(iStock et RCI)

Faire la promotion de thérapies de conversion pour homosexuels sera criminel partout au Canada

Le gouvernement du premier ministre Justin Trudeau entend réaliser une promesse électorale de l’automne dernier. Il a déposé lundi au Parlement un projet de loi qui propose un amendement au Code pénal qui interdirait les thérapies de conversion au Canada.

La thérapie de conversion ou la « thérapie réparatrice » est une pratique largement discréditée par les spécialistes de la sexualité et les psychologues canadiens. Elle consiste à essayer de changer l’orientation sexuelle ou l’identité sexuelle d’une personne en lui donnant des conseils, en modifiant son comportement par des punitions ou en lui prescrivant des médicaments, en partant du principe qu’être gai ou transgenre est anormal et peut se guérir.

Le projet de loi modifiant le Code pénal ferait en sorte que ceux ayant recours à ces thérapies controversées qui visent à modifier l’orientation sexuelle, l’identité de genre ou l’expression des personnes LGBTQ seraient passibles d’emprisonnement.

« Les preuves démontrent que cette pratique ne fonctionne pas, a déclaré le ministre de la Diversité, de l’Intégration et de la Jeunesse, Bardish Chagger. C’est destructeur, c’est nuisible et cela ne devrait pas exister. »

« Quand vous êtes jeunes (mineurs), vous êtes souvent dépendant de votre entourage, de votre famille, de ceux qui vous entourent. Vous ne pouvez pas toujours faire vos propres choix », a-t-il ajouté.

Des thérapies scientifiquement discréditées

En 2012, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré que la thérapie de conversion constituait une « grave menace pour la santé et le bien-être » des personnes concernées. Les techniques de conversion se sont montrées capables de réduire l’excitation sexuelle déclenchée par des stimuli à contenu homosexuel, mais elles n’ont pas entraîné efficacement une augmentation de la réponse à des stimuli hétérosexuels, et elles n’ont jamais transformé des homosexuels exclusifs en hétérosexuels.

La Société canadienne de psychologie est également fermement opposée à ces thérapies. « La thérapie de conversion ou la thérapie réparatrice peut entraîner des résultats négatifs comme la détresse, l’anxiété, la dépression, une image négative de soi, un sentiment d’échec personnel, de la difficulté à entretenir des relations et le dysfonctionnement sexuel », peut-on lire dans l’énoncé de politique de 2015 de l’ACP.

En réponse à une pétition qui avait recueilli en 2018-2019 plus de 18 000 signatures demandant au Canada d’interdire cette thérapie, le gouvernement fédéral avait reconnu les méfaits de cette pratique, mais il s’était limité à dire que l’affaire était la responsabilité des provinces et territoires.

À ce jour, seul 3 des 10 provinces canadiennes, la Nouvelle-Écosse, le Manitoba et l’Ontario, ont adopté des mesures visant à interdire cette pratique dans leurs systèmes provinciaux de santé. Des villes comme Vancouver, Calgary et Edmonton ont également interdit la promotion et l’utilisation de ses thérapies.

Le Canada ne sera pas le premier à criminaliser les auteurs de thérapies de conversion

Depuis 1999, un mouvement s’est amorcé dans le monde pour interdire les thérapies de conversion. L’île de Malte, le Brésil et la Chine l’interdisent déjà, de même que certains États américains.

Si l’amendement au Code pénal canadien est adopté, Campagne Québec-Vie, une organisation antiavortement, a déclaré qu’elle contesterait les changements devant les tribunaux au nom de la liberté religieuse.

« Si une personne se sent mal à l’aise avec son orientation sexuelle, qui est le gouvernement pour lui dire… [qu’elle] n’a pas le droit de changer d’orientation », a déclaré le président de l’organisation, Georges Buscemi, à Radio-Canada.

Entrevue sur les ondes de Radio-Canada avec Jocelyn Gadbois, bénévole à l’Alliance Arc-en-ciel, un organisme de Québec qui défend les droits de la communauté LGBTQ.

Dépister au Québec les « guérisseurs » de la « maladie » de l’homosexualité

Photo : arcencielquebec.ca

Un organisme de défense des droits des homosexuels a lancé en 2017 une offensive afin de débusquer ceux qui prétendent « guérir » l’homosexualité.

L’Alliance Arc-en-ciel à Québec avait procédé à une enquête puisque, selon elle, les pratiques des milieux conservateurs religieux et des sectes ouvertement homophobes face à leurs membres sont très peu documentées.

Selon l’Alliance, certains organismes proposent ici même au Québec aux personnes LGBTQ de les « libérer », selon leur expression, de leur identité sexuelle.

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Justin Trudeau, premier ministre du Canada, au défilé de la fierté gaie en 2018

RCI avec les informations de La Presse canadienne et la contribution de Radio-Canada

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Catégories : Société
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