La moitié de toutes les marchandises transportées au Canada l’est par train. Et de ce total, 60 % sont acheminés par les trains du Canadien National (CN). Ses chiffres montrent bien les répercussions possibles de cette grève déclenchée mardi sur l’économie du pays.
L’agriculture est particulièrement vulnérable. C’est vrai dans les Prairies canadiennes à l’ouest du pays, où 50 % de tous les élévateurs sont desservis uniquement par le CN. Ils sont donc paralysés pendant la grève. Les élévateurs portuaires de Vancouver sur lesquels on mise pour le chargement de navires et l’exportation du grain à l’international sont sérieusement touchés.
Les producteurs ne sont pas payés et leur grain est condamné à rester dans les entrepôts et à perdre de la valeur.

Les élévateurs à grain sont une étape entre l’acheminement ferroviaire du grain et son exportation. PHOTO : RADIO-CANADA / RON BOILEAU
Actuellement, au Québec, 70% du maïs est encore dans les champs
La situation se complique aussi dans l’est du Canada, où une tempête de neige précoce, la semaine dernière, comme on n’en avait pas vu depuis 1968, a considérablement aggravé le sort d’agriculteurs.
Les producteurs agricoles, qui avaient déjà peine à faire leurs récoltes en raison de cette neige hâtive, s’interrogent. Auront-ils le propane nécessaire pour faire sécher leurs grains et chauffer les bâtiments où se trouve leur bétail? Or, le maïs récolté cette année est très humide et nécessite un temps de séchage beaucoup plus long pour pouvoir être entreposé en toute sécurité.
L’interruption de transport ferroviaire devait en principe épuiser d’ici jeudi 80 % des réserves de propane au Québec selon l’Association québécoise du propane (AQP).
Le groupe des Producteurs de grains du Québec a d’ailleurs écrit une lettre au premier ministre Justin Trudeau pour réclamer des solutions et des actions sur cette question très urgente.
L’industrie du bois, elle aussi, s’échauffe
La grève au CN nuit à la chaîne d’approvisionnements de plusieurs entreprises liées aux commerces du bois principalement au Québec et en Colombie-Britannique.
Produits forestiers Résolu (PFR) possède ou exploite quelque 40 installations ainsi que des actifs de production d’électricité aux États-Unis et au Canada. Elle commercialise ses produits dans près de 70 pays. Cette multinationale doit faire face à une augmentation des coûts de production et à un certain casse-tête logistique en ce moment.
PFR utilise la voie ferroviaire pour effectuer la livraison de ses produits et également pour approvisionner ses usines. Le papier et la pâte sont notamment livrés par train.
Le directeur principal aux affaires publiques et relations gouvernementales pour PFR, Karl Blackburn, est préoccupé par cette grève qui demande beaucoup d’ajustement dans le fonctionnement des usines.

L’usine Saint-Félicien au Québec de Produits forestiers Résolu Photo : Radio-Canada
Quand le pétrole de l’Ouest canadien cesse de couler…
L’Association canadienne des producteurs pétroliers est également inquiète de la tournure des événements, étant donné que la capacité des oléoducs pouvant transporter du pétrole de l’Ouest canadien n’est déjà pas suffisante.
Le transport de pétrole par camion est impensable vu les coûts de déplacements sur de grandes distances au Canada et vu la pénurie chronique de chauffeurs de camion dans tout le Canada.
Pas question pour le moment d’intervenir

Travailleurs du Canadien National en grève au Manitoba (RADIO-CANADA)
Les négociations pour parvenir à un contrat de travail se poursuivent. En l’absence d’une loi spéciale du gouvernement canadien advenant un échec de ces pourparlers, les responsables de plusieurs secteurs de l’économie se disent nerveux et très inquiets.
Au sein d’un gouvernement libéral minoritaire, les ministres fédéraux du Travail et des Transports, Patty Hajdu et Marc Garneau, ont affirmé cependant qu’ils n’interviendraient pas dans le conflit pour le moment avec une loi spéciale. Ils affirment cependant suivre la situation de près.
De son côté, le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) Jagmeet Singh affirme qu’il n’est pas question de réclamer le retour précipité en Chambre des députés fédéraux pour adopter une loi forçant le retour au travail des grévistes.
RCI avec La Presse canadienne et la contribution de Bis Petitpas, Patricia Bitu Tshikudi et Michel C. Auger de Radio-Canada
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