(Alex Brandon/The Associated Press)

Trump utilise un gazouillis d’Élections Canada pour appuyer ses rumeurs de fraude

Afin d’étayer ses allégations de fraude électorale sans fondement, Donald Trump vient de se servir d’un message publié il y a près de deux semaines sur Twitter par notre agence fédérale responsable de la tenue des élections au Canada.

Ce gazouillis publié au lendemain des élections américaines visait à expliquer aux Canadiens l’une des nombreuses différences entre les règles et pratiques électorales canadiennes et américaines entourant la journée du vote et son dépouillement.

« Nous utilisons des bulletins de vote en papier comptés à la main devant les scrutateurs et n’avons jamais utilisé de machines à voter ou de tabulateurs électroniques pour compter les votes au cours de nos 100 ans d’histoire », a écrit Élections Canada.

« TOUT EST DIT! » Trump a tweeté, mardi après-midi, en partageant le message d’Élections Canada. En fait, tout n’est pas dit.

Interprétation fautive de Trump

Natasha Gauthier (CBC)

« Notre message sur Twitter était destiné à répondre au grand nombre de questions que nous avions reçues de personnes qui croyaient à tort que nous utilisions des systèmes de totalisation automatisés lors d’élections fédérales. Il ne devrait pas être interprété autrement que comme cela », a dit Natasha Gauthier la porte-parole d’Élections Canada, dans un courriel à CTVNews.ca.

Élections Canada ne suggérait pas que les tabulateurs de vote électronique sont la cause d’erreurs et sujet aux manipulations.

Bien qu’Élections Canada n’ait pas recours à ce genre d’appareils, ils sont utilisés couramment au Canada pour compiler les résultats de certaines élections provinciales, une tâche qui ne relève pas de la compétence de l’agence électorale fédérale.

Trump cible la crédibilité des équipements de la Dominion Voting Systems depuis quelques jours, et sa campagne continue de mener des actions en justice et de remettre en question l’intégrité de l’élection du 3 novembre qui a vu un nombre record d’Américains voter.

Toutefois, la semaine dernière, l’Agence de cybersécurité et de sécurité des infrastructures, qui supervise la sécurité des élections américaines, a déclaré que le vote était « le plus sûr de l’histoire du pays ».

Trump limoge le chef de l’agence fédérale de sécurité des infrastructures

Christopher Krebs a reçu les éloges des démocrates et des républicains pour sa gestion de l’élection. (Jonathan Ernst/Reuters)

En début de soirée, peu de temps après avoir publié son message trompeur sur Élections Canada, Donald Trump a limogé Chris Krebs, directeur de l’Agence de cybersécurité et de sécurité des infrastructures qui s’était porté garant de la fiabilité des élections américaines. Il avait réfuté les allégations infondées du président concernant la fraude électorale.

Chris Krebs a maintenu ses conclusions mardi soir après son licenciement. « Honoré de servir. Nous l’avons bien fait. Défendre aujourd’hui, sécuriser demain », a-t-il lancé sur Twitter.

Il a conclu avec la phrase : « Protéger 2020 », qui avait été le slogan de son agence avant l’élection.

Plus tôt dans la journée de mardi, il avait tweeté un rapport citant 59 experts en sécurité électorale qui affirmaient qu’il n’y a aucune preuve crédible de fraude informatique dans les résultats des élections américaines.

Le licenciement de Chris Krebs, nommé par Trump, a lieu une semaine après le licenciement du secrétaire à la défense Mark Esper, dans un remaniement plus large qui a placé des individus loyaux au président à des postes de haut niveau au Pentagone.

Krebs, un ancien cadre de Microsoft, a dirigé la CISA depuis sa création à la suite de l’ingérence russe dans les élections de 2016.

Un drame électoral à l’américaine impossible ici, selon Élections Canada

Les gens regardent des feux d’artifice après que les médias ont annoncé que le candidat démocrate à la présidence des États-Unis, Joe Biden, a remporté l’élection de 2020. REUTERS/Mark Makela

Le message d’Élections Canada, repris à son compte par Donald Trump, faisait partie d’une initiative plus large pour rassurer les Canadiens sur la solidité et la résilience de leur système électoral.

Dans la foulée de ces élections, l’agence responsable du maintien des règles électorales au pays expliquait avoir mis en place un système qui protège les électeurs canadiens contre les drames à l’américaine. Son premier argument est que le Canada a un système électoral véritablement pancanadien. Un citoyen qui vote au Québec et un autre qui vote en Colombie-Britannique peuvent compter sur des règles uniformisées où il n’y a donc pas de risque de surprise.

Les élections américaines, au contraire, sont organisées par les États, avec de grandes différences dans les règles d’inscription et de vote des électeurs. Chaque État établit des lois et des règles différentes qui déterminent le nombre et les emplacements des bureaux de vote, le processus d’inscription des électeurs, les pièces d’identité requises pour voter et les procédures d’acceptation et de décompte des bulletins par correspondance.

Selon Élections Canada, le fait d’avoir ici un organisme non partisan et libre de toute interférence politique qui supervise les élections élimine les dangers de manipulation du vote. « Le fait d’avoir une agence indépendante du gouvernement élu, avec un directeur général des élections nommé par l’ensemble du Parlement, nous sommes non partisans dans tout ce que nous faisons », soutenait Natasha Gauthier.

Selon Mme Gauthier, l’existence même d’Élections Canada aide à prévenir beaucoup de problèmes réels ou imaginaires comme ceux ressentis aux États-Unis.

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Outre le sermon ironique du président américain à son homologue russe lui demandant au G20 de ne pas intervenir dans les prochaines élections, Donald Trump a aussi proposé à Vladimir Poutine de se débarrasser des médias dans cette boutade : « J’ai l’impression qu’il y a plusieurs médias ici. Qu’en pensez-vous? Il faut se débarrasser d’eux. Fausse nouvelle. » « Vous n’avez pas ce problème en Russie, » a-t-il lancé. Ce à quoi Poutine lui a répondu : « Si, si, si… nous avons le même problème. » (PC)

RCI avec CBC News, CTV News et The Associated Press

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