La présence d’une baleine géante sautant hors de l’eau douce du fleuve Saint-Laurent à la hauteur de l’île de Montréal est une surprise considérable.
Les experts des mammifères marins espèrent qu’elle redescendra les eaux du fleuve vers la région de l’estuaire et des eaux salées de Tadoussac, d’où elle proviendrait, et où la nourriture est plus abondante et l’eau est moins polluée.
Dans les eaux douces, les baleines peuvent développer généralement après deux semaines des problèmes de peau qui peuvent devenir très graves. Ces pathologies disparaîtraient d’elles-mêmes une fois l’animal revenu en eau salée. À plus long terme, le rorqual pourrait développer des problèmes rénaux, ce qui serait plus problématique.
La baleine a d’abord été aperçue 230 kilomètres plus au nord-est sous le pont de la ville de Québec au début de la semaine dernière, nageant en amont. L’animal a été ensuite repéré à Sorel, jeudi, et à Lanoraie, vendredi.
En fin de matinée samedi, elle se trouvait près du pont Jacques-Cartier à Montréal. (Fresh Daily)
Pour des biologistes marins locaux, c’est une première pour ce type de baleine
« C’est une situation très inhabituelle », explique Robert Michaud, le coordinateur du Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins.
« C’est une première pour un rorqual à bosse. Nous avons déjà eu un béluga dans le Vieux-Port en 2012, un petit rorqual à Contrecœur il y a quelques années et, plus fréquemment, des phoques se sont également aventurés à Montréal », a déclaré M. Michaud.
« Nous ne savons pas pourquoi cet animal a fait ce voyage. Il y a plusieurs hypothèses, poursuit M. Michaud, ajoutant que la baleine pourrait avoir suivi des poissons parce qu’elle était affamée ou confuse. Ce qui est sûr, c’est que cet animal n’appartient pas à cet habitat. »
Selon M. Michaud, elle peut survivre en eau douce, mais la nourriture et l’eau autour de Montréal ne seront pas aussi saines.
PHOTO : RADIO-CANADA / DANIEL THOMAS
Jusqu’où ira t-elle?
Marie-Ève Muller, une porte-parole du Réseau d’intervention d’urgence pour les mammifères marins du Québec, ne peut prédire combien de temps la bête restera dans les environs de Montréal. Mais elle estime que la baleine pourrait bien avoir atteint à Montréal la fin de son périple le long du fleuve Saint-Laurent.
« Le courant est assez fort. Elle essaie de remonter, mais elle a du mal à lutter contre le courant, indique Mme Muller, précisant toutefois que la baleine ne montre aucun signe de détresse.
Les écluses de la grande voie maritime du Saint-Laurent et les rapides près de Montréal empêcheront ultimement la baleine d’aller plus loin.
Ne pas s’en approcher
Les citoyens qui s’approcheraient à moins de 100 mètres de la baleine s’exposent à des amendes et on leur suggère de garder au moins une distance de 200 mètres pour la sécurité de tous.
Les baleines à bosse peuvent atteindre 15 mètres de long et peser une trentaine de tonnes. Elles sont généralement pacifiques. Si l’une d’entre elles est stressée, cela pourrait s’avérer dangereux pour une embarcation à proximité.
Des agents de Pêches et Océans Canada suivent la progression de la baleine. Ils n’ont pas l’intention d’intervenir. Le mot d’ordre est de « laisser la nature suivre son cours », à moins d’une réelle menace à la sécurité publique.
Le mammifère marin se trouvait toujours dans les environs du pont Jacques-Cartier, dimanche après-midi.
PHOTO : RADIO-CANADA / DANIEL THOMAS
RCI avec CBC News, La Presse canadienne et Radio-Canada
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