Soro Sali avec son nouveau-né à l'hôpital régional de Korhogo, dans le nord de la Côte d'Ivoire. La belle-sœur de Sali est morte en donnant naissance à des triplés. Saki et ses trois soeurs s'occupent maintenant des bébés de 10 jours. (Photo : © UNICEF/Frank Dejongh)

Coronavirus dans le monde : 6000 enfants de plus pourraient mourir chaque jour

Alors que la COVID-19 anéantit des systèmes de santé déjà fragiles, plus de 6000 enfants supplémentaires de moins de 5 ans pourraient mourir chaque jour en l’absence de mesures immédiates.

Une récente analyse, qui se fonde sur l’issue la plus pessimiste de trois scénarios dans 118 pays à revenu faible et intermédiaire, estime que l’on pourrait enregistrer 1,2 million de décès supplémentaires d’enfants de moins de 5 ans au cours des six prochains mois en raison du recul de la couverture des services de santé disponibles et d’une augmentation de la fragilité des enfants.

C’est l’une des premières estimations des effets indirects de la pandémie de COVID-19 sur la mortalité maternelle et infantile dans les pays en développement. Elles ont été dévoilées cette semaine par l’UNICEF Canada et par des chercheurs de la Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health. Les données ont été publiées dans The Lancet Global Health

Ces décès possibles d’enfants viendraient s’ajouter aux décès de 2,5 millions d’enfants de moins de 5 ans déjà enregistrés tous les six mois dans les 118 pays visés par l’étude. Cela menacerait d’annuler près d’une décennie de progrès vers l’élimination des décès évitables d’enfants en bas âge.

Le 3 avril 2020, une infirmière prend la température d’une jeune fille dans un centre de soins de santé primaires à Beyrouth, au Liban. (Photo : © UNICEF/Choufany)

Comment le virus fragilise-t-il la santé des mères et des enfants?

Selon cette étude, dans les pays dont le système de santé est déjà fragile, la COVID-19 perturbe les chaînes d’approvisionnement de fournitures médicales et exerce une pression sur les ressources financières et humaines.

Les confinements, les couvre-feux, l’interruption des transports et la crainte permanente des communautés de se faire infecter font baisser les taux de fréquentation des centres de santé.

L’UNICEF prévient que ces perturbations risquent de provoquer une augmentation catastrophique du nombre de décès infantiles et maternels.

Violet Muleya, infirmière de 59 ans, dépiste la malnutrition chez Leslans, un bébé de 1 an 10 mois, et sa mère Wetrid, en mesurant sa circonférence du haut du bras et sa taille à une clinique rurale du Gwembe Valley en Zambie. (Photo © UNICEF/Schermbrucker)

Protéger les plus vulnérables en tout temps

En entrevue avec Radio Canada International, David Morley, le président et chef de la direction d’UNICEF Canada, a dit que cette pandémie nous a appris que les systèmes de santé et les politiques doivent protéger les gens, et pas seulement en cas de crise. M. Morley croit que lorsque le monde lutte contre la pandémie, il est temps de jeter les bases pour imaginer à quoi pourrait ressembler l’enfance pour les jeunes du monde entier. 

Le président au Canada de l’agence onusienne pour l’enfance croit par ailleurs que le Canada pourrait entre autres allouer plus de ressources aux services et fournitures essentielles de santé maternelle et infantile dans les pays en développement. 

En collaborant avec des partenaires clés, le Canada peut contribuer à aider les femmes enceintes à recevoir des soins prénataux, des soins d’accouchement qualifiés, des services de soins postnataux et des soins liés à la COVID-19, au besoin.

Également, le Canada peut veiller à ce que les travailleurs de la santé reçoivent l’équipement de protection individuelle nécessaire et qu’ils obtiennent des tests prioritaires et une vaccination une fois qu’un vaccin sera disponible afin qu’ils puissent fournir des soins de haute qualité à toutes les femmes enceintes et aux nouveau-nés pendant la pandémie. David Morley, UNICEF Canada

Pour le président et chef d’UNICEF Canada, son pays peut aussi contribuer à garantir que toutes les mesures de prévention et de contrôle des infections sont en place dans les établissements de santé pendant l’accouchement et immédiatement après. 

En tant qu’organisation humanitaire axée sur l’aide à l’enfance, l’UNICEF est présente dans plus de 190 pays et territoires dans le monde, même dans les régions les plus difficiles du monde. Nous avons demandé à M. Morley dans quelles régions du monde son organisation comptait intervenir pour atténuer les effets directs et indirects de cette pandémie.

Notre portée sans égale nous positionne de manière unique afin d’identifier les solutions dont nous avons besoin afin de réimaginer un monde digne pour chaque enfant. Dans la mesure du possible, l’UNICEF envoie des fournitures de vaccination essentielles pour vacciner les enfants dans les zones où il y a des conflits. Par exemple, en République démocratique du Congo, l’UNICEF contribue à l’approvisionnement en vaccins et en matériel de protection la province du Nord-Kivu. En Ouganda, l’UNICEF a aidé à vacciner 900 000 enfants de moins de 1 an. Ce sont 2 des 10 pays qui pourraient voir le plus grand nombre de décès d’enfants supplémentaires en raison de la COVID-19 si nous ne continuons pas à lutter pour leurs droits fondamentaux à la santé et à la nutrition.David Morley, UNICEF Canada

Nazanin Alakija, membre de l’UNICEF en Afghanistan avec un bébé (Photo : © UNICEF/Frank Dejongh)

Les trois scénarios

Les auteurs de l’analyse ont étudié trois scénarios possibles concernant les effets que pourrait avoir une diminution des interventions vitales en raison de la crise sur les décès infantiles et maternels.

  • Dans le scénario le moins pessimiste, qui repose sur une baisse de près de 15 % de la couverture des services de santé, les décès d’enfants de moins de 5 ans augmenteraient de 9,8 %.

Cela représenterait 1400 décès par jour, et les décès maternels, de 8,3 %.

  • D’après le scénario le plus sombre, qui repose sur une diminution de la couverture de près de 45 %, les décès d’enfants de moins de 5 ans pourraient augmenter de 44,7 % et les décès maternels, de 38,6 %, tous les mois.

La plupart des décès supplémentaires seraient alors dus à une augmentation de la prévalence de la fragilité chez les enfants (ce qui implique d’autres effets potentiels que ceux du recul de la couverture des systèmes de santé) et à une diminution du traitement de la pneumonie et du sepsis néonatals.

Catégories : International, Santé, Société
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