«Il est encore tôt, mais le taux de létalité semble être un peu plus élevé pour la COVID-19, mais l'infectiosité pour la grippe espagnole, c'est-à-dire sa capacité de propagation, est un peu plus élevée que pour la COVID-19. Nous ne savons toujours pas si ces taux seront identiques à long terme» croit le Dr. Kevin Coombs de l'Université du Manitoba. (Photos : à gauche des personnes se remettant de la grippe espagnole au Camp Funston, Kansas, États-Unis en 1918. Crédit: Armée américaine via REUTERS À droite : Hôpital temporaire à l'intérieur du centre de conférence au milieu de l'épidémie de COVID-19 à Madrid, Espagne. Crédit : REUTERS/Sergio Perez)

Quelles similitudes existe-t-il entre la grippe espagnole et la COVID-19?

Un expert canadien affirme qu’il existe des parallèles entre le virus mortel de 1918 et le nouveau coronavirus d’aujourd’hui. Il est convaincu qu’un vaccin sera mis au point sous peu.

En 2018, le Dr Kevin Coombs, qui travaille au Département de microbiologie médicale et de maladies infectieuses de la Faculté de médecine Max Rady de l’Université du Manitoba, a comparé la réaction du virus de la grippe espagnole sur les protéines qu’elle vise dans les cellules par rapport à d’autres virus bénins ou hautement pathogènes. L’équipe de recherche a remarqué que la grippe espagnole affectait de nombreuses protéines non identifiées dans d’autres études.

À la lumière de la pandémie de COVID-19, le Dr Coombs croit que « nous sommes en bien meilleure position aujourd’hui » pour atténuer la pandémie que ceux qui vivaient il y a 100 ans.

« La grippe espagnole a profité d’une voie de transmission particulière bien plus que d’autres virus, y compris la grippe aviaire. Cela est lié au fait que non seulement le virus était pathogène, mais qu’il a pu se propager à un grand nombre de personnes différentes. »Kevin Coombs

Selon M. Coombs, il existe plusieurs parallèles entre la grippe espagnole et le nouveau coronavirus.

  • Les deux virus provoquent le syndrome de la « tempête de cytokines », une complication dans laquelle le corps réagit de manière excessive au virus, et cette réaction excessive fait plus de mal que le virus.
  • Les deux virus étaient tout à fait nouveaux, de sorte que la majorité de la population mondiale n’avait pas d’anticorps contre les virus.
  • Les deux sont également des virus respiratoires et sont très infectieux.

« Il est encore tôt, mais le taux de létalité semble être un peu plus élevé pour la COVID-19, mais l’infectiosité pour la grippe espagnole, c’est-à-dire sa capacité de propagation, est un peu plus élevée que pour la COVID-19. Nous ne savons toujours pas si ces taux seront identiques à long terme. »Kevin Coombs

M. Coombs croit qu’en 1918, il a fallu beaucoup plus de temps pour que les gens pratiquent la distanciation sociale. Maintenant, non seulement nous avons adopté cette pratique plus tôt, mais il pense que nous sommes en bien meilleure position pour atténuer une pandémie.

«Nous sommes tellement mieux préparés maintenant. Nos systèmes de soins de santé sont beaucoup plus développés. À l’époque, beaucoup de choses n’existaient pas. Par exemple, la pénicilline n’a été découverte que quelques décennies plus tard. Il n’existait donc aucun traitement pour les personnes souffrant d’une infection bactérienne. Beaucoup de personnes qui ont succombé au virus de 1918 sont mortes de la «tempête des cytokines» ou d’une autre maladie infectieuse parce que leur immunité était affaiblie. »Kevin Coombs

En étudiant les données disponibles pour la COVID-19, le Dr Coombs croit que les mesures que nous prenons pour atténuer la pandémie, comme la distanciation physique et les tests, fonctionnent.

Il travaille avec ses collègues du Laboratoire national de microbiologie pour établir un projet de recherche sur la COVID-19.

« Il est possible que [cette fois] nous soyons en contrôle. Mais je dis cela sous un ton très conditionnel, car il est trop tôt pour que les gens sortent, profitent du soleil et commencent à faire ce qu’on nous dit de ne pas faire. C’est tentant, mais nous ne pouvons pas encore le faire », a-t-il déclaré.

Personnel médical dans une unité des soins intensifs avec des patients souffrant de la COVID-19. (Photo : REUTERS/Fedja Grulovic)

Le coronavirus n’est pas totalement inconnu des scientifiques

Selon lui, les scientifiques connaissent les coronavirus depuis longtemps et ces connaissances aideront les chercheurs à mettre au point un vaccin contre la COVID-19.

«Je pense donc que les gens doivent réaliser que ce virus particulier est relativement nouveau, mais que le groupe de virus dont il fait partie nous le connaissons depuis de nombreuses décennies. Je suis sûr qu’il y aura un vaccin. La question est de savoir combien de temps il faudra. »Kevin Coombs

L’étude du Dr Kevin Coombs comptait sur une équipe de recherche qui comprenait le Dr Darwyn Kobasa, de l’Agence de santé publique du Canada (ASPC), et le Dr Charlene Ranadheera, de l’ASPC.

On estime que la grippe espagnole a infecté environ 500 millions de personnes, soit un tiers de la population mondiale. Le virus a causé au moins 50 millions de décès dans le monde.

RCI avec l'Université du Manitoba, NewScientist magazine. 
Catégories : Santé
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