À en croire certains participants canadiens, il y aurait tout un fossé entre les préoccupations des personnes dans la rue qui réclament de réels changements et celles de certains participants autour de la table des négociations. C’est du moins ce que constate une représentante de l’organisme Équiterre, Caroline Brouillette, qui suit les travaux à Madrid.
L’experte en changements climatiques soutient que « les négociations ne s’alignent pas avec les réalités de l’urgence climatique ».
C’est ce qui justifierait une plus grande mobilisation citoyenne pour continuer à faire entendre le message autour de l’urgence climatique, a-t-elle souligné dans le communiqué.
Le Canada et le Québec sont fortement mobilisés à Madrid pour faire valoir les actions et les arguments du pays pour contribuer à résorber cette crise climatique.
La centaine de représentants québécois issus du gouvernement, de la société civile, du monde universitaire et de la recherche ont marqué leur rapprochement avec bien des pays dans l’atteinte de l’objectif de zéro émission nette en 2050.
L’atteinte de cet objectif passera toutefois par des « cibles intermédiaires et des mesures d’imputabilité, à court et moyen terme » au Québec, suggère Caroline Brouillette. Elle mentionne que la cible actuelle du gouvernement est trop peu ambitieuse pour restreindre l’augmentation de la température à 1,5 degré Celsius à l’horizon 2030.

Selon Équiterre, le Canada devrait sortir du pétrole tout en prenant des mesures pour soutenir les travailleurs du secteur, ce qui lui permettra de contribuer ainsi à l’atteinte des objectifs de l’Accord de Paris sur les changements climatiques. Crédit : iStock
Le Canada peut-il abandonner son pétrole au profit de l’environnement?
Si l’on s’en tient aux conclusions du rapport du Programme des Nations unies de 2019, les tendances actuelles et les prévisions d’ici 2040, en ce qui concerne l’extraction des ressources fossiles dans les pays considérés comme les plus grands producteurs et pollueurs n’augurent rien de très rassurant.
Selon Équiterre, ces objectifs seraient « incompatibles avec les objectifs de l’Accord de Paris. C’est ainsi que le Canada, qui se classe au 9e rang parmi les pays considérés comme les plus grands émetteurs de CO2 en lien avec l’exploitation des ressources fossiles, est appelé à tourner le dos à ces ressources, s’il veut s’inscrire durablement dans le mouvement mondial en faveur de la préservation de l’environnement.
« Le Canada doit sortir des hydrocarbures et laisser les énergies fossiles dans le sol, tout en assurant une transition juste pour les travailleurs et tous ceux qui sont affectés, en tenant compte des droits humains et ceux des peuples autochtones. Nous devons agir pour la justice climatique, la justice sociale et les générations futures », a relevé Mme Brouillette.

Le ministre fédéral de l’Environnement et du Changement climatique Jonathan Wilkinson Crédit : gouvernement fédéral
Le ministre de l’Environnement et du Changement climatique Jonathan Wilkinson était aussi à Madrid. Loin d’aborder la question du pétrole et des énergies fossiles, il a mis de l’avant l’idée de combattre la pollution du plastique dans les océans.
Il a mentionné que le pays est signataire de la Charte sur les plastiques, créée au Sommet du G7 de juin dernier au Canada, tout comme la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Italie et l’Union européenne. Ces pays se sont ainsi engagés à prendre des mesures supplémentaires pour une gestion plus durable des plastiques, ce qui permettra de soulager les océans, les lacs et les rivières qui suffoquent.
Soulignant la contribution de 25 gouvernements et de plus de 60 entreprises et organisations, qui ont depuis adhéré à cette Charte, le ministre fédéral de l’Environnement a réitéré l’importance d’inclure les océans dans l’action climatique internationale.
Il a aussi appelé les pays les plus nantis à soutenir les efforts des moins favorisés pour les accompagner dans leur adaptation aux effets des changements climatiques, tout en rappelant l’importance d’œuvrer à l’atteinte des objectifs fixés par l’Accord de Paris.
« À l’échelle mondiale, environ huit millions de tonnes de déchets de plastique prennent le chemin des océans chaque année. C’est comme si un camion à ordures rempli de plastique se déversait dans l’océan chaque minute. Le Canada est l’un des chefs de file à la tête d’un mouvement mondial en faveur de la réduction de la pollution par le plastique grâce au leadership qu’il exerce dans le contexte de la Charte sur les plastiques dans les océans, aux investissements qu’il fait au pays, à l’aide qu’il apporte aux pays en développement dans leur combat pour remédier à ce problème et à ses actions pour faire progresser l’océanographie à l’échelle mondiale », a affirmé Jonathan Wilkinson dans le communiqué.
Avec des informations d’Équiterre et du gouvernement fédéral
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