Alors que la COVID-19 anéantit des systèmes de santé déjà fragiles, plus de 6000 enfants supplémentaires de moins de 5 ans pourraient mourir chaque jour en l’absence de mesures immédiates.
Une récente analyse, qui se fonde sur l’issue la plus pessimiste de trois scénarios dans 118 pays à revenu faible et intermédiaire, estime que l’on pourrait enregistrer 1,2 million de décès supplémentaires d’enfants de moins de 5 ans au cours des six prochains mois en raison du recul de la couverture des services de santé disponibles et d’une augmentation de la fragilité des enfants.
C’est l’une des premières estimations des effets indirects de la pandémie de COVID-19 sur la mortalité maternelle et infantile dans les pays en développement. Elles ont été dévoilées cette semaine par l’UNICEF Canada et par des chercheurs de la Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health. Les données ont été publiées dans The Lancet Global Health.
Ces décès possibles d’enfants viendraient s’ajouter aux décès de 2,5 millions d’enfants de moins de 5 ans déjà enregistrés tous les six mois dans les 118 pays visés par l’étude. Cela menacerait d’annuler près d’une décennie de progrès vers l’élimination des décès évitables d’enfants en bas âge.
Comment le virus fragilise-t-il la santé des mères et des enfants?
Selon cette étude, dans les pays dont le système de santé est déjà fragile, la COVID-19 perturbe les chaînes d’approvisionnement de fournitures médicales et exerce une pression sur les ressources financières et humaines.
Les confinements, les couvre-feux, l’interruption des transports et la crainte permanente des communautés de se faire infecter font baisser les taux de fréquentation des centres de santé.
L’UNICEF prévient que ces perturbations risquent de provoquer une augmentation catastrophique du nombre de décès infantiles et maternels.
Protéger les plus vulnérables en tout temps
En entrevue avec Radio Canada International, David Morley, le président et chef de la direction d’UNICEF Canada, a dit que cette pandémie nous a appris que les systèmes de santé et les politiques doivent protéger les gens, et pas seulement en cas de crise. M. Morley croit que lorsque le monde lutte contre la pandémie, il est temps de jeter les bases pour imaginer à quoi pourrait ressembler l’enfance pour les jeunes du monde entier.
Le président au Canada de l’agence onusienne pour l’enfance croit par ailleurs que le Canada pourrait entre autres allouer plus de ressources aux services et fournitures essentielles de santé maternelle et infantile dans les pays en développement.
Également, le Canada peut veiller à ce que les travailleurs de la santé reçoivent l’équipement de protection individuelle nécessaire et qu’ils obtiennent des tests prioritaires et une vaccination une fois qu’un vaccin sera disponible afin qu’ils puissent fournir des soins de haute qualité à toutes les femmes enceintes et aux nouveau-nés pendant la pandémie. David Morley, UNICEF Canada
Pour le président et chef d’UNICEF Canada, son pays peut aussi contribuer à garantir que toutes les mesures de prévention et de contrôle des infections sont en place dans les établissements de santé pendant l’accouchement et immédiatement après.
En tant qu’organisation humanitaire axée sur l’aide à l’enfance, l’UNICEF est présente dans plus de 190 pays et territoires dans le monde, même dans les régions les plus difficiles du monde. Nous avons demandé à M. Morley dans quelles régions du monde son organisation comptait intervenir pour atténuer les effets directs et indirects de cette pandémie.
Les trois scénarios
Les auteurs de l’analyse ont étudié trois scénarios possibles concernant les effets que pourrait avoir une diminution des interventions vitales en raison de la crise sur les décès infantiles et maternels.
- Dans le scénario le moins pessimiste, qui repose sur une baisse de près de 15 % de la couverture des services de santé, les décès d’enfants de moins de 5 ans augmenteraient de 9,8 %.
Cela représenterait 1400 décès par jour, et les décès maternels, de 8,3 %.
- D’après le scénario le plus sombre, qui repose sur une diminution de la couverture de près de 45 %, les décès d’enfants de moins de 5 ans pourraient augmenter de 44,7 % et les décès maternels, de 38,6 %, tous les mois.
La plupart des décès supplémentaires seraient alors dus à une augmentation de la prévalence de la fragilité chez les enfants (ce qui implique d’autres effets potentiels que ceux du recul de la couverture des systèmes de santé) et à une diminution du traitement de la pneumonie et du sepsis néonatals.
Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.