Symboles artistiques propres aux communautés autochtones sur un territoire qui leur appartient. Crédit : Istock

Atikamekw de Manawan : frontières fermées aux visiteurs non essentiels

Dans la foulée de la panoplie de mesures prises au Canada et ailleurs dans plusieurs de ses provinces, les Atikamekw de Manawan annoncent qu’ils ont aussi pris des dispositions spéciales pour mettre leur communauté à l’abri de la pandémie du coronavirus.

Restriction visant les étrangers

Ils ont notamment interdit l’accès à leur territoire à tous les « visiteurs externes dont la venue ne répond pas à un besoin essentiel pour les habitants ».

Le communiqué spécifie clairement que ce sont les « automobilistes et les motoneigistes non membres de la Nation » qui sont visés.

Cette mesure est annoncée dans un contexte où les paliers gouvernementaux ont interdit tout rassemblement de masse de plus de 50 personnes en Ontario, de plus de 250 au Québec et ailleurs dans les autres provinces, la fermeture des aéroports canadiens aux voyageurs qui ne sont pas des citoyens et des résidents permanents du Canada, la fermeture temporaire des frontières entre le Canada et les États-Unis tout en épargnant le transport des marchandises et des biens.

En raison de l’état d’urgence sanitaire déclaré par les responsables provinciaux au Québec, ces peuples autochtones entendent sévir aux frontières contre toute tentative d’irruption sur leur territoire.

Le Conseil de la Nation Atikamekw (CNA) et les conseils de bande de Manawan, d’Opticiwan et de Wemotaci interpellent notamment le « milieu touristique, les pourvoiries et les clubs de motoneigistes des régions de la Mauricie, de la Lanaudière et du Saguenay-Lac-Saint-Jean » sur l’importance de respecter cette mesure de restriction, car la santé et la sécurité des trois communautés en dépendent. Ces instances soulignent que des mesures de contrôle strictes seront appliquées aux entrées des communautés concernées.

« Le contexte de la crise sanitaire de la COVID-19 met en exergue la vulnérabilité de nos communautés qui, éloignées et contraintes par un manque criant de logements, nous oblige à un maximum de précautions pour éviter l’émergence d’un moindre cas de COVID-19. Une propagation du virus pourrait rapidement prendre des proportions dans les conditions qui sont les nôtres en ce moment », relève Constant Awashish, grand chef de la Nation atikamekw, dans le communiqué.

Les communautés autochtones du Canada d’une façon générale sont frappées de plein fouet par la pauvreté et la précarité. L’accès aux services hygiéniques et aux infrastructures de santé peut parfois relever d’une véritable gageure pour certaines d’entre elles, surtout en zone éloignée.

La question a souvent fait l’objet de préoccupations aux Nations unies, qui ont interpellé le gouvernement du Canada sur l’urgence d’agir.

Dans le communiqué émis par les Atikamekw mercredi, il est mentionné qu’ils ont eu à relever qu’il y a « des délais inconfortables dans une situation de gestion de crise pour obtenir des informations de la part des services régionaux de santé, notamment en ce qui a trait à l’obtention d’équipements indispensables aux opérations quotidiennes des centres de santé locaux ».

Ils déplorent le manque de masques, les capacités limitées en ce qui a trait au transport et à l’isolement des patients. Bien que tout cela ne soit pas de nature à faciliter la tâche des équipes d’urgence sur place, les communautés et le CAN soutiennent que ces équipes restent mobilisées et prêtes à venir en aide à la population locale.

Ils lancent un appel aux responsables provinciaux au Québec et au fédéral en vue d’une aide plus soutenue en cette période de crise.

 Fonds d’aide ciblé pour les communautés autochtones

Ottawa a pris une série de mesures destinées à combattre la pauvreté au sein des populations les plus vulnérables du pays, surtout au sein des communautés autochtones où les enfants sont les plus durement touchés.

Bien que ces mesures aient permis depuis quatre ans de sortir plus 334 000 enfants et plus de 70 000 aînés de la pauvreté à l’échelle du Canada, le chemin qui mène à une véritable amélioration du bien-être général des communautés autochtones partout au pays reste long.

Dans un point de presse sur la gestion de la crise du coronavirus mardi, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a mentionné que les Autochtones ne sont pas en marge de la stratégie voulue pour préserver la santé et la sécurité des Canadiens. C’est ainsi qu’il a dit prévoir, dans les mesures qui seront annoncées ultérieurement, des dispositions particulières pour répondre aux préoccupations des Premières Nations.

En mi-journée mercredi, Justin Trudeau a annoncé le déploiement de 3 % du PIB du Canada pour soutenir les Canadiens en général et leur économie affectés par la crise.

Cela correspond à la somme de 82 milliards de dollars qui sera remise directement aux Canadiens dans le besoin et aux entreprises. Il s’agit d’offrir des prestations d’urgence aux Canadiens qui n’ont pas accès à l’assurance emploi, de bonifier les allocations familiales, de permettre aux entreprises de continuer à supporter la charge salariale de leurs employés, et d’alimenter le fonds d’aide ciblé uniquement pour les communautés autochtones partout au pays, dont le montant dépasse les 300 millions de dollars.

Étant donné que les Autochtones sont susceptibles de se retrouver bien souvent en situation d’itinérance dans les grandes métropoles du pays et de fréquenter les refuges, le fédéral octroie plus de 200 millions de dollars pour la prise en charge de la santé et de la sécurité de tous les Canadiens qui ne sont pas épargnés par la COVID-19 dans les refuges.

Avec les informations du Conseil de la Nation Atikamekw et du gouvernement du Canada

Catégories : Autochtones, Société
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