L'Auberge aux 3 Pignons compte 96 unités pour aînés. PHOTO : RADIO-CANADA / VINCENT ARCHAMBAULT CANTIN

Une autre résidence pour personnes âgées du Québec fait l’objet d’une enquête

Un foyer pour personnes âgées de la région de Québec fera l’objet d’une enquête indépendante après le témoignage troublant de deux médecins et de plusieurs proches de résidents sur les conditions de vie dans l’établissement.  

« Ces médecins-là nous disent que c’est épouvantable, ce qu’il se passe. Je les crois et je prends ça au sérieux. Je suis revenue en politique pour protéger les aînés et non les voir mourir. On va faire le nécessaire pour faire la lumière et très rapidement », a affirmé la ministre responsable des aînés, Marguerite Blais.

Elle sera menée par des enquêteurs certifiés du ministère de la Santé. Déjà, deux inspecteurs ont visité la résidence privée mardi après-midi.

« Un propriétaire de RPA a l’obligation d’aviser immédiatement le CISSS et le CIUSSS s’il y a de la difficulté dans son établissement. On veut connaître la rapidité avec laquelle ça a été fait. On veut avoir le portrait juste. C’est pourquoi on demande une enquête indépendante », dit la ministre Blais.

Témoignages troublants 

Lundi, des proches de résidents ont décrit un manque de personnel et des soins déficients à l’Auberge aux 3 Pignons, à Beauport, en banlieue de la capitale québécoise.

Marie-France Mercier est une de ces personnes. Son père a séjourné dans cet établissement privé de décembre 2019 à janvier 2020. Il a ensuite été transféré dans un hôpital après une chute, puisque ses besoins étaient trop lourds pour les services qui étaient offerts dans la résidence. 

« On a été témoins de moments où il pouvait être laissé à lui-même assez longtemps, jusqu’à ce qu’on le retrouve seul par terre dans sa chambre. On l’a retrouvé trois fois, vers 18 h 30, 18 h 45. Il était déjà au lit pour la nuit. Il n’avait pas mangé. Il a été retrouvé une nuit, près de son lit, dans ses excréments », raconte sa fille. 

Un autre homme dont le père habite à l’Auberge des 3 Pignons soutient que les résidents qui ne sont pas atteints de la COVID-19 sont moins bien traités que ceux qui en souffrent. 

 « Le ménage n’est plus fait, les lits ne sont plus changés. Il ne sait pas quand son linge va être lavé la prochaine fois », détaille celui qui a préféré garder l’anonymat. 

Deux médecins décrient la situation

À ces témoignages s’ajoutent ceux de deux médecins qui ont décidé d’aller travailler à la résidence en renfort. Ils disent même craindre pour la sécurité des résidents. 

Dans une entrevue au journal Le Soleil, la Dre Karyne Cordeau raconte qu’elle n’a jamais vu une telle situation en 15 ans de pratique. Elle témoigne « de cas d’étouffement avec la nourriture, de dégradation de plaies, d’une mauvaise gestion de diabète, de chutes répétées, de séjours au sol prolongés et de soins d’hygiène négligés ».

Cependant, ces problèmes ne touchent pas l’ensemble des résidents et certains proches assurent que le personnel qui travaille dans l’établissement fait preuve de dévouement. 

Éclosion de COVID-19

L’établissement est aux prises avec une éclosion de cas de COVID-19 depuis le 11 juillet. Au moins 21 résidents ont contracté le virus, 3 autres en sont morts et 7 employés ont été infectés dans les dernières semaines. 

Une situation qui a entraîné la démission de plusieurs employés. 

Le Centre intégré universitaire de santé et services sociaux de la Capitale-Nationale a donc dépêché une cinquantaine de personnes pour pallier le manque d’infirmières et de préposés aux bénéficiaires, mais aussi pour travailler dans les cuisines, à la buanderie, à l’entretien et à l’administration. 

 

Catégories : Santé, Société
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