Le légendaire chef autochtone qui a dirigé sa communauté pendant 33 ans, dans la province du Québec, est décédé samedi à l’âge de 89 ans d’une longue maladie à l’hôpital Hôtel-Dieu de Québec.
Dans sa jeunesse, cet homme débordant d’énergie était connu du nom autochtone Oné Onti, qui veut dire « pagayeur » dans la langue wendat. C’était un surnom parfait pour celui qui a passé la première partie de sa vie à pêcher, chasser et piéger sur les terres traditionnelles de la Première Nation huronne-wendat dans la région de la ville de Québec.
Puis, dans les années 1950, il a flairé une occasion d’affaires en achetant et en vendant des objets d’art et d’artisanat autochtones. Il a ouvert un petit magasin, Le Huron, où il vendait des raquettes, des mocassins et d’autres objets d’artisanat des Premières Nations.
Dans le cadre de ses activités commerciales, il a beaucoup voyagé dans d’autres communautés autochtones, ce qui a considérablement élargi son réseau de contacts et l’a amené à s’engager en politique.
Il est éventuellement devenu chef de sa nation dans plusieurs mandats, soit de 1964 à 1984, de 1987 à 1996 et de 2004 à 2008.
L’ambassadeur de la cause de l’autodétermination des Autochtones

Max Gros-Louis en 2011 (Marc Lautenbacher)
Il a fait connaître sa communauté à l’international et a sensibilisé l’opinion publique canadienne et mondiale aux mauvais traitements infligés par son pays aux populations autochtones. Max Gros-Louis avait notamment été invité à participer à la création du pavillon Indiens du Canada à l’exposition universelle d’Expo 67 à Montréal.
« Merci pour le combat qu’il a mené pendant 60 ans afin que le Canada puisse considérer les Autochtones comme des citoyens à part entière et reconnaître leurs droits ancestraux et territoriaux », a déclaré Gabriel Savard, un de ses amis de longue date. à Radio-Canada.
L’un de ses accomplissements est d’avoir réduit l’omnipotence sur les siens de la Loi fédérale sur les Indiens en créant un appareil administratif autonome pour sa nation. Il a réussi à mettre en place des institutions de santé et d’éducation propres à sa communauté et gérées par elle.
Il est notamment à l’origine de la création d’un programme d’aide financière qui a facilité l’accès à l’éducation postsecondaire à des milliers de jeunes garçons et filles de sa communauté.
Max Gros-Louis a également contribué à la création de la Fraternité des Indiens du Canada, un groupe précurseur de l’Assemblée des Premières Nations.

Max Gros-Louis avait été décoré de l’Ordre national du Québec. Il a également été honoré par l’Académie diplomatique de la paix de Belgique et a reçu de la France la Légion d’honneur et l’Ordre national du mérite. Sur cette photo, il devient officier de l’Ordre du Canada en 2015.
PHOTO : LA PRESSE CANADIENNE / SEAN KILPATRICK
Des hommages qui affluent
« Grand Chef Oné Onti, merci d’avoir marché avec nous, et à nos côtés […] Vous êtes parmi ceux qui ont forgé notre Nation », résume l’actuel Grand Chef de la Première Nation huronne-wendat Rémy Vincent dans une déclaration écrite.
Ghislain Picard, chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, fait lui aussi l’éloge de Max Gros-Louis. « Sa contribution à l’influence des Premières Nations ainsi que son sens du devoir […] ont fait de lui un leader impressionnant dont tout le monde se souviendra », a-t-il dit.
Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a rendu hommage à Max Gros-Louis sur Twitter, affirmant qu’il avait une « vision audacieuse d’un avenir meilleur pour sa communauté ainsi que pour les peuples autochtones de partout« . « Mes pensées accompagnent tous ceux qui pleurent son décès« , a-t-il ajouté.

Le premier ministre du Québec René Lévesque et Max Gros-Louis lors d’une conférence des premiers ministres à Ottawa, en 1983 PHOTO : LA PRESSE CANADIENNE / RON POLING
Le premier ministre québécois François Legault a offert sur Twitter ses condoléances. « Le Québec perd un leader, un défenseur passionné des droits et de la culture des nations autochtones. Il a contribué à faire progresser la collaboration et le respect entre nos peuples », a écrit M. Legault.
La vice-première ministre du Québec Geneviève Guilbault déplore la mort d’un « grand ambassadeur du développement culturel et économique autochtone ».
Le maire de Québec, Régis Labeaume, affirme que Max Gros-Louis est « le grand médiateur » qui a fait « une vraie différence ».
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RCI avec CBC News, Radio-Canada et La Presse canadienne
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