L'application nationale canadienne utilise des signaux Bluetooth pour échanger toutes les cinq minutes des codes aléatoires avec les téléphones environnants. (GOUVERNEMENT DU CANADA)

L’Alberta s’entête à refuser l’aide d’Alerte COVID malgré l’augmentation de cas

Le premier ministre de la troisième province la plus populeuse au pays fait face à des pressions croissantes pour qu’il cesse son combat contre l’application d’Ottawa destinée à avertir les Canadiens lorsqu’ils ont été en contact étroit avec des personnes atteintes de la COVID-19.

Jason Kenney (Jeff McIntosh/The Canadian Press)

Il y a une semaine, Jason Kenney a fermé complètement la porte à l’utilisation par ses concitoyens à l’application nationale Alerte COVID.

Il encourage les Albertains à télécharger l’application ABTraceTogether développée par sa province, affirmant qu’elle est plus utile pour arrêter la propagation du virus. « Cela n’a rien à voir avec le fait que l’une soit canadienne ou l’autre provincial. ABTraceTogether est, à notre avis, simplement un outil de santé publique meilleur et plus efficace », déclarait-il aux journalistes le 6 novembre.

« L’Alberta n’accepterait pas l’application fédérale Alerte COVID, car une condition pour le faire serait de désactiver l’application ABTraceTogether, qui est un élément clé de notre système de recherche des contacts » ajoutait-il.

Il existe de très grandes différences entre les deux applications

Alerte COVID donne le choix à des personnes infectées d’informer les utilisateurs de l’application s’ils ont été exposés à une personne dont le test de dépistage du virus s’est révélé positif, tandis qu’ABTraceTogether notifie des équipes spécialisées dans le traçage de personnes qui ont été en contact étroit avec un cas positif de COVID-19.

Si vous êtes exposé au coronavirus, une personne des services de santé de l’Alberta (AHS) utilisera donc vos informations d’ABTraceTogether pour vous contacter au numéro que vous avez utilisé pour enregistrer votre compte.

L’application fédérale offre une plus grande protection, tandis que l’application albertaine ne peut pas alerter un Albertain qui se serait trouvé par exemple à proximité d’un voyageur de la Saskatchewan ou d’un visiteur québécois malade.

En soustrayant ses citoyens à la protection d’Alerte COVID, Jason Kenny réduit en outre l’efficacité d’une application nationale capable d’offrir en théorie aux Canadiens une protection réellement pancanadienne.

Une application fédérale qui couvre tout le pays sauf l’Ouest

Alerte COVID est fonctionnel en Saskatchewan, au Manitoba, en Ontario, au Québec, au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse, à Terre-Neuve-et-Labrador et à l’Île-du-Prince-Édouard.

L’application a incité la vice-première ministre canadienne Chrystia Freeland à subir un test de détection et à s’isoler tout récemment en raison d’une possible exposition. Elle a finalement été déclarée négative, mais elle a profité de l’occasion pour exhorter tous les Canadiens à télécharger l’application.

Outre l’Alberta, la Colombie-Britannique est la seule autre des 10 provinces canadiennes à ne pas avoir souscrit à l’application. Le gouvernement britanno-colombien a déclaré qu’Alerte COVID est très « non spécifique » et qu’il n’acceptera pas l’application tant que certains changements n’auront pas été apportés.

Ce que la Colombie-Britannique aimerait vraiment voir, c’est une application que ses citoyens pourraient télécharger lorsqu’ils sont à une célébration, une fête ou un service religieux, afin de déterminer les moments précis où il y a eu quelqu’un avec la COVID-19 qui se trouvait dans leur voisinage.

Jason Kenny persiste et signe malgré une forte poussée de nouveaux cas

Jason Kenney soutenait jeudi encore qu’ils n’accepteraient pas l’application fédérale, parce qu’il pense que celle de l’Alberta est très bonne et qu’il ne veut pas l’éteindre.

La province de l’Alberta faisait pourtant état de 713 nouveaux cas et de sept décès. Débordés, les services de santé de l’Alberta ont annoncé qu’ils modifieront leur approche de notification des contacts étroits des personnes infectées par le virus, en ne se concentrant que sur les travailleurs de la santé, les mineurs et les personnes qui vivent ou travaillent en communauté.

Cela veut dire que de nombreuses personnes qui risquent d’avoir été infectées ne le sauront qu’une fois qu’elles seront tombées malades. Seulement 252 729 des 4 300 000 Albertains utilisent l’application ABTraceTogether.

Tom Sampson, chef de l’Agence de gestion des urgences de Calgary, déclare que sa province doit avoir absolument accès à l’application fédérale pour notifier les personnes. Selon lui, il y a trop de cas et on ne peut plus s’attendre à ce que les responsables à la recherche de contacts téléphonent à tout le monde.

M. Sampson ajoute que l’application nationale qui suit les Albertains dans leurs déplacements aiderait donc ceux qui ont besoin de voyager pour leur travail ou qui doivent rendre visite à des familles dans d’autres provinces.

Plus de cinq millions de personnes ont téléchargé l’application nationale Alerte COVID en date du 8 novembre.

LISEZ AUSSI : 6500 nouveaux cas de COVID-19 par jour sont possibles avant Noël en Ontario

Selon le plus récent modèle épidémiologique, les citoyens de la province la plus populeuse au pays pourraient être soumis à 6500 nouveaux cas COVID-19 par jour d’ici la mi-décembre si le gouvernement n’adopte pas des mesures de confinement et de distanciation plus sévères. Photo : iStock

RCI avec La Presse canadienne, le Calgary Herald et CTV

Catégories : Internet, sciences et technologies, Politique, Santé
Mots-clés : , , , , ,

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.