jacqueline Hansen de CBC News, La Presse canadienne et la contribution de Michel Désautel, Dominic Brassard, Akli Aït Abdallah, Marc-Antoine Ménard et Patrick Masbourian de Radio-Canada

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Catégories : Économie, Politique, Société
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