Un rue d'Alger remplie de manifestants le 20 septembre 2019. Crédit photo: Samir Bendjafer.

Des médias algériens en ligne et des journalistes ciblés par la censure

Amnistie internationale exhorte les autorités algériennes à cesser de cibler des militants du Hirak et des journalistes afin de leur faire subir des poursuites arbitraires depuis le début de la pandémie de COVID-19.

L’organisme fait état de séances d’interrogation, de détention provisoire et de condamnations dans six villes d’Algérie, entre le 7 mars et le 13 avril. Au moins 20 militants ont ainsi été convoqués par la police parce qu’ils exerçaient leur droit à la liberté d’expression ou de réunion pacifique, ont fait remarquer des avocats spécialisés dans les droits de la personne.

Le Hirak est ce mouvement populaire qui appelait, il y a plus d’un an, à la démission du président Bouteflika et qui s’est poursuivi par la suite sous les pancartes « Système dégage ». Maintenant, certains observateurs accusent le gouvernement en place d’utiliser la crise sanitaire à des fins politiques afin d’enrayer la colère des Algériens qui descendaient dans les rues pour réclamer des changements. Heba Morayef, directrice du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient pour Amnistie internationale, dénonce les agissements des autorités au pouvoir.

« Elles doivent libérer immédiatement et sans condition tous les militants et militantes pacifiques, détenus uniquement pour avoir exprimé leurs opinions en ligne et hors ligne et appelé de leurs vœux une réforme démocratique. En procédant à leur arrestation et à leur incarcération, elles les sanctionnent pour leur liberté de parole et mettent aussi en péril leur santé, étant donné les risques de propagation de la COVID-19 en prison. » Heba Monrayef

Un moment opportun pour les autorités algériennes, selon Amnistie internationale, alors que tous les regards, tant au niveau national qu’international, sont tournées vers la gestion de la crise du nouveau coronavirus. Le Comité national pour la libération des détenus (CNLD) est d’avis qu’entre le 26 mars et le 12 avril, au moins 12 militants ont été convoqués et interrogés au sujet des opinions qu’ils avaient exprimées sur Internet, majoritairement en soutien au mouvement de contestation du Hirak.

Un appel à la libération de Khaled Drareni 

Lors du week-end dernier, alors que s’est tenue la Journée mondiale de la liberté de la presse, Amnistie internationale a déclaré que les autorités algériennes doivent mettre fin aux poursuites illégales à l’encontre du journaliste Khaled Drareni, fondateur du site d’information CasbahTribune, correspondant de la chaîne de télévision française TV5 Monde et un représentant de Reporters sans frontières (RSF) en Algérie.

Un appel qui s’inscrit dans le cadre d’une campagne plus large lancée le 3 mai par l’organisation pour demander aux sympathisants et aux journalistes du monde entier de faire preuve de solidarité et appeler les autorités à mettre fin aux restrictions injustifiées imposées aux journalistes et aux médias indépendants en Algérie.

Les autorités nient qu’il y a entrave

Cité par l’Agence France-Presse, Ammar Belhimer, ministre de la Communication et ex-journaliste, a démenti toute entrave et a affirmé que l’État algérien soutient puissamment la liberté de la presse. De son côté, le président Abdelmajid Tebboune s’est exprimé lors d’une rencontre avec des médias nationaux vendredi dernier.

« Il y a 8000 journalistes et pour trois ou quatre d’entre eux qui ne font pas partie de la presse nationale, mais de la presse étrangère, financée par l’étranger, il y a eu tout un boucan autour d’atteintes à la liberté de la presse. » Abdelmajid Tebboune, président de l’Algérie depuis décembre 2019

Selon Reporters sans frontières, l’Algérie est en 146e place du classement mondial de la liberté de la presse rn 2020. En 2015, le pays figurait au 119e rang.

Avec des informations d’Aministie internationale et de l’Agence France-Presse 

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