De nombreuses personnes qui travaillent au Québec n’ont toujours pas reçu de réponse en raison des retards dans le traitement des demandes d’immigration. Les partis de l’opposition au fédéral et au Québec souhaitent voir les deux gouvernements collaborer davantage pour réduire les délais d’attente dans le traitement des dossiers de résidence permanente.
Dans plusieurs cas, les demandes qui traînent à Ottawa concernent des personnes qui ont d’ores et déjà été sélectionnées par le Québec, notamment dans la catégorie de l’immigration économique.
Certaines demandes attendent depuis plus d’un an. C’est une situation qui complique l’accès à un permis de travail ou à la couverture de soins médicaux.
En raison de l’incertitude, Erin O’Toole, le chef de l’opposition officielle à Ottawa, a estimé que cette situation « est inacceptable » et a invité le gouvernement libéral à agir au plus vite.
« Les gens qui veulent venir au Canada méritent un plan qui offre une clarté, une certitude et un processus qui les traite avec dignité, compassion et respect », a-t-il confié à Radio-Canada.
Alexandre Boulerice, du Nouveau Parti démocratique (NPD), a aussi souligné le caractère inhumain de cette stratégie. Il a appelé le ministre de l’Immigration à « mettre son poing sur la table ».
Ottawa a visé la pandémie de COVID-19, le télétravail et la baisse des seuils d’immigration au Québec pour les lenteurs actuelles. Cet argument est démenti par le Bloc québécois qui estime que le gouvernement fédéral devrait s’attaquer aux « attentes interminables » au lieu de jeter le blâme sur le gouvernement du Québec. C’est du moins ce que dit la porte-parole en matière d’immigration, Christine Normandin.
Elle a parlé des entraves au travail et à l’intégration qui émanent d’une telle lenteur dans les procédures à Ottawa, empêchant les réunifications familiales.
Les partis de l’opposition à Québec ont réagi de la même manière que ceux à Ottawa. Le Parti québécois, le Parti libéral et Québec solidaire ont fustigé la stratégie des libéraux.
Méganne Perry Melançon, du Parti québécois, a soutenu que le Québec devrait avoir de pleins pouvoirs en ce qui a trait à l’immigration pour éviter le blocage actuel.
Gaétan Barrette, du Parti libéral, a déploré le contentieux entre Québec et Ottawa dans ce dossier. Une telle situation ne devrait pas prendre en otage des personnes qui patientent sans connaître l’issue de leur demande. Il suggère qu’Ottawa fournisse au moins un accusé de réception afin que ces dernières soient rassurées.
Québec solidaire, par la voix de son porte-parole en matière d’immigration Andrés Fontecilla, soutient que les deux paliers devraient régler leur mésentente au nom des intérêts des demandeurs.
« Derrière l’obsession de la CAQ pour la réduction des seuils d’immigration, il y a des milliers de personnes qui travaillent et contribuent activement à notre société, et qui voient leur destin mis en suspens, avec toute l’anxiété que cela génère dans leur quotidien », a confié Andrés Fontecilla à Radio-Canada.

Certains des étrangers qui travaillent au Québec attendent depuis plus d’un an une réponse à leurs demandes de résidence permanente au Canada. Photo : iStock
De Québec à Ottawa, des cibles d’immigration en dents de scie
Il convient de mentionner que les cibles d’Ottawa d’ici 2023 en ce qui concerne l’accueil de nouveaux résidents permanents ont été rehaussées, avec un nouveau chiffre de 1,3 million d’immigrants. Dès 2021, avec 401 000 résidents permanents prévus, cette cible connaîtra un record historique.
En 2022, le Canada devrait accueillir 411 000 nouveaux immigrants et 421 000 en 2023. Ses cibles pour 2020 qui tire à sa fin sont de 341 000. Pour ce qui est des réfugiés qualifiés, le pays en admettra jusqu’à 500 en 2022 dans le cadre du projet de loi sur la voie d’accès à la mobilité économique.
Pour ce qui est de son programme Entrée express, Ottawa entend accorder des points de plus aux dossiers des candidats francophones. Le but est d’accroître les communautés francophones hors Québec.
Dans l’ensemble, il y a eu une diminution de l’immigration de l’ordre de 40 % de janvier à août 2020 au Canada. Ce fléchissement a fait dire à l’opposition que le gouvernement libéral « n’a pas géré efficacement le système d’immigration durant la pandémie ». Le programme de parrainage parental a été rouvert et le seuil de revenus requis des personnes qui parrainent a été abaissé.
Du côté du Québec, les cibles ont été revues à la baisse pour cette année et le gouvernement promet de rattraper le retard dans les années à venir. Au moins de 25 600 à 30 500 personnes seront accueillies cette année, pourtant la cible initiale était de 43 000 à 44 500, soit 3000 de plus qu’en 2019. Ce sont de 14 000 à 17 500 personnes en moins que le Québec devrait accueillir d’ici la fin de 2020.
En 2021, Québec prévoit d’accueillir 7000 personnes en complément des 44 500 à 47 500 prévues pour l’année à venir. Ces 7000 personnes seraient déjà ici. En 2021, la part de l’immigration économique augmentera de 62 % contre 55 % en 2020. Au terme de 2022, ce sont de 49 500 à 52 500 personnes qui devraient être accueillies chaque année.
Avec Radio-Canada, CBC et des informations des gouvernements du Québec et du Canada
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