Un véhicule de police patrouille dans un parc pour informer les gens des protocoles de distanciation physique à Montréal, le samedi 2 mai 2020, alors que la pandémie de COVID-19 se poursuit au Canada et dans le monde entier. (Photo : La Presse canadienne/Graham Hughes)

L’OMS met en garde contre la fin précipitée des confinements

Le risque de retour au confinement reste très réel si les pays ne gèrent pas la transition avec une extrême prudence et selon une approche progressive.Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'Organisation mondiale de la santé

Lors de sa réunion virtuelle quotidienne d’information, l’OMS a tenu à avertir les pays qui allègent des restrictions qu’ils doivent agir prudemment. Sinon, ils risquent une augmentation rapide des nouveaux cas.

Le directeur général Tedros Adhanom Ghebreyesus a déclaré que les pays devaient s’assurer qu’ils disposaient de mesures adéquates pour contrôler la propagation de la COVID-19, comme des systèmes de suivi et des mesures de quarantaine.

Pour sa part, l’épidémiologiste de l’OMS Maria Van Kerkhove a fait part de ses inquiétudes concernant la maladie qui a infecté 3,71 millions de personnes dans le monde et tué plus de 258 000 personnes, selon un décompte de Reuters.

Si les mesures de confinement sont levées trop rapidement, le virus peut se propager.Mme Van Kerkhove lors de la réunion.

Faut-il choisir entre l’économie et la santé?

Les pays ont commencé à assouplir les restrictions de confinement, permettant à certaines entreprises de rouvrir, malgré l’épidémie de COVID-19. (Photo : REUTERS/Yves Herman)

Les fermetures par les gouvernements des divers secteurs de l’économie sont devenues de plus en plus impopulaires, car les pays commencent à voir les conséquences d’une activité économique au ralenti. Les taux de chômage n’arrêtent pas de croître.

Dans une récente conférence virtuelle, des experts de la Banque mondiale ont mentionné que la crise causée par la COVID-19 pourrait avoir de profondes conséquences économiques à long terme, mais qu’elles ne seraient pas toutes négatives.

La crise aura probablement un impact majeur sur la mondialisation et les chaînes de valeurs mondiales, et elle pourrait entraîner une remise en cause du contrat social et du rôle de l’État dans les grandes économies.

La crise et ses conséquences pourraient donner l’occasion de renforcer les efforts d’atténuation du changement climatique en rendant plus «verts» les plans de relance adoptés par les gouvernements. Notre façon de travailler va probablement changer également, avec la généralisation du travail flexible et à domicile.Beata Javorcik économiste en chef de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD)

Certains pays européens, comme l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie, ont commencé à assouplir leurs restrictions, tandis que le président américain Donald Trump a déclaré qu’il se concentrait sur la réouverture du pays.

Au Canada

Les gens passent devant une peinture murale de l’interprète en langue des signes Nigel Howard et de la directrice générale de la santé publique du Canada, la Dre Theresa Tam, créée par l’artiste Ian Morris, vue le long de la rue Government à Victoria, en Colombie-Britannique, le mercredi 6 mai 2020. (Photo : La Presse Canadienne/Tchad Hipolito)

Ottawa laisse à chaque province le soin de déterminer à quoi devrait ressembler son déconfinement. 

Le premier ministre Justin Trudeau a déclaré le 26 avril dernier que chaque région du Canada vit une situation différente en ce qui concerne le virus. « Les provinces ont le pouvoir de déterminer ce qui est dans leur intérêt », a-t-il dit.

Au Québec, épicentre de la contagion au Canada, les écoles primaires et les garderies pourront rouvrir avant la mi-mai. Quant aux écoles secondaires, aux collèges et aux universités, ils resteront fermés jusqu’en septembre. Les commerces et certaines industries reprennent aussi peu à peu vie. 

Les autres provinces et territoires canadiens gèrent leur plan de déconfinement de façon autonome selon leurs propres critères. En général, les démarches sont très prudentes.

Par exemple, la Colombie-Britannique a connu le premier décès dû à la COVID-19 au Canada et le premier cas de transmission communautaire, mais n’a signalé que 23 nouveaux cas mercredi. À titre comparatif, le Québec a rapporté 910 nouveaux cas de mardi à mercredi.

Les Canadiens ambivalents quant aux directives

Pendant des semaines, les Canadiens ont été bombardés de titres alarmants décrivant les horreurs de la COVID-19, notamment des symptômes mystérieux et la mort soudaine de personnes apparemment en bonne santé.

