Photo : Flickr / Andrew Scheer

Seul le parti avec le plus de députés peut diriger le pays, croit à tort Scheer

Le chef conservateur Andrew Scheer persiste, à tort, à dire qu’en l’absence d’une majorité, c’est le parti qui fera élire le plus de députés à la Chambre des communes qui formera le gouvernement après le vote du 21 octobre. Or, rien dans la constitution canadienne ne garantit ce dénouement.

Le chef conservateur a dépeint ce scénario, mercredi, lors d’une entrevue sur les ondes du réseau de télévision privé canadien CTV. Il disait alors s’attendre à ce que tous les partis respectent le fait que le parti qui obtiendra le plus de sièges formera le gouvernement et pourra mettre en place ses promesses électorales.

Jeudi matin, lors d’un arrêt à Brampton, en Ontario, il est allé un peu plus loin. « C’est clair que Justin Trudeau essaiera de faire n’importe quoi pour rester au pouvoir », a-t-il d’abord lancé, en anglais.

« La convention dans notre histoire moderne, c’est […] que le parti avec le plus grand nombre de sièges […] peut former un gouvernement. Et l’autre chose qui est claire est qu’un premier ministre qui sort d’une élection avec moins de sièges qu’un autre parti démissionne. Ça, c’est une convention moderne aussi », a-t-il enchaîné en français.

Le chef conservateur Andrew Scheer est allé encore plus loin en affirmant qu’il ne demandera pas l’appui des autres partis si sa formation politique ne remporte pas la majorité des sièges lundi. Il a aussi laissé entendre que les libéraux n’auraient pas le droit d’obtenir l’appui du parti NPD ou du Parti vert pour s’accrocher au pouvoir s’ils finissent derrière les conservateurs.

Ce que prévoit en réalité la Constitution

La Chambre des communes compte 338 sièges. Donc, si un parti ne remporte pas 170 sièges ou plus lundi, il y aura un gouvernement minoritaire.

Contrairement à ce que beaucoup de Canadiens croient probablement, le parti qui forme le gouvernement ne sera pas automatiquement celui qui remportera le plus de sièges.

Dans le système parlementaire, le premier ministre en poste demeure premier ministre jusqu’à ce qu’il démissionne officiellement ou qu’il soit destitué par le gouverneur général.

Donc, si les libéraux venaient juste derrière les conservateurs pour le nombre de sièges, Justin Trudeau, en tant que premier ministre, aurait la première chance de former le gouvernement.

Le chef libéral, lui, refuse de dire ce qu’il fera si les Canadiens élisent plus de députés conservateurs que de députés libéraux, le 21 octobre.

Ce qu’en pense le NPD

Jagmeet Singh, chef du Nouveau Parti démocratique, n’est pas d’accord avec la vision alternative du chef conservateur.

Il juge qu’il n’est « pas acceptable » qu’un parti obtenant moins de 40 % des votes puisse avoir tout le pouvoir. Les néo-démocrates promettent de se servir de leurs sièges pour faire avancer leurs priorités.

« M. Scheer parle de respect, mais il ne respecte pas les gens. Il coupe les services, il rend la vie plus difficile, donc on va toujours lutter contre ça », a-t-il lancé lors d’un arrêt de campagne, à Welland, en Ontario.

Son parti, a-t-il promis, continuera de défendre les intérêts des Canadiens, peu importe de quelle façon, qu’il forme le gouvernement, qu’il soit l’opposition ou dans une coalition.

La vision du Parti vert

La chef des verts, Elizabeth May, estime que discuter d’un gouvernement de coalition est « prématuré » jusqu’à l’élection du 21 octobre.

Mme May affirme que dans les pays dotés d’un système électoral à représentation proportionnelle, les partis peuvent conclure des accords de coalition avant même la tenue du scrutin, mais que de telles discussions sont « inutiles » dans le système uninominal majoritaire à un tour du Canada.

Le Parti vert du Canada réclamerait toutefois un plan accéléré pour lutter contre les changements climatiques comme monnaie d’échange à leur appui.

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(Stephane Mahe/Reuters)

RCI avec La Presse canadienne et CBC News

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