Le gouverneur de la Banque du Canada a tiré la sonnette d’alarme mardi sur la nécessité de rapidement préparer le système financier canadien aux conséquences des changements climatiques.
Les institutions financières doivent évaluer les risques en cas de conditions météorologiques extrêmes ou de transition brutale vers une économie à faibles émissions de carbone, a déclaré Tiff Macklem dans son discours.
Selon lui, le milieu financier canadien doit faire en sorte d’être aussi résilient face aux effets du réchauffement climatique qu’il l’est face à la pandémie de COVID-19.
Si les institutions refusent de se préparer, le risque, selon M. Macklem, est que les banques centrales ne puissent plus venir en aide aux ménages et aux entreprises dans les moments difficiles. À terme, la stabilité du système financier tout entier est en jeu, a dit le dirigeant de la banque centrale canadienne.
Toutefois, le gouverneur remarque que la pandémie a exacerbé l’intérêt du public pour les questions liées aux changements climatiques.
La COVID-19 semble avoir porté l’attention de la population sur « les dangers planétaires extrêmes et la pertinence de la résilience ».
Cela diffère, a-t-il rappelé, de la crise financière de 2008 suite à laquelle la société s’est désintéressée des problèmes climatiques.

Les changements climatiques intéressaient M. Macklem avant même qu’il soit à la tête de la banque centrale. Il a déjà dirigé un groupe d’experts sur le financement durable qui a notamment recommandé une série d’options aux libéraux fédéraux, y compris des crédits d’impôt pour encourager les Canadiens à placer leurs économies de retraite dans des investissements respectueux du climat. (Photo : Sean Kilpatrick/La Presse canadienne)
Un nouveau plan d’étude
En raison de ces problèmes, la Banque du Canada a lancé un projet pilote en collaboration avec le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF).
Son objectif est de mieux comprendre les risques que représente le passage à une économie à faible intensité de carbone ainsi que les effets des changements climatiques sur le système financier canadien.
Les principaux prêteurs du Canada, la Banque Royale du Canada et la Banque Toronto-Dominion, et les assureurs Manulife Financial Corp, Sun Life Financial, Intact Financial Corp et The Co-operators Group font déjà partie de cette initiative.
Dans le cadre de ce nouveau plan d’étude, la Banque du Canada et le BSIF vont développer un ensemble de scénarios sur les changements climatiques pertinents pour le Canada.
Cet ensemble sera par la suite appliqué aux bilans financiers des participants afin de déterminer les risques, indique le communiqué.
« Nous devons positionner le Canada de manière à ce qu’il puisse saisir les occasions pour protéger le climat comme les consommateurs, les travailleurs et les investisseurs le recherchent », a déclaré M. Macklem dans le texte préparé de son discours obtenu par La Presse canadienne.

Le Canada est le quatrième producteur mondial de pétrole et a les émissions les plus élevées par baril parmi les grandes nations pétrolifères, selon Rystad Energy. (Photo : iStock)
L’objectif de ce projet pilote est de permettre aux autorités et aux entreprises d’analyser des scénarios climatiques et de mieux comprendre les risques qui y sont liés, peut-on lire dans le communiqué.
Cependant, ce projet ne permettra pas d’évaluer l’exposition individuelle des entreprises financières aux risques liés au climat ou la résilience du secteur, précisent la Banque du Canada et le BSIF.
« Avec l’aide du secteur privé, nous serons en mesure de combiner l’analyse du climat aux données économiques et financières afin de nous assurer que nous disposons des meilleures informations possible pour remplir notre mandat », a ajouté M. Macklem.
La mise en place d’un pareil projet est particulièrement importante au Canada à cause des risques qu’encourt le pays en s’orientant vers un avenir à faibles émissions de carbone.
En effet, le pays est le quatrième producteur mondial de pétrole et a les émissions les plus élevées par baril parmi les grandes nations pétrolifères, selon Rystad Energy. Le secteur pétrolier et gazier contribue à environ 10 % du PIB canadien, et la dépendance à l’égard des combustibles fossiles se traduit par des risques climatiques plus importants pour les institutions financières.
Ce projet pilote se base sur un rapport d’étude publiée par des banques indépendantes de la banque centrale canadienne. La recherche a calculé les risques économiques liés à divers scénarios de politique publique.
Le calendrier et les effets de certains de ces changements varient en fonction de la lenteur ou de la soudaineté des revirements de politique, rapporte l’étude. Cela s’accompagne également de risques majeurs pour la banque centrale, les gouvernements, les institutions financières et le secteur des ressources.
Avec les informations de La Presse canadienne et de Reuters.
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