Des gens tiennent des pancartes demandant à la Chine de libérer les détenus canadiens Michael Spavor et Michael Kovrig lors d'une audience d'extradition du directeur financier de Huawei Technologies, Meng Wanzhou, à Vancouver en 2019. (Lindsey Wasson/Reuters)

Michael Kovrig « très soulagé de recevoir des nouvelles du monde extérieur »

L’épouse de l’un des deux Canadiens détenus depuis près de deux ans en Chine, Vina Nadjibulla, rapporte que son mari est « grandement soulagé de recevoir des nouvelles du monde extérieur » après s’être trouvé depuis janvier dernier dans l’isolement complet et sans accès consulaire canadien.

Les Canadiens Michael Spavor (à gauche) et Michael Kovrig sont accusés d’espionnage par la Chine. Photo : Facebook

Michael Kovrig a exprimé son grand soulagement lors de sa rencontre virtuelle samedi avec Dominic Barton, ambassadeur du Canada en Chine, qui avait eu le jour précédent un entretien similaire sur Internet avec Michael Spavor, l’autre ressortissant canadien détenu sans jugement par la Chine depuis décembre 2018.

Michael Spavor, un homme d’affaires, et Michael Kovrig, un ancien diplomate, sont tous les deux accusés d’espionnage.

Cela est largement perçu comme un geste de représailles de la Chine en raison de l’arrestation par le Canada d’une haute responsable de la compagnie Huawei sur un mandat d’extradition américain.

Le ministre canadien des Affaires étrangères, François-Philippe Champagne, avait insisté pour obtenir un accès virtuel aux deux prisonniers lors d’une réunion en personne avec son homologue chinois, Wang Yi, lorsque les deux se sont rencontrés à Rome en août.

Dans un communiqué, le ministère canadien des Affaires étrangères réitérait ce week-end que « le gouvernement canadien reste profondément préoccupé par la détention arbitraire de ces deux Canadiens par les autorités chinoises depuis décembre 2018 et continue à demander leur libération immédiate ».

Michael Kovrig communique avec le monde

Selon l’épouse de Michael Kovrig, son mari est « particulièrement réconforté par les assurances concernant la santé de tous les membres de la famille et les efforts continus pour assurer sa liberté. Il a été étonné d’apprendre les détails de la pandémie COVID-19 et a fait remarquer que tout cela ressemblait à un « film d’apocalypse sur les zombies ».

Elle ajoute : « Nous sommes extrêmement fiers qu’en dépit de son long emprisonnement, l’esprit, la détermination et même le sens de l’humour de Michael restent intacts. C’est certainement quelque chose dont nous pouvons être reconnaissants pour ce week-end de Thanksgiving. Et bien sûr, notre objectif reste de faire tout notre possible pour ramener Michael à la maison. Nous sommes profondément reconnaissants pour le soutien et la solidarité de tous les Canadiens ».

Ottawa pourrait faire plus pour libérer deux Canadiens emprisonnés en Chine, déclare toutefois la femme de Michael Kovrig.

La femme de Michael Kovrig (bien que séparée), Vina Nadjibulla, parle pour la première fois dans une interview exclusive avec CBC News.

Le Canada signale qu’il perd patience

Depuis une semaine, la classe politique canadienne manifeste son impatience et on l’entend monter le ton et relancer une offensive diplomatique pour que cesse la détention des deux Canadiens.

Rhétorique d’abord plus dure la semaine dernière de la part du ministre canadien de la Défense Harjit Sajjan et de Bob Rae, l’ambassadeur du Canada aux Nations Unies.

Harjit Sajjan a d’abord accusé la Chine de se livrer à une « diplomatie des otages » lors d’une discussion en ligne, tandis que Bob Rae a fait des remontrances en public à son homologue chinois lors d’une réunion de l’Assemblée générale des Nations unies vendredi pour avoir déclaré que le Canada intimidait la République populaire de Chine.

