Quelle planète léguer à nos enfants ? La question préoccupe les mères et grands-mères du collectif Mères au front. Crédit : Istock

Urgence climatique : mères et grands-mères au front pour l’avenir des enfants

Elles souhaitent voir les dirigeants du Canada mettre en place des « mesures ambitieuses, concrètes et immédiates » pour préserver la vie de ces derniers.

Une question de santé et de sécurité

Les mères et les grands-mères sont mobilisées sous la bannière Mères au front. Elles sont en colère et entendent le faire savoir en allant marcher à Ottawa et en incitant les autres mères de partout au pays à faire la même chose.

Leur message aux élus à l’occasion de la marche du 10 mai, jour de la fête des Mères, se veut un véritable « cri du cœur » en raison de l’urgence climatique.

« On sait qu’il faut agir, et agir vite pour éviter l’emballement climatique. Les solutions existent. Elles sont à notre portée », souligne Laure Waridel. L’auteure de La transition, c’est maintenant et co-instigatrice de Mères au front soutient que les actions à entreprendre seront « bénéfiques à notre santé et à notre bien-être ». Consciente du fait qu’il ne suffit pas de vouloir pour parvenir à impulser de réels changements, elle reconnaît que « certains efforts seront nécessaires pour passer de la parole aux actes ».

« Nous avons besoin de courage politique. Et du courage, nous en avons pour défendre nos enfants », souligne-t-elle dans le communiqué.

 Vêtues de noir, un cœur vert sur la poitrine et le nom de leurs enfants inscrit sur des pancartes pour seuls slogans, elles marcheront en silence. Nombreuses, fières et déterminées , indique le communiqué.

Mélissa Mollen Dupuis
(Photo : Caroline Russel/Amnistie internationale)

Certaines des ambassadrices de ce mouvement sont des figures de la scène médiatique et cinématographique, des professeurs d’université ou des activistes connues pour leur engagement dans des causes sociales. Il en est ainsi de Melissa Mollen Dupuis, activiste innue et fondatrice du mouvement Idle No More.

« La crise climatique menace déjà nos enfants. Dans le nord, le pergélisol fond, les caribous se meurent, nos communautés souffrent. Nous avons déjà dépassé la limite », observe-t-elle dans le communiqué.

Catherine A. Gagnon s’inquiète également des dommages actuels sur son milieu naturel et appelle au renforcement des efforts en vue de sa préservation pour les générations actuelles et futures.

« Je suis d’un territoire d’épinettes, de neige et de banquise, une mer de glace qui recouvre la baie une bonne partie de l’année. Mais depuis des années, mon cœur de mère doute et s’inquiète que nos enfants ne puissent jamais savourer cette nature telle que je l’ai connue : saine, rassurante. Nous avons peuplé notre quotidien de petits gestes verts, pour la protéger, mais cela ne suffit plus! C’est donc armée d’amour en colère que je joins Mères au front », affirme la titulaire d’un doctorat en sciences de l’environnement.

Anaïs Barbeau-Lavalette, auteure, cinéaste et co-instigatrice de Mères au front Crédit : Radio-Canada

Mobilisation pancanadienne

Mère au front souhaite que son appelle rejoigne plusieurs mères canadiennes pour la mobilisation contre ce qui est qualifié « d’inaction politique ».

« Au début, nous étions 40 mères et grands-mères à exprimer notre colère et notre désespoir. Nous sommes aujourd’hui des centaines à travers le pays à vouloir nous battre pour l’avenir de nos enfants. C’est pourquoi, cette année, pour la fête des Mères, on demande d’oublier les fleurs et le brunch : ce que nous voulons, c’est de la droiture politique et des gestes forts immédiats », ajoute pour sa part Anaïs Barbeau-Lavalette, auteure, cinéaste et co-instigatrice de Mères au front.

C’est une question de responsabilité en tant que parent de porter cette revendication, car comme l’a relevé Louise Vandelac, professeure titulaire en sciences de l’environnement et en sociologie à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), « quand la biodiversité s’effondre et que le climat s’emballe, mettre les enfants au monde exige de tout faire pour contrer l’irresponsabilité, le déni et la rapacité menaçant la viabilité du monde, des générations futures et de l’humanité ».

C’est aussi une question de justice et d’équité, renchérit sa collègue Chrisitne Porlier, qui soutient que les femmes réagissent aujourd’hui « comme des Antigone du XXIe siècle », lorsqu’elles s’opposent « à ce qui leur paraît injuste ». Elle estime que les enfants ne devraient pas avoir à subir les contrecoups de « l’inaction politique », en face d’une situation environnementale quasi désastreuse.

« Cela m’amène à penser que nous n’offrons pas ce qu’il y a de mieux à nos enfants, ce qui est à la base de mon devoir de mère, de parent. Imaginez ce que ce doit être de grandir dans un monde où on ne prend pas en considération votre futur », dit l’enseignante de littérature au Cégep de la Gaspésie et des îles.

Les mères et les grands-mères agissent avec leur cœur, portées par l’amour qu’elles ont pour leurs enfants, motivées par l’idée d’inciter à faire un geste de générosité qui permettra à ceux qui assureront la relève de vivre dans un environnement plus sain, plus propice à la vie et à l’épanouissement.

« Depuis quelque temps, j’ai l’intuition profonde que l’amour et l’altruisme – le véritable souci du bien d’autrui – pourraient être des remèdes puissants à notre inaction. C’est ce sentiment profond qui m’amène à devenir une Mère au front, et à croire que la force de cet amour sera notre arme de construction massive pour l’avenir », déclare la médecin psychiatre Isabelle Lopez.

Avec des informations de Mères au front.

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Catégories : Environnement et vie animale, Société
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