Après avoir refusé de partager les informations sur les boîtes noires de l’avion qui s’est écrasé sur son sol et a tué 176 personnes, dont 63 Canadiens, l’Iran semble lâcher du lest.
La République islamique d’Iran a montré vendredi des signes d’ouverture, en annonçant que le Canada et ses alliés sont autorisés à participer à l’enquête pour élucider les circonstances de l’accident.
Deux enquêteurs canadiens ont reçu des visas pour se rendre dans ce pays avec lequel le Canada n’entretient plus de liens diplomatiques depuis quelques années.
Nous espérons que les autres visas seront approuvés prochainement afin que nous puissions commencer à fournir des services consulaires, à aider dans l'identification des victimes et à faire partie de l’enquête sur l’accident.
— François-Philippe Champagne (FPC) 🇨🇦 (@FP_Champagne) January 10, 2020
L’Iran a déclaré dans la foulée que sa version des faits au sujet de cet accident sera communiquée samedi.
Selon l’expert Houchang Hassan-Yari du Collège militaire royal du Canada, cette ouverture tranche nettement avec les déclarations qui ont suivi immédiatement l’accident.
Les autorités iraniennes ont d’abord soutenu, quelques instants après cette tragédie, qu’il y avait eu « une erreur technique », ce qui a forcé l’avion à chercher à faire demi-tour avant de s’écraser quelques minutes seulement après son décollage.
Depuis que des informations de sources des services de renseignements faisant état que l’avion aurait été frappé par des tirs de missiles iraniens ont fait surface, l’Iran chercherait à prouver le contraire, souligne l’enseignant spécialiste du Moyen-Orient. Houchang Hassan-Yari a mentionné qu’il y a eu des arguments des autorités iraniennes réfutant cette thèse, et que celles-ci semblent à présent plus disposées à collaborer avec le Canada et ses alliés, en raison des « pressions importantes ».
« Il y a une certaine accalmie, mais il ne faut pas penser que c’est la fin d’une confrontation entre l’Iran et les États-Unis. Ça pourrait bien dégénérer facilement en guerre totale. »@clatreil en discute avec le spécialiste du Moyen-Orient Houchang Hassan-Yari sur #ICIRDI pic.twitter.com/6RHSaM9h4q
— Radio-Canada Info (@RadioCanadaInfo) January 10, 2020
La question qui se pose est celle de la transparence qui entourera l’enquête en cours. Le premier ministre du Canada Justin Trudeau a déclaré dans un point de presse jeudi qu’il souhaitait que Téhéran fasse preuve d’objectivité dans ce dossier, car il revêt un intérêt particulier pour les membres des familles des nombreux Canadiens disparus.
Cette tragédie aérienne est venue en quelque sorte calmer les ardeurs dans la crise qui s’est ouverte entre les États-Unis et l’Iran, à la suite de l’assassinat du général iranien Qassem Soleimani.
M. Hassan-Yari a confié à Radio-Canada que cette accalmie ne serait que temporaire en raison des enjeux qui demeurent. Selon lui, les relations entre l’Iran et les États-Unis resteront tendues, en raison de la question du nucléaire qui reste entière. Par ailleurs, l’expert mentionne que l’Iran fera tout pour ne pas perdre son influence dans la région du Moyen-Orient.
Citant un compte rendu américain d’un appel téléphonique entre François-Philippe Champagne, le ministre des Affaires étrangères du Canada, et Mike Pompeo, le secrétaire d’État américain, Radio-Canada rapporte que Washington aurait déclaré que l’Iran représente une « force destructrice, violente et agressive » dans la région, d’où la nécessité de renforcer la présence de l’OTAN au Moyen-Orient pour contenir cette force.
Mercredi, le premier ministre Trudeau avait déjà eu à se prononcer sur cette requête maintes fois exprimée par le président Trump. Justin Trudeau a eu à préciser notamment que les Forces canadiennes jouent déjà un rôle important dans cette région, principalement en offrant de la formation aux soldats irakiens.
Avec Radio-Canada et Twitter
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