Les experts prédisent tout de même que la plupart des personnes infectées survivront et que beaucoup ne se rendront même pas compte qu’elles sont malades.

«[Au début de la crise], la priorité était de ne pas surcharger les hôpitaux, a déclaré à CBC News Katherine Lippel, professeure de droit civil à l’Université d’Ottawa. C’était une réponse collective à un besoin collectif.»

Les Canadiens pourraient se faire pardonner s’ils n’ont pas envie de retourner sur le terrain et de se faire infecter.

Les statistiques sombres des hospitalisations et des décès révèlent un risque réel qui ne peut être écarté.

«Je pense que nous avons tous un certain degré d’anxiété ou de peur», a dit le Dr Sanjeev Sockalingam, professeur de psychiatrie à l’Université de Toronto. «Nous voyons de nombreuses personnes qui ont ces préoccupations et qui partagent ces soucis.»

La pandémie et l’économie canadienne

Dans le quartier Montréal-Nord, le nombre de personnes contaminées par le coronavirus a augmenté de manière fulgurante ces derniers jours. (Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers)

En ce qui concerne les effets de la pandémie sur l’économie canadienne, les derniers chiffres du chômage de Statistique Canada montrent clairement à quel point les répercussions de la COVID-19 sont devenues graves.

Le taux de chômage a augmenté davantage en mars 2020 qu’au cours de tout autre mois depuis que ces données sont disponibles pour la première fois en 1976. Plus de 3 millions de Canadiens ont perdu leur emploi ou vu leurs heures de travail réduites à cause de COVID-19.

Selon une analyse du Conference Board du Canada, les ventes au détail ont été particulièrement touchées par les fermetures, les restrictions de voyage et les exigences de l’éloignement physique. Contrairement à d’autres secteurs de l’économie, les travailleurs du commerce de détail ont peu la possibilité de travailler à domicile.

Au Canada, la pandémie a nui à plus de 1,3 million d’emplois dans le secteur du commerce de détail.

La dernière enquête sur la population active montre que le nombre de personnes travaillant dans le commerce de gros et de détail a diminué de 208 000 en mars. Les chiffres d’avril pourraient être encore plus élevés, car les mesures visant à limiter la propagation du virus n’ont pris pleinement effet qu’à la mi-mars.

Le Conference Board croit que l’effet des pertes de recettes de la taxe sur les produits et services (TPS) sur les budgets provinciaux sera variable.

Au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse et en Ontario, les taxes liées au commerce de détail représentent les pourcentages les plus élevés des recettes provinciales du pays.

Par exemple, le Nouveau-Brunswick pourrait perdre jusqu’à un dixième de ses recettes publiques en raison de la baisse des dépenses de détail.

Justin Trudeau, premier ministre du Canada (Photo : REUTERS/Blair Gable)

Depuis le début de la crise, le gouvernement du Canada a créé plusieurs programmes pour limiter les effets négatifs de la pandémie sur le commerce de détail. Il s’agit notamment de la Subvention salariale d’urgence du Canada, du Compte d’urgence pour les entreprises du Canada, du nouveau programme de prêts et de garanties pour les petites et moyennes entreprises, et de la possibilité de reporter tous les paiements de TPS/TVH jusqu’en juin.

Mais nous ne savons pas dans quelle mesure ces programmes protégeront les budgets provinciaux. Cela deviendra plus clair dans les prochains mois, mais les économistes prévoient une baisse à deux chiffres des recettes de la taxe de vente pour cet exercice. Nous ne savons pas non plus à quel point la demande des consommateurs sera refoulée une fois les restrictions assouplies. Cela dépendra du montant que les consommateurs pourront dépenser pour les choses qu’ils ont différé d’acheter pendant la pandémie et de la sécurité de leur emploi.Extrait de l'analyse du Conference Board du Canada

La confiance des consommateurs est au plus bas au Canada, et la reprise sera donc lente. Par conséquent, nous ne prévoyons pas que les dépenses de détail au Canada reviendront à leur sommet d’avant la crise avant au moins 12 mois. Cette longue période de faiblesse touchera à la fois les employés du commerce de détail et les finances publiques.

Pour en savoir plus : 

RCI avec Reuters, Radio-Canada, CBC News et The Conference Board. 
Catégories : Économie, International, Santé
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