Depuis le début du mois de juin, des voix s'élèvent pour dénoncer les violences envers les journalistes. Crédit : Istock

Les violences contre les journalistes augmentent depuis le début de la pandémie

Des syndicats de journalistes réclament des mesures de prévention face à la montée des violences envers leurs membres. Intimidation, insultes et agressions physiques se sont multipliées depuis le début de la crise de la COVID-19. 

Cet appel survient après une fin de semaine tumultueuse pour les journalistes qui couvraient notamment des manifestations pour dénoncer le port du masque devenu obligatoire dans toute la province le 18 juillet. 

À Montréal, un journaliste du réseau de télévision privé TVA a reçu une canette de bière et s’est fait insulter durant sa couverture du rassemblement. Sa collègue, à Québec, a été enlacée par deux hommes pendant son intervention en direct. 

Dans une déclaration écrite, leur employeur a dénoncé de « tels agissements qui représentent non seulement de l’intimidation face au travail journalistique et une atteinte à l’intégrité de notre reporter, mais également une menace à la sécurité de nos journalistes et caméramans sur le terrain »

Des journalistes de Radio-Canada ont également rapporté des actes d’intimidation lors de leur couverture journalistique sur le terrain à cette même occasion. L’un d’entre eux a toutefois tenu à remercier deux citoyens qui l’ont escorté, lui et son caméraman, afin d’éviter que des manifestants s’en prennent à eux. 

Ces événements ont poussé plusieurs syndicats à réclamer des mesures concrètes pour assurer la sécurité des équipes déployées sur le terrain. « Il faut tirer les leçons de ce week-end exécrable et veiller à ce que cela ne se reproduise plus, notamment par un ajustement des ressources humaines en situations risquées », indique le Syndicat canadien de la fonction publique.

Pour sa part, le syndicat de TVA demande « que la lumière soit faite par les autorités policières au sujet des incidents rapportés cette fin de semaine » et réclame l’ajout d’une troisième personne pour veiller à la sécurité du journaliste et du caméraman. 

La pandémie exacerbe les tensions

Au début du mois de juin, le président de la Fédération des journalistes professionnels du Québec ( FPJQ), Michaël Nguyen, avait dénoncé les messages haineux et les violences envers les journalistes dans une lettre ouverte intitulée De la nécessité de rester civilisé.

Selon lui, la pandémie a augmenté les tensions, car une partie de la population est à cran. Il affirme avoir noté une hausse des incidents qui lui sont rapportés par ses collègues journalistes. « On a l’impression qu’avec la pandémie, c’est comme si certains esprits avaient perdu toute inhibition. Ils ne se cachent même plus », souligne-t-il en entrevue à l’émission de Radio-Canada Tout un matin.

De cette ampleur-là, de mémoire récente, je ne pense pas qu’on ait vu ça ces dernières années. C’est inquiétant.

Michaël Nguyen, président de la FPJQ.

Il s’inquiète aussi que le dialogue ne soit pas possible avec les personnes qui s’en prennent aux journalistes. « Ce sont des gens avec qui le dialogue n’est pas possible. Ils cherchent juste la confrontation », ajoute-t-il.

Selon Michaël Nguyen, cette violence est aussi influencée par l’ambiance actuelle aux États-Unis. 

Début juin, la haute-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme avait dénoncé l’agression et le racisme structurel auquel doivent faire face les journalistes aux États-Unis dans le contexte des manifestations contre le racisme et les brutalités policières.

Selon l’ONU, au moins 200 journalistes ont été agressés ou arrêtés lorsqu’ils couvraient les manifestations et qu’ils affichaient clairement quel était leur profession.

Catégories : Société
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