Le ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Marco Mendicino, a annoncé jeudi de nouvelles mesures pour faciliter l'immigration des jeunes résidents de Hong Kong. (Photo : Sean Kilpatrick/The Canadian Press)

Ottawa facilite l’immigration des Hongkongais en réponse aux actions chinoises

Le gouvernement canadien a annoncé jeudi de nouvelles mesures facilitant les démarches d’immigration des étudiants et jeunes Hongkongais souhaitant venir s’établir au pays. Cette annonce intervient en réaction aux actions entreprises par Pékin contre le mouvement prodémocratie. 

Le ministre de l’Immigration Marco Mendicino a notamment annoncé de nouveaux permis de travail ouverts d’une durée maximale de 3 ans ainsi que de nouvelles voies d’accès à la résidence permanente.

Ottawa s’est également engagé à accélérer le traitement des demandes de permis pour ces personnes, y compris les demandes sous le programme Expérience internationale Canada qui seront désormais traitées après avoir été interrompues en raison de la COVID-19.

Tout résident de Hong Kong qui a obtenu un diplôme universitaire au cours des trois dernières années peut ainsi demander à travailler au Canada, a annoncé le ministre lors d’une conférence de presse.

Pour ce qui est des demandes de résidence permanente, ces dernières pourront être demandées pour :

  • tout ancien résident de Hong Kong qui aura acquis au moins un an d’expérience de travail autorisé au Canada et qui répond à d’autres critères, comme les exigences minimales en matière de langue et de scolarité;
  • tout ancien résident qui aura obtenu un diplôme d’un établissement d’enseignement postsecondaire au Canada.

 Les époux, conjoints de fait et enfants à charge pourront également être inclus dans les demandes. 

Avec ces annonces orientées vers les jeunes, le Canada espère attirer les personnes « les plus brillantes » qui souhaitent fuir la répression.

Ottawa a également annoncé une exonération des frais de traitement des demandes pour les Hongkongais qui résident au Canada et qui demandent à prolonger leur statut.

Les époux ou conjoints de fait qui ont présenté une demande de résidence permanente depuis le Canada pourront aussi demander un permis de travail ouvert.

Quant à ceux dont la demande d’asile a été auparavant rejetée, ils auront droit à une nouvelle évaluation des risques en cas de renvoi.

Aider les Canadiens vivant à Hong Kong

Marco Mendicino a déclaré que les citoyens canadiens et les résidents permanents vivant à Hong Kong pouvaient rentrer au Canada à tout moment et qu’Ottawa accélérerait la délivrance de tous les documents dont ils ont besoin.

Le ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Marco Mendicino, tient une conférence de presse à Ottawa jeudi.
(Photo : Sean Kilpatrick/ La Presse canadienne)

Le ministère de l’Immigration accroît également la promotion des super visas, qui sont des visas à entrées multiples pour les parents et les grands-parents pour un séjour allant jusqu’à 2 ans à la fois et qui sont valides pour une période maximale de 10 ans.

Avec ces annonces, M. Mendicino espère notamment attirer des travailleurs de la santé afin de répondre à la deuxième vague de l’épidémie de COVID-19 qui sévit au Canada.

Réaction à la loi sur la sécurité nationale chinoise

Lors de sa conférence de presse, le ministre de l’Immigration a déclaré avoir mis ces nouvelles mesures en place en réponse à l’imposition par le gouvernement chinois, en juin, d’une nouvelle loi qui est largement considérée comme une érosion des protections démocratiques à Hong Kong.

« Le Canada reste profondément préoccupé par l’adoption par la Chine de la nouvelle loi sur la sécurité nationale. Nous avons déclaré sans équivoque que cette loi et les pouvoirs unilatéraux qu’elle confère sont en conflit direct avec les obligations internationales de la Chine et sapent le cadre « un pays, deux systèmes » en place à Hong Kong », a déclaré M. Mendicino.

Hong Kong est censé fonctionner dans ce cadre après que la Grande-Bretagne a remis son ancienne colonie à Pékin en 1997 dans le cadre d’un accord international. Mais les défenseurs des droits de l’homme et de la démocratie affirment que la nouvelle loi de Pékin sur la sécurité nationale porte atteinte à la liberté à Hong Kong.

La Grande-Bretagne a d’ailleurs réagi jeudi en déclarant que la Chine avait rompu ce traité lorsqu’elle a disqualifié des législateurs élus mercredi.

15 parlementaires prodémocrates ont annoncé leur démission du Conseil législatif après la disqualification d’Alvin Yeung Ngok-kiu, Kwok Ka-ki, Kenneth Leung et Dennis Kwok, suite à l’adoption par la Chine d’une nouvelle résolution à Hong Kong, le 11 novembre 2020. (Photo : Tyrone Siu / Reuters)

Ces députés ont été démis de leur mandat après l’autorisation accordée aux autorités locales de révoquer tout législateur considéré comme une menace pour la sécurité nationale, sans même passer devant un tribunal.

Cette décision a également été vivement critiquée par le ministre canadien des Affaires étrangères, François-Philippe Champagne. 

« Cette décision restreint davantage l’autonomie de Hong Kong et l’espace de liberté d’expression et de participation de la population à la gouvernance à Hong Kong », a-t-il déclaré dans un communiqué.

« Cette action montre clairement un mépris inquiétant pour la Loi fondamentale de Hong Kong et le degré élevé d’autonomie promis à Hong Kong suivant le principe du « un pays, deux systèmes ». »François-Philippe Champagne, ministre des Affaires étrangères

Les événements de jeudi risquent certainement d’irriter la Chine, qui avait déjà demandé au gouvernement Trudeau de ne pas intervenir à Hong Kong.

En octobre, l’envoyé de la Chine au Canada, Cong Peiwu, avait déconseillé à Ottawa d’accorder l’asile à des manifestants prodémocratie.

Selon M. Peiwu, accepter ces demandes d’asile équivaudrait à « une ingérence dans les affaires intérieures de la Chine et cela encouragerait certainement ces criminels violents ».

« Si la partie canadienne se soucie vraiment de la stabilité et de la prospérité de Hong Kong, de la santé et de la sécurité des 300 000 détenteurs de passeports canadiens à Hong Kong et du grand nombre d’entreprises canadiennes exerçant leurs activités à Hong Kong, elle doit soutenir les efforts pour lutter contre les crimes violents », avait également déclaré le diplomate.

Avec les informations de Reuters et La Presse canadienne. 

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