La demande pour des masques devrait augmenter à mesure que de plus en plus de Canadiens retournent au travail et que les responsables de la santé publique se préparent du coup à une éventuelle seconde vague d'infections par la COVID-19. Une chaîne de production pour la fabrication de masques dans une usine à Shanghai, en Chine. ALY SONG / REUTERS

Forte dépendance du Canada envers la Chine pour des EPI souvent inférieurs

D’après une analyse de données obtenues par CBC News et La Presse canadienne, le Canada semble avoir les mains liées pour son approvisionnement en équipements de protection individuelle (EPI) lorsqu’on examine la quantité de contrats signés récemment avec la Chine et les livraisons attendues.

En date de jeudi dernier, Santé Canada avait commandé 1,8 milliard d’unités d’EPI, allant des masques aux gants en passant par des blouses. Or, sur les 36 types d’équipements commandés, 34 sont fabriqués en Chine.

Des millions de masques N95, de masques chirurgicaux, de blouses et d’autres équipements sont déjà arrivés au Canada en provenance de Chine, et bon nombre d’entre eux ont passé les tests de fiabilité.

Mais à plus d’une occasion, au Canada et ailleurs, notamment en Finlande, aux Pays-Bas et en Espagne, des produits fabriqués en Chine ont été retournés parce qu’ils ne respectaient pas les normes nationales.

Les masques requièrent plusieurs étapes de production relativement sophistiquées et tous ne sont pas créés égaux. Photo : Wang Zhao Agence France-Presse

Comment faire le tri entre les bonnes et les mauvaises pommes?

Le mois dernier, le gouvernement chinois avait lui-même révélé qu’il avait dû saisir, depuis le début de la pandémie en janvier, 89 millions d’unités d’EPI qui ne répondaient pas à ses propres normes de fabrication.

Durant la troisième semaine d’avril, des inspecteurs du ministère canadien de la Santé ont dû rejeter une cargaison chinoise de masques N95 en raison de défectuosités.

Lundi, l’ambassade chinoise à Ottawa a fait cette déclaration sur son compte Twitter : « Il a été rapporté qu’un million de masques exportés au Canada depuis la Chine ne respectaient pas les normes pour les professionnels de la santé. Les plus récentes informations que nous avons de communications avec Affaires mondiales Canada est que le problème était un enjeu contractuel et qu’il a été résolu. »

En plus des masques N95, le Canada a rejeté une cargaison de tests de la COVID-19 en provenance de Chine parce qu’ils étaient contaminés par de la moisissure.

Des millions de masques N95, de masques chirurgicaux, de blouses et d’autres équipements sont déjà arrivés au Canada en provenance de Chine, et bon nombre d’entre eux ont passé les tests de fiabilité. (CBC)

Équipements périmés ou de qualité inférieure sur fond de pénurie

Santé Canada a autorisé l’importation de certains équipements de protection individuelle comme les masques et les blouses qui ne répondent pas à ses normes en raison de la pénurie mondiale de fournitures.

La pénurie d’équipement est toujours à ce point élevée que plus de deux mois après le début de la pandémie, les gouvernements fédéral et provinciaux autorisent maintenant les travailleurs de la santé à utiliser des masques périmés ou fabriqués selon des normes chinoises qui sont inférieures aux normes canadiennes.

Dans le cas du ministère canadien de la Santé, il appert maintenant que l’autorisation est venue dès le mois de mars. Ottawa avait alors adopté un arrêté provisoire qui autorisait l’importation et la vente au Canada de masques, d’écrans faciaux et de blouses même s’ils ne répondaient pas aux normes de Santé Canada avant la COVID-19.

Santé Canada n’a pas répondu aux questions de CBC News sur cet assouplissement des règles, mais la description de l’ordonnance précise que les produits doivent encore être « fabriqués selon des normes comparables ». Sur le site web du ministère, on précise que l’ordonnance provisoire est motivée par un « besoin urgent et sans précédent de dispositifs médicaux pendant la pandémie ».  (CBC)

La protection des travailleurs de la santé est-elle compromise?

La pénurie conduit également certaines provinces à prendre des décisions sans précédent. CBC News a appris que l’autorité sanitaire de la Saskatchewan a décidé d’autoriser ses travailleurs de la santé à commencer à utiliser ses stocks de masques N95 périmés depuis cinq ans et achetés lors de l’épidémie de grippe H1N1 en 2009-2010.

La province se défend en affirmant que les masques ont été stockés dans des conditions optimales et qu’ils ont été testés par un laboratoire indépendant, « où ils ont passé avec succès les tests d’inhalation/expiration et de filtration ».

Le président de l’Association médicale canadienne, le Dr Sandy Buchman, déclare que de telles mesures exceptionnelles rendent des médecins anxieux.

« Cela envoie un signal, un message pour nous, que nous recevons un approvisionnement de qualité inférieure, et cela nous met en danger, ainsi que nos patients… », a-t-il dit.

NOUVEAU : Le Canada exhorte les pays à s’unir pour financer une vaccination universelle

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, anime le 4 mai 2020 la conférence internationale d’annonce de contributions pour la lutte contre les coronavirus en ligne. Lors de la rencontre virtuelle, le premier ministre Justin Trudeau a encouragé tous les pays à s’unir pour lutter contre la pandémie, alors que les États-Unis se sont tenus à l’écart de cette conférence sur le financement et la collaboration internationale contre la COVID-19. (Commission européenne.)

RCI avec CBC News et La Presse canadienne

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