Amazon : comment quatre frères lui ont volé près de 20 millions de dollars

Les procureurs de l’État de New York ont accusé quatre frères d’avoir volé à Amazon presque 20 millions de dollars en suivant un stratagème assez singulier. Ce n’est pas la première fois qu’Amazon est la cible d’escrocs. 

Amazon, avec ses plus de 280 milliards de ventes annuelles, a attiré des escrocs qui se sont creusé les méninges pour exploiter des failles dans son système de commande.

Amazon permet aux entreprises de vendre leurs produits sur son site via le portail « Vendor Central », un service de vente en gros. Amazon touchera une commission sur les ventes à ses clients.

Parmi les utilisateurs de « Vendor Central », quatre frères new-yorkais, Yoel, Heshl, Zishe et Shmuel Abraham.

Chaque article vendu par Amazon est identifié par un identificateur unique, ASIN (Amazon Standard Identification Numbers). 

Les frères Abraham ont utilisé cet ASIN pour envoyer des produits de moindre valeur et en quantités industrielles. Amazon les accuse de vol par « surexpédition ». 

Le magazine Wired a donné des exemples de leur subterfuge : pour une commande d’une douzaine de contenants de désinfectant au prix de 94,03 $, les accusés ont plutôt envoyé à Amazon 7000 brosses à dents dont le prix unitaire est 94,03 $ tout en indiquant l’identificateur ASIN du désinfectant. Amazon a reçu une facture de 650 210 $ pour cette commande.

Dans une autre commande d’une bouteille de parfum d’un designer coûtant 289,78 $, les accusés ont expédié à Amazon 927 tondeuses à barbe en plastique au prix de 289,78 $ chacune et en utilisant l’ASIN du parfum.  Ce stratagème de vol a duré deux ans.

En Espagne, James Gilbert Kwarteng, un jeune de 22 ans, a escroqué Amazon de plus de 514 000 $ en arnaquant sa politique de retour des marchandises achetées sur son site. Le jeune client commande d’Amazon des objets électroniques très demandés sur le marché. À la réception du colis, il le pèse, retire l’objet et le remplace par de la terre ayant le même poids. Il le renvoie ensuite à Amazon réclamant un remboursement prétextant son insatisfaction.

Le géant du commerce électronique pèse seulement le colis pour s’assurer qu’il s’agit du même produit commandé. Ce modus operandi, révélé par le site d’information  El Español, a duré plusieurs années. Le jeune escroc les revend plus tard sur Internet à des prix cassés. Amazon a découvert le pot aux roses après que son système informatique a détecté un nombre très élevé de demandes de remboursement de la part de ce client. Arrêté en décembre dernier et accusé de fraude et d’organisation criminelle par la police de Barcelone, Gilbert Kwarteng attend son procès. Il risque 6 ans de prison.

Des enquêtes journalistiques ont montré que des marchandises retournées aux entrepôts d’Amazon sont simplement détruites par souci d’efficacité dans la gestion des stocks.

Certains qualifient ces failles d’Amazon exploitées par des escrocs de signes d’une croissance phénoménale d’une organisation voulant à tout prix avoir une position dominante sur le marché. Ce qui compte en premier lieu, c’est de conquérir le marché. Les mesures de contrôle et d’audit, perçues comme contraignantes par des clients, sont reléguées au second plan. 

Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon, qui est l’homme le plus riche au monde, a battu un nouveau record. Il pèse maintenant plus de 2 milliards de dollars, selon Bloomberg Billionaires index. Sa fortune a augmenté de 87 millions de dollars depuis janvier dernier. 

Zoubeir Jazi