Des militants qui affirment combattre le racisme et exiger une révision à la baisse des budgets des corps policiers ont renversé au sol et du coup fait perdre la tête à la statue du centre-ville de Montréal à l’effigie du premier premier ministre du Canada, sir John A. Macdonald.
Ce n’est pas la première fois que cette statue est prise pour cible par ceux qui la considèrent comme un symbole de racisme et de colonialisme. Ils citent notamment le rôle qu’a joué le gouvernement Macdonald dans la création de la Loi sur les Indiens et l’établissement d’un système de pensionnats pour Autochtones qui a fait de nombreuses victimes, ainsi que ses commentaires racistes envers les peuples indigènes du pays.
Une poignée de manifestants a escaladé la statue, y a attaché des cordes puis l’a déverrouillée de son socle pour la faire chuter. Sous l’impact, la tête s’est détachée et a rebondi sur les pavés. Une vidéo mise en ligne sur les réseaux sociaux a capté la scène. Rappelons que la statue avait également été décapitée par des vandales en 1992.

(Graham Hughes/The Canadian Press)
L’incident s’est produit à la suite d’une marche pacifique dans le centre-ville de Montréal, l’une des nombreuses manifestations organisées dans tout le Canada par une coalition d’activistes noirs et indigènes.
Aucune arrestation n’a été effectuée samedi. Dimanche matin, des employés municipaux ont retiré la statue du sol avec une grue pour évaluer les dégâts. Le bureau d’art public de la ville et les experts en patrimoine coordonneront la restauration de la statue.

Des travailleurs de la ville de Montréal utilisent une grue pour retirer du sol la statue de John A. Macdonald après qu’un groupe de militants l’a renversée samedi après-midi. (Mariève Bégin/Radio-Canada)
La mairesse de Montréal et le premier ministre du Québec dénoncent ce vandalisme
Sur Twitter, samedi, le premier ministre du Québec François Legault a écrit que « quoi que l’on puisse penser de John A. Macdonald, détruire un monument de cette façon est inacceptable. Nous devons lutter contre le racisme, mais la destruction de parties de notre histoire n’est pas la solution. Le vandalisme n’a pas sa place dans notre démocratie et la statue doit être restaurée ».
« Je déplore vivement les actes de vandalisme qui ont eu lieu […] dans le centre-ville de Montréal », a dit la mairesse Valérie Plante samedi.
« Je comprends et partage la motivation des citoyens qui veulent vivre dans une société plus juste et plus inclusive. Mais la discussion et les actions nécessaires doivent être menées de manière pacifique, sans jamais recourir au vandalisme », a-t-elle ajouté.

Monument à John A. Macdonald, place du Canada, Montréal le 12 mai 1912. (Wikipédia)
Plus tôt dans la journée, Jason Kenney, le premier ministre de l’Alberta, dans l’ouest du pays, a également utilisé Twitter pour décrier l’acte en affirmant que l’Alberta accueillerait volontiers la statue si Montréal n’en voulait plus. Il aimerait qu’elle soit installée sur le terrain de l’Assemblée législative de l’Alberta.
« Ce vandalisme de notre histoire et de nos héros doit cesser, a lancé M. Kenney dans une série de tweets samedi après-midi. Beaucoup de ceux qui, à l’extrême gauche, sont responsables de ce type de violence, affirment que le Canada est un État illégitime, tout en jouissant des droits, des libertés, des privilèges et de la prospérité du Canada. Aucune de ces choses n’a été créées par accident. »
Dans un courriel, Dinu Bumbaru, le directeur politique d’Héritage Montréal, une organisation à but non lucratif dédiée à la préservation du patrimoine architectural et culturel de la ville, a décrit l’acte comme « très malheureux et, malgré les sentiments de ceux qui l’ont perpétré, d’antidémocratique ».
RCI avec La Presse canadienne et CBC News
LISEZ AUSSI : Honorer des statues de héros autochtones plutôt que de jeter à terre celles de John A. Macdonald
EN COMPLÉMENT
200e anniversaire de naissance de John A. Macdonald, premier premier ministre du Canada
Racisme systémique Canada : démanteler les hommages aux figures controversées?
Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.