Une cour d'école fermée à Montréal au Québec, le 27 avril 2020. Photo: La Presse canadienne/ Paul Chiasson.

Compatibilité entre de fortes mesures de distanciation et un retour à l’école?

Lundi, le premier ministre du Québec annonçait que les parents qui le désirent pourraient envoyer leurs enfants en service de garde ou à l’école primaire. François Legault a évoqué la date du 11 mai pour les régions de la province les moins touchées par la pandémie. Tandis que dans la grande région de Montréal, où l’on trouve le plus grand nombre de cas, la réouverture se ferait une semaine plus tard.

Des dates de retour qui sèment l’inquiétude chez les syndicats qui représentent les enseignants québécois. Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE) :

« Un enseignant, c’est un citoyen et on a programmé les gens à rester à la maison depuis six semaines », même si Mme Scalabrini précise que de nombreux enseignants ont hâte depuis plusieurs semaines déjà de retourner en classe, ce n’est pas le cas de tout le monde.

Du côté de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), le ton est plus catégorique : on déclare qu’il n’est pas question de retourner en classe sans équipement de protection.

« Le directeur de la santé publique a reconnu aujourd’hui qu’il se peut que des adultes, au moment où les écoles vont rouvrir, attrapent le virus. Et il se peut même que certains en meurent. » Il a ajouté que la fédération va se pencher là-dessus avant le retour à l’école. Sylvain Mallette, président de la FAE

Une situation qui préoccupe aussi les éducatrices en garderies et les chauffeurs d’autobus scolaires dont la moyenne d’âge est élevée. Lucie Longchamps est vice-présidente de la FSSS-CSN, un syndicat qui représente les travailleuses en garderie qui auront accès à de l’équipement de protection.

« Comme la plupart des Québécois, elles ne se sentent pas prêtes pour un retour en communauté avec tout le monde. Je pense que l’équipement de protection va les rassurer. Les deux semaines qu’on a avant la réouverture vont aussi aider les travailleuses à ce que l’idée fasse son chemin. » Elle précise que la distanciation physique n’est pas réaliste quand on a « des nez à moucher et des couches à changer ».

Un service de garde au Québec Photo : Radio-Canada/Ivanoh Demers

Les syndicats déplorent aussi l’hypocrisie du gouvernement qui, selon eux, veut transformer les écoles en grande garderie pour permettre aux parents d’aller travailler. Ils rappellent que le premier ministre Legault a d’abord brandi l’importance de l’immunité collective face au virus avant de se rétracter.

Les chauffeurs veulent être protégés adéquatement

Dans la province, pas moins de 54 % des chauffeurs d’autobus sont âgés de plus de 60 ans et 14 % d’entre eux ont plus de 70 ans. Pour certains, ce n’est pas un simple panneau protecteur qui va les rassurer. Eux aussi veulent obtenir l’assurance d’être protégés par un masque, des gants et du liquide désinfectant.

Continuer l’application de fortes mesures de distanciation sociale

En soirée lundi, l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) clarifiait sa position quant à l’importance de ces mesures. L’INSPQ prévient qu’il faut maintenir de fortes mesures de distanciation sociales pour empêcher que le retour à l’école s’accompagne d’une recrudescence de la transmission de la COVID-19 dans la population.

Une publication qui a fait réagir la députée du Parti québécois Véronique Hivon. Elle a demandé sur Twitter si l’INSPQ mettait la stratégie de l’immunité collective de côté? Quelques minutes plus tard, l’Institut offrait plus de détails.

« Dans le contexte actuel, pour empêcher que le retour à l’école ou à la garderie s’accompagne d’une recrudescence de la transmission chez les adultes, il faudra que ce retour se fasse tout en maintenant de fortes mesures de distanciation sociale », a écrit l’INSPQ sur Twitter.

Par contre, met en garde l’Institut, « il est certain que l’infection des enfants contribuerait à une transmission substantielle de la COVID-19 à leurs parents et aux autres adultes qui les entourent et pourrait ainsi entraîner un grand nombre d’hospitalisations sur une courte période avec un potentiel réel de dépassement de la capacité du réseau de la santé tant dans les grands centres urbains que dans les régions ».

Avec des informations de La Presse canadienne

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