We Charity réorganise ses activités pour faire la différence entre l’entreprise d’économie sociale et ses branches caritatives. Crédit : istock.

En pleine tempête, WE Charity annonce des plans pour recentrer ses missions

L’organisme sans but lucratif, qui œuvre au Canada depuis 25 ans, traverse une crise profonde en raison d’une situation de conflit d’intérêts impliquant le premier ministre du Canada, Justin Trudeau.

L’affaire, qui alimente les médias depuis une quinzaine de jours, porte sur la gestion d’un contrat de 900 millions de dollars confié par le gouvernement à l’organisme. Ce contrat pour gérer la bourse de bénévolat étudiant a créé la controverse en raison du paiement de près de 300 000 $ à la mère et au frère de Justin Trudeau à titre de rémunération pour leur prestation en tant que conférenciers.

Le premier ministre a pris l’entière responsabilité de cette affaire, en reconnaissant qu’en raison des liens qu’il avait avec cet organisme, il n’aurait pas dû participer aux discussions qui ont permis de retenir WE Charity sans appel d’offres pour administrer ce programme. Il s’est excusé, mais la commissaire aux conflits d’intérêts a annoncé qu’une enquête sera ouverte afin de déterminer s’il a contrevenu à la Loi sur les conflits d’intérêts.

L’annulation de ce contrat n’exclut en rien la possibilité que le Comité permanent des finances analyse aussi en Chambre des communes ce dossier qui en rappelle d’autres : l’Aga Khan et l’affaire SNC-Lavalin qui ont déjà mené à deux enquêtes pour déterminer si Justin Trudeau avait enfreint la Loi sur les conflits d’intérêts.

C’est dans ce contexte que WE Charity annonce ses plans pour un recentrage de ses activités.

Virage international et transparence de mise

WE Charity a fait de la lutte contre la pauvreté au Canada et ailleurs dans le monde son cheval de bataille. L’organisme intervient aussi dans le secteur de l’éducation avec des services offerts aux élèves à la maison.

Après avoir reconnu l’erreur lorsque la branche caritative de WE Charity a payé pour les discours de Margaret et d’Alexandre Trudeau, les frères Craig et Marc Kielburger ont dit regretter cet acte et se sont excusés.

L’organisme a annoncé dans la foulée que des réflexions ont été menées, de concert avec l’ensemble des parties prenantes de l’organisation, pour « recentrer ses missions, simplifier ses offres de programmes et entreprendre une série de changements de gouvernance et de structure ». (source : communiqué)

Cela signifie concrètement que WE Charity embrasse de nouvelles missions à l’international, en mettant l’accent sur plus de transparence.

Le développement international constituera, comme par le passé, le point central de ses interventions. Celles-ci ciblent l’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine où plus de 200 000 enfants et 30 000 femmes bénéficient déjà d’un coup de pouce de l’organisme.

Cet appui est donné notamment dans les secteurs de l’éducation et vise aussi à renforcer les capacités des femmes dans le but d’accroître leurs revenus et de les sortir de la pauvreté.

L’organisme s’illustre au Kenya où il contribue à la formation des infirmiers et infirmières pour renforcer leur efficacité dans les hôpitaux.

Alors que le monde redoute la possibilité qu’il y ait une deuxième vague de COVID-19, WE Charity annonce sa volonté d’agir avec ses partenaires dans différents pays vulnérables pour les accompagner dans la lutte contre cette pandémie.

Accent sur le numérique en Amérique du Nord

WE Charity va poursuivre son intervention dans le secteur de l’éducation en Amérique du Nord. Cette région connaît une expérience sans précédent de cours à distance imposés par le confinement, en raison de la pandémie de COVID-19.

Les outils technologiques auront priorité afin de permettre l’accès des parents, des élèves et des éducateurs à des contenus numériques dans la WE day (UNIS pour l’action).

En plus d’accroître les possibilités d’apprentissage numérique pour les élèves, l’organisme veut apporter une assistance électronique pour ses programmes aux enseignants et assurer la durabilité des programmes d’apprentissage, grâce notamment à la transformation technologique.

Grâce à sa WE day, l’organisme a déjà accueilli plus de 1,5 million d’étudiants qui ont contribué à 70 millions d’heures de service à plus de 3000 causes et organismes de bienfaisance. 

Reconnaissant les difficultés actuelles de l’organisme, ses promoteurs estiment qu’il est plus que temps de procéder à une réorganisation, en annulant par exemple les activités de la We day, suivant un calendrier défini par l’évolution de la courbe de la pandémie.

« Nous reconnaissons que 25 ans d’expansion rapide et d’entrepreneuriat social révolutionnaire ont abouti à une structure organisationnelle plus compliquée qu’elle ne devrait l’être. Nous sommes fiers de l’impact social que nous avons permis, mais nous savons que sa structure doit être plus facile à comprendre et plus transparente pour toutes nos parties prenantes. Nous reconnaissons qu’il est temps de revoir certaines de nos politiques et pratiques », indique le communiqué.

La réorganisation se fera après un examen organisationnel avec des experts nationaux et internationaux, dans le but d’assurer une séparation plus tangible de l’entreprise sociale de ses entités caritatives.

L’organisme fera appel à un chef de la gestion des risques et de conformité pour superviser tout ce qui a trait à la gestion des risques, à la gouvernance et aux aspects réglementaires. Ce chef rendra directement des comptes au conseil d’administration.

Ce conseil d’administration sera plus indépendant, plus inclusif, avec une meilleure représentation de la diversité.

Avec des informations de WE Charity

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Catégories : International
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