Internet gratuit pour tous : entre la promesse et la réalité. Photo: istock

Internet gratuit pour tous : entre la promesse et la réalité

Après que l’Australie a offert à ses citoyens un accès pas cher à Internet, voilà que des politiciens britanniques promettent un Internet gratuit. Est-il réaliste que les États offrent le service Internet gratuitement à leurs citoyens?

Dans son programme électoral, en vue des prochaines élections au Royaume-Uni, le parti travailliste, opposition officielle actuelle, compte offrir aux Britanniques un accès gratuit au service Internet rapide.

Pour y arriver, le chef du parti travailliste, Jeremy Corbyn, a indiqué dans une allocution devant des étudiants de l’Université Lancaster qu’il envisage de nationaliser une partie du plus grand fournisseur du service Internet, Openreach, une filiale du géant de télécom BT qui a été graduellement privatisée depuis l’époque de l’ex-première ministre conservatrice Margaret Thatcher.

Le plan visant à équiper tous les foyers en Angleterre d’ici 2030 de la fibre optique, assurant une connexion Internet rapide, coûtera plus de 32 milliards de dollars. Il sera financé en taxant les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple) et autres géants du numérique et des TI. Corbin a décrit l’idée comme un autre service social tel que la santé publique, compte tenu de l’importance du web, un facteur de développement social, culturel et économique crucial.

Le consommateur anglais épargnera ainsi environ 52 $ par mois, la moyenne de ses dépenses en Internet.

La mise en place de ce plan soulève des questions sur sa faisabilité, ses coûts et son impact sur les fournisseurs de service Internet, qui sont majoritairement des compagnies privées.

  • La taxation des GAFA a ses limites : dans le cas où les gouvernements réussissent à imposer ces taxes (le gouvernement français peine, après de multiples recours judiciaires, à appliquer sur Google et Facebook une taxation visant à protéger la presse française), elles ne seront pas, selon des analystes, suffisantes pour couvrir tous les coûts de cette conversion. Les contribuables doivent payer, au moins pendant les premières années du projet, une partie des coûts d’exploitation, de développement et d’entretien de l’infrastructure.
  • La compétition avec le secteur privé : les FSI britanniques (tous privés) ont qualifié cette proposition de « populiste » et de menace pour leurs entreprises qui ont englouti des millions de dollars notamment dans l’infrastructure. Comment réguler cette compétition entre une entreprise publique qui offre Internet gratuitement et des entreprises privées qui le facturent à leurs clients? Comment composer avec d’éventuelles demandes de compensations des fournisseurs de service Internet privés sur les investissements qui ont été engagés dans les technologies et l’infrastructure des connexions Internet.

Zoubeir Jazi
column-banner-zoubeir

Catégories : Internet, sciences et technologies
Mots-clés : , , , ,

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.