La pandémie de COVID-19 a forcé des millions d’employés à faire du télétravail, stigmatisé jadis par les employeurs. Apprécié par plusieurs employés et par certains employeurs qui ont découvert ses vertus, le télétravail est-il là pour toujours?
Twitter a annoncé au début de la semaine qu’il autorise désormais à ses employés pouvant et voulant travailler de chez eux de le faire indéfiniment. Plusieurs entreprises, dont Google, Facebook et Microsoft, ont annoncé qu’elles continueront à imposer le télétravail à leur employés jusqu’à, au moins, la fin de l’année 2020.
La pandémie de coronavirus a mis en exergue l’utilité et l’importance du télétravail. Pour les employés, à part qu’il leur a permis de garder leur travail, alors que des millions d’emplois sont perdus, ils économisent sur les dépenses quotidiennes (transport, habillement, restaurants), gagnent le temps perdu dans les embouteillages lors de leurs déplacements au travail, une flexibilité d’emploi, surtout pour les familles ayant de jeunes enfants. Selon des psychologues, le télétravail, lorsqu’il est bien fait, améliore la productivité et la créativité et stimule le moral.
50 % des Canadiens étaient en télétravail depuis le début de la crise et l’instauration des mesures de confinement. 79 % d’entre eux sont satisfaits de cette nouvelle forme de travail, selon un sondage Léger.
Les employés ne sont pas, toutefois, égaux devant le télétravail, qui « creuse les inégalités sociales entre les salariés au profit des mieux payés », selon les professeurs de l’UQAM Gerges. A. Tanguy et Ugo Lachapelle, qui ont étudié l’état des lieux de télétravail au Canada.
Le télétravail, pour certains employés, est aliénant. On perd un certain temps de travail et de socialisation avec les collègues. Des sociologues croient que le sens de l’appartenance des employés à l’égard de leur entreprise risque d’être affecté si le télétravail remplace complètement le travail au bureau.
Des parents pris par des enfants dans leurs pattes, surtout pendant une période de confinement, ne trouvent pas avantageux le travail à la maison.

Des parents pris par des enfants dans leurs pattes, surtout pendant une période de confinement, ne trouvent pas avantageux le travail à la maison.
Photo: iStock
Des employés se plaignent aussi de problèmes musculosquelettiques, car ils ne disposent pas d’un bureau ni d’une chaise, voire d’espace adéquat. Ils doivent assumer les coûts d’achat de bureau ou de chaise de bureau convenables, ainsi que des frais connexes comme la connexion Internet, du chauffage et de la climatisation.
Les employeurs généralement réfractaires, avant la pandémie de coronavirus, au télétravail, source de « vol de temps » et de perte de productivité, pour certains gestionnaires. Cette « perte de productivité », si elle se réalise, ne dépasse pas 1 %, selon une étude du cabinet de recherche Valoir. La principale distraction, ce sont les réseaux sociaux, selon la même étude.
Grâce au télétravail, les employeurs économisent sur les frais d’exploitation des bureaux.
Les employeurs peuvent, dans l’ère de la digitalisation accrue du travail, mesurer facilement les performances de leur employés. Tous les emplois ne peuvent pas, par contre, être relocalisés chez les employés, particulièrement des emplois de production manufacturière.
Le télétravail pose des problèmes de sécurité informatique. Les pirates informatiques exploitent des failles techniques des outils de connexion à distance du réseau informatique de l’entreprise. Cette dernière doit être équipée d’un système d’information et d’une infrastructure technologique sécurisée.
Selon des experts en RH, et dans la foulée d’un déconfinement total, un modèle hybride s’installera dans notre milieu de travail : les employés seront présents pour quelques jours au bureau, quand la présence est jugée indispensable, et ils passeront le restant de la semaine chez eux.
Un climat propice pour le travail à la maison doit être encouragé, selon d’autres observateurs, comme la dotation des régions, sous équipées, d’un accès à Internet haute vitesse et la couverture, en partie, par les employeurs des frais d’installation d’un bureau à la maison, à l’instar de Twitter, qui a accordé 1000 $ à ses employés en télétravail.
Zoubeir Jazi
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