Des membres de la communauté mohawk ont déversé du gravier pour renforcer un barrage érigé sur les voies ferrées à Kahnawake, au Québec, le 26 février 2020. Crédit : La Presse canadienne/Ryan Remiorz

Crise ferroviaire : la Sûreté du Québec n’interviendra pas sur les barrages installés par les Mohawks

Dans une entrevue à Radio-Canada, l’adjoint parlementaire de la ministre de la Sécurité publique du Québec Ian Lafrenière a confié qu’au 22e jour de la crise ferroviaire qui nuit aux activités économiques au Québec et au Canada, le gouvernement entend privilégier une approche négociée avec les communautés mohawks.

Ian Lafrenière, secrétaire parlementaire de la ministre de la Sécurité publique du Québec. Photo prise le 21 novembre 2019. Crédit : La Presse canadienne/Jacques Boissinot

Cette annonce est faite dans un contexte marqué par la polémique née après que le premier ministre du Québec François Legault eut déclaré que les manifestants étaient en possession d’armes dangereuses, d’où l’importance pour la police de ne pas démanteler les barrages.

M. Lafrenière a indiqué que cette polémique n’a pas sa place en raison de la mauvaise interprétation des propos du premier ministre. Selon les clarifications apportées par l’adjoint parlementaire, seul un « groupuscule d’individus radicaux est armé », et ces individus ont tendance à profiter d’une situation pour poser des gestes qui seraient répréhensibles.

C’est ainsi qu’en pareille circonstance, M. Lafrenière a souligné que l’approche du dialogue est la seule susceptible de conduire à des résultats concrets. Québec veut éviter la multiplication des barrages comme c’est le cas dans la localité de Belleville, en Ontario, où l’intervention policière semble avoir jeté de l’huile sur le feu.

Au Québec, les terres sur lesquelles la police a eu à intervenir, à Saint-Lambert et à l’île verte, n’appartiennent pas aux Autochtones. Les barricades ont été démantelées sans heurts.

Par contre, sur les sites au sein des communautés autochtones, il est plus difficile d’intervenir en raison des enjeux aussi bien pour les populations locales que pour les paliers de gouvernement qui entendent poursuivre le processus de réconciliation avec les Premières Nations.

Vers une sortie de crise au Canada?

La question se pose alors qu’une rencontre tripartite est envisagée entre des représentants fédéraux, des chefs des communautés wet’suwet’en, ainsi que des délégués provinciaux de la Colombie-Britannique. La ministre fédérale des Affaires autochtones l’a ailleurs confirmé sur son compte Twitter.

Entre-temps, la question des blocages ferroviaires qui plombe les activités économiques partout au pays préoccupe les parlementaires à Ottawa. Le Comité permanent de sécurité publique est en réunion sur la colline du Parlement.

La commissaire de la Gendarmerie royale du Canada Brenda Lucki y prend part. Dans une adresse aux journalistes, elle a réitéré l’approche prônée par le premier ministre du Canada Justin Trudeau en vue du dénouement de cette crise. « C’est par la négociation qu’il faut procéder », a-t-elle déclaré.

Dans le même sens, le ministre fédéral de la Sécurité publique Bill Blair n’a pas souhaité revenir sur la polémique engendrée par les propos du premier ministre du Québec au sujet de la présence des armes d’assaut au sein des Mohawks de Kahnawake.

Il a également souligné l’importance d’user de moyens pacifiques pour mettre fin aux blocages et à ses « conséquences négatives » un peu partout au pays.

Ottawa souhaite voir les chefs héréditaires wet’suwet’en ordonner que les barrages soient levés partout au Canada. Ces derniers ont opposé plusieurs conditions aux négociations avec le fédéral et à la fin de la crise. L’une de ces conditions est la fin de la présence de la GRC sur leurs terres ancestrales.

À l’origine de cette crise qui perdure, le désaccord avec les chefs héréditaires sur le tracé du gazoduc Coastal GasLink qui travers leur territoire ancestral à Wet’suet’en, en Colombie-Britannique. Le pipeline long de 670 kilomètres permettra de transporter du gaz naturel vers une usine de transformation en gaz liquéfié près de Kitimat, dans le nord de la Province, avant son exportation vers les marchés internationaux.

Avec Radio-Canada et Twitter

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Catégories : Autochtones, Économie, Politique
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