Les enfants de milieux défavorisés fréquentent très peu ou n’ont pas du tout accès aux services éducatifs, selon un nouveau rapport de l’Observatoire des tout-petits. Crédit : Istock.

Tout-petits des milieux défavorisés au Québec : exclus des services éducatifs?

La question se pose alors qu’un rapport de l’Observatoire des tout-petits fait état de disparités dans les services éducatifs aux enfants du Québec. Elles sont mises en relief par le comité Agir pour que chaque tout-petit développe son plein potentiel.

Donner des chances égales pour un bon départ à tous les enfants du Québec

Ce sont plus de 100 000 tout-petits des milieux défavorisés qui seraient concernés.

Il s’agit généralement d’enfants d’immigrants ou des communautés autochtones qui n’ont pas accès à des services éducatifs.

Les services éducatifs au Québec sont répartis en deux grandes catégories :

  • les services de garde éducatifs à l’enfance (centres de la petite enfance, garderies subventionnées, garderies non subventionnées, personnes reconnues à titre de responsables d’un service de garde en milieu familial par un bureau coordonnateur),
  • les programmes d’éducation préscolaire (maternelle 4 ans, à demi ou à temps plein, maternelles 5 ans à temps plein, programme passe-partout) (Source : rapport)

L’Observatoire des tout-petits a souhaité porter la situation des tout-petits des familles défavorisées à l’attention du ministre provincial de la Famille, en soulignant la publication du rapport.

Ce rapport est ainsi publié plus de deux mois après l’adoption du controversé projet de loi 5 du gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) sur l’implantation de la maternelle dès l’âge de 4 ans partout au Québec.

Mandaté par le ministre de la Famille, le comité Agir pour que chaque tout-petit développe son plein potentiel est coprésidé par la directrice de l’Observatoire des tout-petits Fannie Dagenais et par le président d’Avenir d’enfants Jean-Pierre Hotte.

Dans le mot d’ouverture, les deux présidents soulignent le sérieux de la démarche qui a permis de produire un rapport qui reflète la réalité des enfants des milieux défavorisés en ce qui a trait à l’accès aux services éducatifs.

Une quarantaine d’experts ont apporté leur contribution, à côté de celle des membres du comité-conseil, de sept organismes et des ministères de la Famille, de l’Éducation et de la Santé.

Le constat de l’absence ou de l’insuffisance des services éducatifs pour les tout-petits des milieux défavorisés a fait l’objet d’un consensus entre ces différentes instances, selon les propos des coprésidents. Ces derniers invitent à présent les structures décisionnelles au Québec à agir afin que « chaque tout-petit développe son plein potentiel ». (Source : rapport)

Plusieurs enfants des milieux défavorisés au Québec ne fréquentent pas les services éducatifs en raison de plusieurs barrières : coûts, mauvaise implantation géographique des services, informations difficilement accessibles aux familles, préjugés, services mal adaptés et autres pesanteurs administratives. Crédit : iStock

Des avantages aussi bien pour les enfants, les familles que la société :

Selon le rapport, les services de garde éducatifs et les programmes préscolaires peuvent « être bénéfiques » pour la santé et le développement des enfants », avec des bénéfices à long terme :

  • diminution de l’anxiété, de la dépression, et autres comportements agressifs,
  • amélioration des résultats en lecture, écriture, mathématiques à l’âge de 12 ans,
  • réduction du nombre d’enfants ayant besoin de services spécialisés,
  • augmentation du taux de diplomation, du revenu à l’avenir et baisse du taux de chômage, de la consommation de médicaments ou de drogues à l’âge adulte, diminution de la criminalité. (Source : rapport)

Au-delà de brosser un portrait de la situation des tout-petits qui ne bénéficient pas des services éducatifs à l’enfance, le Comité a déterminé les barrières qui limitent l’accès et a formulé des recommandations pour améliorer la situation.

Le Comité souhaite ainsi voir le Québec tirer des leçons des expériences positives vécues ailleurs dans la province, au Canada et dans le monde pour améliorer ses pratiques et faire en sorte que tous les enfants de 0 à 4 ans accèdent aux services « qui répondent le plus adéquatement à leurs besoins, et ainsi diminuer le risque de présenter une vulnérabilité sur le plan de leur développement ».  (Source : rapport)

En conclusion, le rapport souligne qu’en l’absence de données précises pour suivre la trajectoire des tout-petits qui ne bénéficient pas des services éducatifs à l’enfance, il serait difficile de proposer des solutions plus ciblées.

Selon le rapport, il existe au Québec des services de garde non reconnus, ce qui complique la tâche quand il faut des mesures pour améliorer l’accessibilité des services éducatifs aux enfants des familles défavorisées. Crédit : iStock

Quelques points saillants du rapport

Le Québec compte 530 091 enfants de 0 à 5 ans, soit 6,3 % de la population générale. De ce nombre, 436 755 sont des enfants de 0 à 4 ans.

156 000 enfants de 0 à 4 ans, soit 35,7 %, n’ont pas accès à des services éducatifs.

Parmi les barrières d’accès, il y a les pesanteurs institutionnelles et systémiques, les coûts, les préjugés envers les milieux défavorisés, la mauvaise répartition géographique.

Ce sont les enfants d’immigrants et des communautés autochtones qui sont les plus concernés par la vulnérabilité en ce qui a trait à leur santé et à leur développement (33 %).

De 2012 à 2017, il y a eu une augmentation de la proportion d’enfants vulnérables dans les domaines suivants : santé physique et bien-être, compétences sociales, maturité affective, développement cognitif et langagier.

27,7 % des enfants au Québec entrent à l’école en étant vulnérables dans au moins un domaine de leur développement.

Lorsque les enfants ont des besoins particuliers, leur intégration dans les services éducatifs s’avère plus compliquée.

La solution pour mieux répondre aux besoins des tout-petits des familles vulnérables inclut, en plus des services éducatifs, les services et ressources offerts par les milieux communautaires.  (Source : rapport)

Catégories : Politique, Société
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