Le gouvernement québécois a dévoilé lundi son nouveau plan écologique pour les cinq années à venir dans lequel il espère réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) de la province, mais aussi interdire la vente de véhicule neuf à essence en 2035.
Malgré que la province n’ait pas réussi à respecter son objectif de réduire ses émissions de GES de 20 % en 2020, comparé à l’année 1990, le premier ministre François Legault entend atteindre le prochain objectif de 2030. La province francophone s’est engagée à diminuer de 37,5 % ses émissions polluantes par rapport à 2009.
« Parmi tous les États américains et toutes les provinces canadiennes, le Québec est l’endroit qui émet le moins de gaz à effet de serre par habitant, a déclaré M. Legault dans un communiqué. Il s’agit d’une réalité dont nous pouvons être fiers. Mais plutôt que de nous en satisfaire, j’invite les Québécois à miser sur cette fierté pour aller plus loin, pour relever le défi des changements climatiques et pour transformer notre économie en profondeur. »
L’objectif, à terme, est d’atteindre la carboneutralité d’ici 2050.
« Je ne pourrais pas regarder mes deux fils dans les yeux si je ne faisais pas un effort pour relever cet énorme défi que nous partageons tous sur notre planète », a dit M. Legault lors d’une conférence de presse en compagnie du ministre de l’Environnement Benoit Charette.
Le Plan pour une économie verte 2030 (PEV 2030) espère relancer l’économie tout en luttant contre les changements climatiques. Il envisage notamment d’ »ajouter 2,2 milliards de dollars au PIB du Québec en termes réels et créer plus de 15 500 nouveaux emplois ».
L’annonce de lundi concerne la première partie du PEV qui s’étale de 2021 à 2026 et se base sur deux piliers : l’électrification des transports et l’efficacité énergétique des bâtiments et des industries. Un montant de 6,7 milliards est alloué à cette première phase.
Des transports plus verts
Considérant le fait que l’un des principaux secteurs émetteurs de GES au Québec est celui des transports, avec 43 % des émissions, le gouvernement Legault investit massivement dans son électrification. Plus de la moitié de la somme prévue pour la première partie du PEV 2030, soit 3,6 milliards, y est d’ailleurs consacrée.
Québec injecte ainsi 1,3 milliard dans son programme d’incitation à l’achat de voiture électrique ainsi que dans l’installation de bornes rapides et standard dans la province. Le gouvernement vise une cible de 1,5 million de véhicules électriques sur les routes du Québec en 2030.
La province a aussi annoncé l’interdiction de vendre des véhicules neufs à essence en 2035. Elle rejoint ainsi la Californie et la Colombie-Britannique qui ont respectivement annoncé la fin de la vente de véhicules à essence pour 2035 et 2040.
Brian Kingston, président de l’Association canadienne des constructeurs de véhicules, a réagi à l’annonce faite par le Québec sur Twitter : « Les consommateurs ont besoin de plus de soutien pour acheter de nouveaux ZEV (véhicules à zéro émission), et non d’une interdiction des véhicules à combustion interne. »
« Le cœur de notre projet, c’est l’électrification de notre économie. Cet atout inestimable qu’est l’hydroélectricité, conjugué avec l’énergie éolienne et d’autres formes d’énergie propre, nous permettra de réduire de façon importante nos émissions de gaz à effet de serre tout en créant plus de richesse », a dit dans un communiqué François Legault.
Le gouvernement québécois avance notamment dans son communiqué que sa « production d’électricité est propre à 99 % ».
Les transports en commun sont aussi concernés par cette annonce avec environ 1 milliard investie dans l’électrification des autobus scolaires, urbains et interurbains, ainsi que d’autres modes de transport, dont les taxis.
De nouveaux investissements viendront également compléter les 15 milliards déjà prévus pour les services de transport en commun dans le Plan québécois des infrastructures 2020-2030. Ces projets comprennent notamment de nouveaux tramways dans les grandes villes de la province ainsi que l’extension d’une ligne du métro montréalais.
Mettre l’accent sur l’efficacité énergétique
Le gouvernement Legault continue de miser sur « l’efficacité énergétique et sur la consommation responsable ». Les entreprises se lançant dans des projets de conversion et d’efficacité énergétique recevront ainsi une aide financière de la province qui ne souhaite pas handicaper ses entreprises en leur infligeant des contraintes, mais les aider, a précisé le premier ministre.
Hydro-Québec doublera également son objectif en matière d’efficacité énergétique, en l’amenant à 800 gigawattheures (GWh) par an dès 2021.
Québec souhaite aussi développer un « écosystème industriel dynamique autour des véhicules électriques, des infrastructures de recharge et des batteries ». L’objectif est de favoriser l’émergence de nouvelles entreprises innovantes.
Cela inclut le développement d’autres sources d’énergie propre telles que le gaz naturel renouvelable ou encore l’hydrogène vert.
« L’ambition du gouvernement est que le Québec soit reconnu dans le monde pour son hydrogène vert, comme il l’est déjà pour son électricité propre », peut-on lire dans le communiqué.
Le gouvernement lui-même veut également réduire son empreinte carbone au sein de ses infrastructures. Il envisage de diminuer de 60 % ses émissions de GES en 2030 (comparé à 1990) et d’électrifier au maximum ses véhicules légers pour qu’en 2030, « 100 % de ses automobiles, fourgonnettes et VUS ainsi que 25 % de ses camionnettes soient électriques ».
Enfin, Québec dit vouloir se préparer aux changements climatiques à venir « en mettant l’accent sur la prévention et en prenant en compte le climat futur dans toutes ses décisions ». Plus de 384 millions de dollars seront ainsi consacrés à l’adaptation aux impacts des changements climatiques au cours des cinq prochaines années.
Pour conclure, le gouvernement a également annoncé des investissements dans le leadership des communautés autochtones dans la transition climatique (19,2 M$), dans la mobilisation et coopération internationale (65,3 M$) ainsi que dans le boisement et reboisement (88,3 M$).
Avec les informations de Radio-Canada, de Reuters et du gouvernement du Québec.
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