Affirmant que Spavor et Kovrig vivaient dans des « conditions terribles » alors que la détenue chinoise Meng vivait confortablement en « résidence surveillée » dans sa villa de Vancouver, Bob Rae s’est fait incisif : « C’est une chose que nous n’oublierons jamais. Si vous pensez que nous insulter ou insulter mon pays ou insulter quelqu’un va aider à résoudre la situation, vous vous trompez lourdement ».

David Mulroney, ancien ambassadeur du Canada en Chine, s’est fait l’écho de cette frustration en affirmant qu’il n’est pas impressionné par le feu vert de la Chine aux deux rencontres consulaires virtuelles et non en personne avec les deux Canadiens. « Il s’agit simplement d’un traitement plus cruel de la part de la Chine, en espérant que nous lui serons reconnaissants, même pour un effort timide de sa part. Nous ne devrions pas tomber dans ce piège ».

Au même moment, le ministre canadien des Affaires étrangères, François-Philippe Champagne, a pour sa part multiplié les critiques publiques à l’égard de la Chine en matière de droits de l’homme, sur la répression, notamment de la dissidence à Hong Kong par Pékin, et la détention forcée des musulmans ouïghours dans la province du Xinjiang.

Dans une récente interview accordée avant les visites virtuelles de Kovrig et Spavor, M. Champagne a déclaré que le Canada continuerait à faire pression sur Pékin en travaillant avec ses alliés.

« Nous devons agir ensemble et nous devons être forts ensemble pour faire face à ce que nous avons vu, un type de diplomatie coercitive de la part de la Chine », a déclaré le ministre.

M. Champagne a déclaré qu’il était significatif que le cas des « deux Michaels » ait été soulevé lors du récent sommet de la Chine avec l’Union européenne, notamment dans son communiqué final.

Téléphone rouge entre Justin Trudeau et Donald Trump

Le premier ministre canadien Justin Trudeau et son homologue américain ont discuté samedi au téléphone de la question des deux citoyens canadiens détenus en Chine depuis la fin de 2018.

Le premier ministre Justin Trudeau a remercié Donald Trump pour le « soutien continuel » de l’Amérique dans l’effort de libération de Kovrig et Spavor lors de cet appel téléphonique.

Une source ayant eu connaissance de l’appel, qui s’est entretenue confidentiellement avec CBC News, déclare qu’il y a eu un engagement renouvelé entre le Canada et les États-Unis au cours des dernières semaines pour obtenir la libération des deux hommes.

Selon la source, Kirsten Hillman, l’ambassadeur du Canada aux États-Unis, avait préalablement soulevé la question avec la Maison Blanche et parlé au conseiller américain pour la sécurité nationale Robert O’Brien.

L’image internationale de la Chine à son plus sombre

Selon un sondage indépendant publié la semaine dernière, l’opinion des Occidentaux sur la Chine s’est fortement détériorée en raison de la pandémie COVID-19, à tel point qu’un nombre record de citoyens de grands pays développés perçoivent la puissance chinoise d’un mauvais œil.

L’étude menée par le Pew Research Center auprès de Canadiens et de citoyens de 13 autres pays révèle une forte détérioration de la perception de la Chine au Canada et aux États-Unis. 61 % des citoyens interrogés ont déclaré que la Chine s’y est mal prise pour faire face à l’épidémie.

73 % des Américains et des Canadiens voient la Chine d’un mauvais œil, soit une augmentation de près de 20 points de pourcentage depuis l’entrée en fonction de Trump en 2017 sur un programme nationaliste. Dans une autre enquête du Pew Research Center en 2002, à peine 27 % des Canadiens disaient avoir une opinion défavorable de la Chine.

Pourtant, c’est en Australie (81 %) et au Japon (86  %) que l’image négative de la Chine est à son maximum.

Un nombre record de 81 % des Australiens voient désormais la Chine d’un mauvais œil, soit une hausse de 24 points de pourcentage par rapport à l’année précédente.

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Notre invité est Serge Granger qui est spécialiste de l’Asie ainsi que du fonctionnement politique de la Chine. Il a codirigé l’ouvrage L’Asie du Sud-Est à la croisée des puissances.

RCI avec CBC News, CNN et AFP

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