Le Premier ministre canadien a aussi déclaré qu'il continuerait aussi de s’opposer aux violations des droits de l’homme observées actuellement à Hong Kong et Xinjiang.(Photo : Sean Kilpatrick/ La Presse canadienne)

Justin Trudeau continuera à s’opposer à la « diplomatie coercitive » chinoise

Dans la joute verbale à laquelle s’adonnent la Chine et le Canada depuis le début de la semaine, le premier ministre canadien Justin Trudeau a parlé le dernier en déclarant vendredi que son gouvernement continuera à s’opposer à la « diplomatie coercitive » chinoise. 

Il a notamment ajouté qu’il continuerait aussi de s’opposer aux violations des droits de l’homme observées actuellement à Hong Kong et Xinjiang.

« Nous défendrons haut et fort les droits de l’homme partout dans le monde, qu’il s’agisse de la situation à laquelle sont confrontés les Ouïgours, de la situation très préoccupante à Hong Kong, ou encore de la diplomatie coercitive de la Chine », a déclaré M. Trudeau lors d’une conférence de presse.

Le premier ministre canadien a toutefois ajouté qu’il ne cherchait pas à attiser les tensions avec la Chine.

Deux ans de tensions diplomatiques

Ce commentaire est le dernier d’une dispute diplomatique de plus de deux ans entre les deux nations qui a débuté avec l’arrestation de Meng Wanzhou, directrice financière du géant chinois des télécommunications Huawei, en vertu d’un mandat d’extradition américain.

Depuis, le gouvernement chinois demande la libération immédiate de la fille de Ren Zhengfei, fondateur d’Huawei, afin d’éviter que les relations entre les deux pays ne se détériorent davantage.

En décembre 2018, les Canadiens Michael Spavor, un homme d’affaires, et Michael Kovrig, un ancien diplomate, ont tous deux été arrêtés par les autorités chinoises dans un geste que beaucoup assimilent à des représailles. 

Michael Spavor, à gauche, et l’ancien diplomate canadien Michael Kovrig, à droite, ont passé plus de deux ans dans des prisons chinoises dans des conditions difficiles, et n’avaient pas été autorisés à recevoir de visites consulaires depuis janvier, selon les autorités. (Photo : The Associated Press/International Crisis Group/La Presse Canadienne)

Le gouvernement canadien a réussi mardi à obtenir un accès consulaire aux deux hommes, qui sont toujours en détention et accusés d’espionnage. Le Canada n’avait pas de leurs nouvelles depuis janvier 2020.

À plusieurs reprises, les autorités canadiennes ont dénoncé cette détention « arbitraire », refusant de libérer Mme Wanzhou en échange des deux hommes surnommés « les deux Michael ». Selon M. Trudeau, une telle décision encouragerait Pékin et mettrait en danger la sécurité de millions de Canadiens travaillant et vivant à l’étranger.

Une semaine mouvementée

Lors d’une conférence de presse commémorant le 50e anniversaire des liens diplomatiques sino-canadiens, le premier ministre Trudeau a de nouveau critiqué l’attitude chinoise vis-à-vis du respect des droits de l’homme.

« Nous resterons absolument déterminés à travailler avec nos alliés pour faire en sorte que l’approche de la Chine en matière de diplomatie coercitive, sa détention arbitraire de deux citoyens canadiens, aux côtés d’autres citoyens d’autres pays du monde, ne soit pas considérée comme une tactique efficace par eux. »Justin Trudeau, premier ministre du Canada

Le lendemain, l’ambassade chinoise s’est « fermement opposée » à ces remarques, déplorant le fait que le Canada chercher « à confondre le bien et le mal ».

« Il n’y a pas de diplomatie coercitive du côté chinois », a déclaré Cong Peiwu, ambassadeur de la Chine à Ottawa, lors d’une conférence de presse vidéo sur Twitter jeudi.

L’ambassadeur chinois au Canada, Cong Peiwu, a déclaré que si le Canada était préoccupé par la sécurité des 300 000 Canadiens à Hong Kong, il ne devrait pas accorder l’asile aux militants prodémocratie à Hong Kong qu’il a qualifiés de « violents criminels ». (Photo : Justin Tang / La Presse Canadienne)

« Ces deux citoyens canadiens ont été condamnés parce qu’ils étaient soupçonnés de se livrer à des activités qui mettent en danger notre sécurité nationale. »Cong Peiwu, ambassadeur chinois au Canada

Dans sa vidéo, M. Peiwu a aussi rappelé que l’arrestation des deux Michael n’avait rien à voir avec celle de Mme Wanzhou et que c’était bel et bien le Canada qui avait eu recours à des « mesures coercitives » en arrêtant Meng alors qu’elle « n’enfreignait aucune loi canadienne ».

L’ambassadeur a aussi expressément demandé au Canada d’arrêter d’accorder le droit d’asile aux manifestants prodémocratie de Hong Kong, les qualifiant de « violents criminels ». Un couple de manifestants prodémocratie de Hong Kong a obtenu l’asile au Canada plus tôt cette semaine. 

Selon The Globe and Mail, il y aurait 45 autres militants prodémocratie au Canada attendant une décision sur leur demande d’asile.

Selon Cong Peiwu, accepter ces demandes d’asile équivaudrait à « une ingérence dans les affaires intérieures de la Chine et cela encouragerait certainement ces criminels violents ».

« Si la partie canadienne se soucie vraiment de la stabilité et de la prospérité de Hong Kong, de la santé et de la sécurité des 300 000 détenteurs de passeports canadiens à Hong Kong et du grand nombre d’entreprises canadiennes exerçant leurs activités à Hong Kong, elle doit soutenir les efforts pour lutter contre les crimes violents », a également déclaré le diplomate.

Lorsqu’on lui a demandé si ses paroles étaient une menace, M. Cong aurait répondu : « C’est votre interprétation ».

Avec les informations de Reuters, The Globe and Mail et RCI.

Catégories : International, Politique
Mots-clés : , , , , , ,

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.