Non, répond Patrick Déry, analyste associé principal à l’Institut économique de Montréal qui vient de publier l’analyse intitulée Les misères du système de santé canadien.
Sur la base de différentes études menées par des organisations aussi bien au Canada qu’ailleurs dans le monde, l’Institut économique de Montréal a procédé à cette analyse qui démontre que les temps d’attente en vue de recevoir des soins dans les hôpitaux du Canada n’ont de cesse de s’allonger au fil des ans.
« Aujourd’hui, entre le moment où on reçoit une demande de consultation pour un médecin spécialiste et le moment où on reçoit un traitement, un Canadien peut attendre en moyenne près de 21 semaines. Et ça peut être beaucoup plus dans certains cas. Ça peut être un mois, ça peut être une année. Et à tout moment, on a environ trois millions de la population canadienne, ou environ un million de Canadiens qui sont sur une liste d’attente pour recevoir un traitement. Ça peut être une chirurgie ou le traitement pour un cancer », relève Patrick Déry.
Écoutez- parmi les pays de l’ODCE, le Canada est l’un de ceux où on compte le moins de médecins;
- moins de lits dans les hôpitaux;
- les infirmières ne sont pas en nombre suffisant dans le réseau;
- insuffisance d’appareils de diagnostic (appareils d’imagerie par résonance magnétique);
- insuffisance de financements dans le système.
Les entreprises peuvent-elles apporter leur contribution sans besoin de privatiser une partie du système?
En comparaison aux autres systèmes de santé ailleurs dans le monde, principalement dans les pays de l’OCDE, l’analyste associé à l’Institut économique de Montréal soutient que le Canada aurait du rattrapage à faire.
Prenant le cas de certains pays d’Europe occidental, dont la France et l’Allemagne, où il y a des couvertures de soins universelles, il mentionne qu’il y a une variété d’acteurs issus d’horizons divers qui offrent des soins : État, organismes à but non lucratif, entreprises privées à but lucratif, etc. Cela permet d’éviter aux patients des temps d’attente interminables.
Au Canada, où l’État finance l’entièreté du système de santé et en assure la totale gestion, M. Déry pense que cela est une barrière à l’innovation.
« Quand vous avez différents fournisseurs, vous avez différentes solutions, et ça tire le système vers le haut. C’est ce qui explique que dans des pays comme en Allemagne, en France, aux Pays-Bas, bien que ce soit loin d’être parfait, l’attente va être beaucoup moins élevée », observe-t-il.
Pour réduire les délais d’attente, l’analyste croit que le Canada gagnerait à décentraliser la gestion du système hospitalier pour créer une émulation et en accroître l’efficacité.
On pense au système européen, à la Suède par exemple qui a un système similaire à celui du Canada dans ce sens où le financement du système de soins est assuré entièrement par l’État. Tout le monde est couvert. Par contre, tous les hôpitaux ne sont pas gérés par l’État […] On ne débourse pas des milliers de dollars pour se faire soigner, on se présente avec l’équivalent de la carte d’assurance maladie en Suède et on se fait soigner […]
En France, vous avez des hôpitaux et des cliniques et tout est couvert par le système de sécurité sociale et les mutuelles […] Peu importe où le patient décide d’aller se faire soigner, sa couverture le suit, et c’est ce genre de modèle là qu’on aurait intérêt à implanter au Canada […] Il y a des gains pour les patients, mais aussi il peut y avoir des gains pour les finances publiques.Patrick Déry.
Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.